La population des environs de la Kibira parle d’une présence inhabituelle d’hommes armés. Elle ignore ce qui s’y passe, à part les coups de feu, souvent très nourris. L’administration locale et le porte-parole de l’armée parlent de bandits.
<doc4051|left>Des habitants proches de la Kibira vivent la peur au ventre. Ils parlent d’hommes armés qui se sont infiltrés dans cette grande forêt dense, presque impénétrable. La situation s’est aggravée, ce dimanche, quand des hommes armés de fusils et en tenues militaires ont tendu une embuscade sur des véhicules. D’après Elias Musavyi alias Madudu, un rescapé, l’incident s’est produit vers 20 heures 45minutes sur la colline Rweteto, à moins d’un kilomètre du chef-lieu de la commune Bukeye.
La balle l’a atteint à la jambe gauche. Il marche sur des béquilles. Assis sur une chaise, ce professeur au lycée Bukeye raconte péniblement ce qui lui est arrivé : « Je rentrais de Bugarama où je tiens un cabaret à bord d’une camionnette. Arrivé à Rweteto, une dizaine de criminels ont directement tiré sur nous. » Selon toujours Madudu, cette camionnette qui se dirigeait vers Ngozi a essuyé des tirs jusqu’à ce que trois pneus soient crevés. Il raconte qu’il est allé se cacher sur le côté de la route : « Le chauffeur et son ami ont été déshabillés et dépouillés de tous leurs biens après les tirs. » Ils ont alors tenté, poursuit-il, de brûler le véhicule sans succès. Ce rescapé affirme que le chauffeur a été grièvement blessé au tibia et Janvier Ndabita, son ami, a été touché au niveau des côtes Et de signaler que l’intervention militaire est venue après le départ de ces criminels.
Des habitants proches de la Kibira révèlent que ces hommes en uniformes sont venus de cette grande forêt en passant par la colline Rusha.
Une atmosphère déjà tendue
Avant cette embuscade, raconte C.N. de Teza, des hommes armés étaient signalés dans la Kibira, il y a une semaine. D’après cet habitant qui craint la reprise des violences dans les localités proches de la Kibira, un jeune homme a été arrêté, la semaine dernière, sur la colline Musenyi à Bugarama, en possession d’un fusil de type kalachnikov. Dans la nuit de ce lundi, racontent les habitants de Nyamirambo, ces hommes armés sont venus de la Kibira pour se ravitailler en bétail. « Nous nous sommes tous réveillés et avons crié. Ils sont repartis sans rien voler », témoigne H.B de cette colline.
Les habitants de Matongo et Muruta en province Kayanza parlent également de la présence des malfaiteurs retranchés dans cette forêt. Néanmoins, ils indiquent ne pas être capables de dire ce qui se passe réellement dans cette forêt parce qu’ils ont peur d’y pénétrer. « Seuls les militaires peuvent donner des précisons sur ce qui s’y passe pour avoir été déployés dans cette forêt, il y a une semaine », explique N.H, un habitant de Teza qui ne va plus chercher le bois de chauffage dans la Kibira. Ils demandent au gouvernement d’arrêter des mesures de sécurité avant que la situation ne dégénère.
Peur également dans la commune Rugazi
La panique s’est également emparée des habitants des collines Buhanza, Higiro et Muhini. Difficile d’y arriver car même les conducteurs de motos ont peur d’y aller. Au centre Buhanza, en commune Rugazi, les habitants de cette localité proche de la Kibira témoignent. Selon H.K., une quarantaine d’hommes armés de fusils en tenues militaires sont passés à Buhanza, ce dimanche 6 mai vers 17 heures. « Certains avaient deux fusils, d’autres des Motorola et des lance-roquettes», précise toujours H.K. Pour cet habitant, ils leur disaient que ce sont les combattants de ‘{Mutama}’- {Le Vieux} , (mot qu’on utilise en respect envers quelqu’un ou quand on s’adresse à une personne d’un âge avancé.) Il soutient aussi que ces hommes sont passés dans la vallée de Nyakirabo, puis par les collines Mubuga et Ndubura avant d’entrer dans la Kibira. « Ils ont acheté de la farine de manioc pour 11mille de nos francs et un morceau de viande de 4mille Francs. Ils avaient beaucoup de billets de 10 mille Fbu», explique notre source. Selon elle, ces hommes disaient qu’ils viennent libérer la population du joug de la vie chère. « Ces hommes armés ont indiqué que celui qui aura besoin d’eux n’a qu’à les retrouver dans la Kibira », se souvient-il. Et d’ajouter qu’ils ont regagné cette forêt après plus de 30 minutes d’échanges avec la population.
Le lendemain, explique J.B, un autre habitant de Buhanza, ils ont volé une vache sur la colline Muhini. Comme Iwacu l’a constaté, plusieurs militaires ont été déployés aux alentours de cette forêt.
« Ce sont de simples bandits »
Jean Claude Mpawenimana, gouverneur de Kayanza, estime que la situation sécuritaire est globalement bonne dans sa province. Il reconnaît seulement quelques cas isolés de banditisme : « Une personne originaire de la province Gitega a été arrêtée, la semaine dernière, en commune Matongo. » Le gouverneur Mpawenimana ajoute que d’autres bandits qui avaient volé 40 casiers de primus, en commune Muruta, ont été également attrapés : « Nous avons constaté que ce sont de simples bandits de la même commune. » Jean Claude Mpawenimana prévoit une réunion, au cours de cette semaine, avec tous les administrateurs pour évaluer l’état de la sécurité dans sa province.
<doc4052|left>« Nous attendons le résultat du travail des militaires »
Jacques Kenese, gouverneur de la province Bubanza, dit avoir entendu ces propos tenus par la population. Pour lui, les forces de l’ordre sont à l’œuvre pour traquer ces malfaiteurs. Il précise qu’il attend les résultats de l’armée déployée dans cette forêt pour avoir de plus amples informations.
« Nous allons multiplier des rondes nocturnes »
Oscar Ndayiziga, gouverneur de Muramvya, affirme que sa province est stable. « Même tous les groupes de bandits ont été démantelés », constate-t-il. Pour lui, ce sont de petits groupes de bandits qui se cachent dans la kibira : « Ils ne peuvent pas attaquer des positions militaires. C’est pourquoi, ils commettent des vols dans quelques ménages. » Oscar Ndayiziga indique que ses administrés vont multiplier les rondes nocturnes pour traquer ces bandits.
Le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de la force de défense nationale, déclare que les opérations militaires continuent pour mettre hors d’état de nuire ces bandits. Il demande à la population de collaborer avec les forces de l’ordre pour signaler leur présence partout où ils se cachent.
