Malgré les turbulences que traverse l’ancien parti unique, Cyprien Mbonimpa se dit optimiste. Selon cet ancien diplomate et ancien ministre, le parti Uprona dispose de beaucoup de ressources. Interview. <doc2459|left>{Comment interprétez-vous l’évolution de la crise au sein de l’Uprona ?} La crise actuelle à l’Uprona est vraiment triste. Depuis les élections de 2010, il y a un problème consécutif au choix des candidats pour les postes, au gouvernement surtout. L’actuel président de l’Uprona avait été unanimement bien accueilli quand il a fallu unifier les deux ailes du parti, mais je ne sais pas ce qui s’est passé pour qu’un homme qui a été accepté au départ et élu sans beaucoup de problèmes soit contesté par une partie. De toute façon, il y a un problème. Mais je ne saurais dire à qui est la faute, par rapport aux gens qui ont été exclus des organes du parti. C’est normal qu’il y ait des discussions au sein d’un parti, des luttes d’influence ou des ambitions, c’est un signe qu’un parti vit. Mais il semble qu’il n’y a plus de mécanismes de résolution des conflits, et on en arrive à une situation où personne ne croit plus personne. {Ces mécanismes ont-ils été épuisés ou ignorés, puisque le parti a des organes régis par des statuts ?} Il y a un blocage au niveau du bureau exécutif, qui se répercute sur le comité central du parti, depuis la désignation du premier vice-président. Et il ne m’est pas facile de désigner un coupable. Mais je pense que, par exemple, lorsqu’on se bat pour le poste de Premier vice-président, il faut que les perdants acceptent leur défaite et attendent la fois suivante, puisque ce n’est pas la fin du monde. C’est pour cela qu’il n’est pas aisé de désigner le fautif entre le président du parti et ceux qui le contestent. Il est cependant dramatique que ces divergences aillent jusqu’à faire des victimes physiques. Et la police aurait dû arrêter toute personne qui se trouvait sur le lieu du crime pour l’interroger afin de connaître ce qui s’est réellement passé. Cela aurait aidé à calmer la situation.. Je ne crois pas que des gens aient pu programmer d’aller tuer quelqu’un à Kumugumya pour résoudre un problème. La police aurait dû mener des enquêtes tout à fait techniques et minutieuses pour établir les responsabilités. Mais la manière dont elle s’y prend risque d’engendrer un amalgame entre une affaire de droit commun et des débats politiques au sein de l’Uprona. Malheureusement, il existe une tendance chez nous de commencer une enquête par des emprisonnements. {Mais quels sont finalement les voies de sortie qui restent ?} Aujourd’hui, je pense que les voies de sortie se situent à trois niveaux. Le premier est le président du parti, qui a été légalement élu par le congrès, et les statuts lui donnent un pouvoir de décision. J’estime que la mesure de renvoyer certains cadres du parti est une erreur et qu’il devrait avoir le courage d’y revenir, et de prendre des initiatives qui tendent plutôt à rassembler. Le second niveau est le Premier vice-président de la République, qui est issu de l’Uprona et qui occupe un poste très important. Il peut s’élever au-dessus de la mêlée en prenant des initiatives pour amener les protagonistes à un débat. Il faut qu’il s’implique pour que le parti sorte de cette crise. Le troisième niveau concerne les élus du peuple qui peuvent se mettre ensemble avec le président du parti ou le Premier vice-président de la République pour essayer de trouver des solutions. C’est surtout à ces trois niveaux que se trouve la solution aux problèmes qui minent le parti. {Et pourtant, aux yeux d’un certain courant, certains cadres issus de l’Uprona seraient seulement intéressés par la sauvegarde de leurs postes…} J’ai confiance en l’avenir de l’Uprona. Je suis convaincu qu’il dispose de beaucoup de ressources. Il y en a probablement certains qui veulent garder leurs avantages en se rapprochant du parti au pouvoir, et d’autres qui veulent que le parti garde son identité. Mais, même si le parti a une doctrine et une idéologie propres, je suis partisan d’une collaboration avec le parti au pouvoir, puisque, de toute façon, il est au gouvernement. Mais on doit garder son identité. Travailler avec les autres dans l’intérêt du pays est noble. Nous sommes dans une situation de grand chômage, et une personne qui a la chance d’avoir un bon poste dans une institution, je comprends très bien qu’il veuille garder son emploi. Qu’un cadre issu de l’Uprona veuille garder son poste pour ne pas être chômeur, c’est normal. Pour moi, le problème se situe au niveau des trois niveaux que j’ai cités.