A l’occasion du coup d’envoi du tour cycliste féminin international du Burundi ce mercredi 24 novembre sur le Boulevard de l’Indépendance (Mairie de Bujumbura), une défenseuse du sport féminin déplore le manque de matériel adéquat pour les passionnées de cyclisme lors de leurs entraînements.
Arrivée 3ème au terme de cette compétition après la Kenyane Rice Debe et l’Ougandaise Mary Haper, Emmanuella Rukundo porte encore son casque de course. Elle est essoufflée. Très vite, l’adolescente de 17ans, assise aux côtés des représentants du Comité national olympique, attire tous les regards. Dans un tournoi qui a regroupé la RDC, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le Burundi, elle est considérée par les spectateurs comme celle qui a sauvé l’honneur du pays.
« Je veux faire de ma passion un métier », affirme la jeune cycliste. Emmanuella Rukundo explique que la participation de cyclistes venues de pays étrangers n’est pas un défi insurmontable pour elle. « Par contre, ça m’a plutôt donné envie de me perfectionner ».
A l’endroit des organisateurs de ce genre de tournoi, Emmanuella Rukundo demande un meilleur aménagement des pistes cyclables. « Cela permet de mieux s’orienter et de rester concentrée », assure-t-elle.
La native de la province Kayanza demande en outre aux pouvoirs publics du soutien aux cyclistes féminins. « Notre sport nécessite de longs entraînements et pour une fille qui vient d’un milieu défavorisé, c’est super compliqué de se retrouver par exemple en compétition avec des concurrentes qui ont toujours eu un vélo à leur disposition ! ». Pour elle, un bon appui des pouvoirs publics, c’est la garantie de meilleurs résultats des cyclistes burundaises à l’international. « Nous sommes capables », ajoute-t-elle avec fierté.
Circoncilie Nahimana, commissaire en charge du sport féminin au sein du Comité national olympique (CNO), salue les prestations des participantes burundaises à ce tournoi tout en soulignant deux défis majeurs qui imprègnent ce secteur. « Le premier défi est matériel. Nos sportives ne disposent souvent pas de bicyclette adéquate pour s’entraîner. Les vélos de course sont onéreux contrairement aux bicyclettes de marque Matabaro en usage fréquent dans nos campagnes mais qui ne sont nullement adaptées pour les courses ». D’après Mme Nahimana, l’autre défi consiste en un contexte socio-culturel considérant que ce type de sport est la chasse gardée de la gent masculine. « Cela constitue un frein pour plein de filles, surtout celles qui viennent des zones rurales ! »
Selon la membre du CNO, l’accompagnement du cyclisme féminin est du devoir de tout en chacun. « Ce n’est pas à la fédération de cyclisme de se mobiliser à elle seule et que je salue au passage pour la réussite de cet évènement. Je lance par contre un appel à toutes les structures commerciales d’apporter leur soutien à de telles activités car elles y gagneront aussi en termes d’image ».
La militante du sport féminin vante par la même occasion les vertus des femmes burundaises. « La plupart des burundaises font déjà de l’exercice physique tous les jours. Elles cultivent la terre, puisent l’eau pour la maisonnée et parcourent parfois des kilomètres pour cueillir le bois de chauffage. A nous de les appuyer pour renforcer de telles capacités au bénéfice du sport compétitif ».
Signalons que ce tournoi avait vu la participation de 28 cyclistes venues de cinq pays de l’EAC dont 8 burundaises et vont s’étendre jusqu’au dimanche 28 novembre. A l’instar de la mairie de Bujumbura, Gitega, Kayanza, Ngozi et Karuzi seront hôtes de ce tournoi.