La Commission Vérité et Réconciliation annonce qu’elle compte saisir le gouvernement pour qu’une orientation soit donnée sur les ossements déterrés des différentes fosses communes.
Au moment où le processus d’exhumation des restes des victimes des tragédies qui ont endeuillé le Burundi bat son plein, avec, dans un premier temps, un accent particulier pour les fosses communes datant de 1972, la CVR envisage interpeller les plus hautes autorités pour savoir ce qui sera fait des ossements recueillis. Ils sont conservés dans des sacs mortuaires.
Ailleurs, fait savoir Pierre-Claver Ndayicariye, président de la CVR, les restes humains exhumés ne sont pas inhumés mais ils sont gardés dans un musée dans la mémoire pour qu’ils servent de leçon pour les générations futures. « C’est pour connaître notre histoire afin que les tragédies comme celles que le Burundi a connues ne se répètent plus ».
Selon le président de la CVR, le sort des ossements exhumés conservés sera connu à l’issu des discussions entre la commission et le gouvernement. « Même ceux qui ont perdu les leurs dans différentes crises répétitives seront consultés, ils ont voix au chapitre ».
Mais aujourd’hui, faire remarquer l’ambassadeur Ndayicariye, l’idée dominante est que ces restes humains ne retournent plus à la terre mais soient conservés pour que les générations futures sachent que la vie humaine est sacré, que le droit à la vie est le premier des droits fondamentaux.
Pour Pierre Claver Ndayicariye, il faut que les Burundais puissent reconnaître que des crimes ont été commis, il ne faut pas que les gens se complaisent dans le déni des faits historiques. « Il faut éviter toute tendance à la globalisation en condamnant tel groupe, telle personne alors qu’au moment de faits, elle n’était pas encore née ».
Le président de la CVR est catégorique, il faut que les responsables des atrocités commises répondent un jour de leurs actes. « Il ne faut pas que les gens soient victimes de leur appartenance ethnique, politique ou régionale ».
Au moment où les critiques et les polémiques enflent sur les exhumations menées par la CVR, avec des appels à ne pas privilégier certaines victimes, comme celles de 1972, cette commission tranquillise : « La CVR ne se limitera pas sur une seule période sombre mais elle va s’intéresser à toutes les mémoires blessées. Chaque personne meurtrie est pressée, elle veut d’abord sa vérité, la guérison de sa blessure ».
Selon Pierre-Claver Ndayicariye, la CVR va évoluer vers d’autres périodes mais elle a commencé, comme principe général, par tragédie de 1972. «Les événements sanglants de 1972 terminés, nous entamerons 1988, après il sera question de 1993 et les années qui ont suivi. Il faut faire preuve de patience. Se tromperait celui qui voudrait précipiter les choses », a tenu à préciser le président de la CVR.
Il était ce dimanche 9 août à Bugendana, avec les commissaires de cette commission, pour prendre part aux cérémonies de commémoration du 24 anniversaire du massacre qui a fait 648 victimes.