La Commission Vérité et Réconciliation a débuté ce mercredi 18 décembre 2019 des recherches d’ossements des victimes de la crise de 1993 jetées dans le périmètre de l’ancien marché de Kamenge. C’est en commune Ntahangwa en mairie de Bujumbura.
Depuis lundi, une pelle mécanique s’active pour le terrassement de ce site identifié en se basant sur les témoignages des habitants de ce quartier et des rescapés de la crise 1993 et les années qui ont suivi. Les terrassiers de la CVR, en tenue bleue sont à l’œuvre pour dégager les ossements et habits des victimes.
Vers 10h30, ce mardi, une découverte impressionnante : des restes d’une personne enterrée recouverte d’une couverture, ses os sont complétement broyés. Seules quelques particules sont visibles. La couverture, les chaussures et sa carte nationale d’identité devenu illisible sont restés intacts.
L’équipe sur place parle également d’une découverte similaire faite la veille. « Seuls la moustiquaire ayant servi de linceul, ses chaussures, ses chaussettes et les habits restaient », indiquera le chef d’équipe. Il explique qu’à part les corps décomposés trouvés recouverts, les restes humains découverts sont éparpillés.
Un site de triste mémoire
Evariste Nzikobanyanka, journaliste de la Radio Isanganiro garde un souvenir amer de cet endroit. «J’ai failli être enterré ici. C’est Dieu qui m’a sauvé », s’est écrié ce reporter sous le coup de l’émotion.
Au moins trois cents personnes se retrouveront arrêtées par les militaires et conduites. C’est en 1994, de mon retour de l’école avec mon ami de classe quand nous sommes arrêtés. Plus de trois centaines sont ressemblés dans cet endroit. Comme nous sommes encore trop jeunes, un militaire probablement pris de pitié nous intime l’ordre de partir, se rappelle-t-il. Et de regretter : «J’habitais dans les environs dans une maison de location, malheureusement j’ai dû abandonner l’école et partir dans ma commune natale».
En dépit des fosses communes, certains témoignages parlent même de l’existence d’un cimetière spontané. Cette thèse est confirmée par Pierre-Claver Ndayicariye, président de la CVR. « A part les corps des personnes sauvagement tuées, il y a des familles qui ont enterré les leurs dans la précipitation à cause de l’insécurité de 1993, 1994, 1995, etc. qui empêchait de se rendre dans les cimetières reconnus par l’administration», a-t-il déploré.
Pour lui, il s’avère difficile de les distinguer. Ce qui est important, dit-il, c’est de permettre aux familles de pleurer les leurs et guérir le trauma. L’inhumation interviendra après l’exhumation d’autres restes dans les fosses communes documentés à travers le pays conformément à la loi de la CVR.
Ces travaux prennent fin vendredi le 20 décembre. Le site une ancienne propriété du parti Uprona. Aujourd’hui, ce domaine appartient à un homme d’affaires. Après les travaux d’exhumation des restes humains à cet endroit de triste mémoire, ce businessman compte y ériger un immeuble.