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CVR/Conférence publique : Des défis à la mémoire partagée

26/04/2024 Commentaires fermés sur CVR/Conférence publique : Des défis à la mémoire partagée
CVR/Conférence publique : Des défis à la mémoire partagée
Pierre Claver Ndayicariye : « La CVR souhaite que les Burundais quittent l'état de mémoire revendicative pour arriver à une mémoire partagée ».

Le président de la Commission Vérité et Réconciliation a animé une conférence publique sur le mois d’avril au Burundi « qui agite les opinions depuis les années 1972-1973 ». C’était le jeudi 24 avril 2024. Il a notamment évoqué des défis à la mémoire partagée, lesquels défis sont d’ordre socio-culturel, économique et politique.

D’après Pierre Claver Ndayicariye, le président de la Commission Vérité et Réconciliation, il manque chez certains Burundais l’« esprit de vivre ensemble en bonne entente et sans conflits ».

Il estime qu’il existe des luttes intestines au sein de certains milieux. Il parle aussi des ghettos ethniques dans lesquels vivent certains Burundais ; de la méchanceté avec laquelle les Burundais se sont entretués ; du cycle de violence « qui fait que certains des compatriotes parlent de fatalité ou de malédiction » ainsi que de la détresse des personnes qui vivent dans l’attente des réparations, des indemnisations ou de la restitution des biens familiaux injustement acquis.

Quitter la mémoire revendicative

Selon Ndayicariye, la CVR souhaite que les Burundais quittent l’état de mémoire revendicative pour arriver à une mémoire partagée où les Bahutu auront de l’empathie pour les Batutsi et les Batwa ; les Batutsi pour les Bahutu et les Batwa ; le Batwa pour les Bahutu et les Batutsi.

C’est pour cela, a-t-il fait savoir, qu’un recensement est planifié pour connaître autant que possible les personnes assassinées ; les personnes disparues ; les personnes qui ont déjà donné le pardon ; les personnes qui en ont sauvé d’autres et bien d’autres vérités sur la période de 1972-1973. Il a précisé que ce travail a déjà commencé et est déjà terminé dans trois provinces du pays, à savoir Cankuzo, Bururi et Rumonge.

À Cankuzo par exemple, a révélé M. Ndayicariye, sur plus de 260 personnes assassinées ou disparues, 238 sont des Bahutu, 22 sont des Batutsi et 1 Mutwa.

Dans la province de Bururi, sur plus de 4 000 assassinées ou disparus en 1972, 3 787 sont des Bahutu, 242 sont des Batutsi, 9 sont des Batwa et une personne dont l’ethnie n’a pas été identifiée. À Rumonge, sur 2 339 personnes assassinées ou disparues la même année, 2 134 sont des Bahutu, 186 sont des Batutsi, 14 sont des Batwa, et 5 dont l’identité ethnique n’est pas identifiée.

La CVR indique qu’elle consulte régulièrement l’autorité budgétaire pour que ce recensement soit étendu aux autres provinces du pays afin de mettre les noms sur les victimes et les auteurs.

La CVR est on ne plus claire. Ce recensement ne changera en aucun cas les conclusions des enquêtes sur un génocide commis contre les Bahutu du Burundi, car les enquêtes ont été effectuées sur un échantillon suffisant.

Montrer ce qu’il faut faire pour sentir définitivement des crises

Dans son discours, M/ Ndayicariye a promis également que la CVR va très prochainement mener des enquêtes sur la crise dite Ntega et Marangara de 1988 et les attaques du Palipehutu de novembre 1991. « Après, la CVR enquêtera sur l’assassinat du président Melchior Ndadaye le 21 octobre 1993 et sur les autres crimes de masse qui ont suivi. »

Déo Ngendahayo a demandé à la CVR de bien voir les causes des crimes commis et de montrer ce qu’il faut faire pour sortir des crises cycliques au Burundi.

Il a l’impression que les gens se battaient pour conquérir le pouvoir et profiter seuls des biens publics, Il a expliqué que d’autres déterrent la hache de guerre pour les renverser.

Il a alors proposé au gouvernement du Burundi de développer le secteur privé pour que les personnes ne cherchent plus à vivre uniquement des postes politiques, encore qu’il faille bien différencier les postes politiques des postes techniques. « Les premiers sont accessibles via les élections alors que d’autres doivent exiger une passation d’un test. »

François Xavier Nsabimana, du collectif des survivants et victimes du génocide contre les Hutu de 1972, demande à la CVR de plaider pour qu’il y ait une loi portant reconnaissance du génocide contre les Bahutu du Burundi en 1972-1974 ; une autre portant répression des négationnistes ainsi qu’une troisième portant réhabilitation et réparation des victimes.

CVR

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