La Commission Vérité et Réconciliation a rencontré, ce lundi 25 mars 2024, les représentants des confessions religieuses pour la présentation de son rapport. Ces derniers demandent qu’il y ait construction d’un monument national commun pour toutes les victimes de 1972-17973.
« La crise de 1972 a emporté la vie de toutes les « ethnies » au Burundi : les Hutu, les Tutsi et les Twa », a déclaré Clément Noé Ninziza, vice-président de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR).
C’était ce lundi, le 25 mars 2024 lors d’une réunion d’échanges organisée par la CVR avec les représentants des Eglises membres et non membres du Conseil national des églises du Burundi, CNEB (Protestants).
Dans sa présentation synthétique sur les grandes réalisations de la CVR, Ninziza a fait savoir que la commission a déjà fait la pyramide des responsabilités quant aux crimes commis lors de la crise de 1972-1973.
« Considérant les lois qui ont été mises en place après l’abolition de la royauté, cela montre que la crise de 1972 a été planifiée. Le chef de l’Etat est devenu en même temps le secrétaire général du parti. Il avait donc le droit de vie et de mort. C’est à partir de là qu’il faut établir les responsabilités ».
Il doute que ces lois n’ont pas été abandonnés. « Il a été difficile que ces lois soient abandonnées. Les autres gouvernements ont continué sur la même lancée ».
Toutefois, le vice-président de la CVR a indiqué qu’une loi sur la réparation des dommages et la remise dans leurs droits des familles victimes de cette crise est en cours d’élaboration.
« Un monument unique pour le « non, plus jamais ça » »
D’après Laurent Nduwimana, représentant du réseau des Églises pour la paix et la réconciliation au Burundi, les Burundais, toutes catégories sociales confondues, ont perdu les leurs.
Il plaide pour la construction d’un monument unique. « Toutes les victimes de cette tragédie sont des enfants de Dieu, il serait beau d’ériger un seul monument pour le ’’non, plus jamais ça’’ ».
Même son de cloche chez Dieudonné Mbazumutima. D’après lui, il est déplorable que des Burundais aient connu de telles tragédies. « Il nous faut un monument commun pour toutes les victimes de toutes ces tragédies »
Les deux représentants des églises émettent en même temps de doutes. Pour Mbazumutima, le rapport de la CVR risque de produire des effets pervers. « Est-ce que vous ne voyez pas que ce rapport risque de conduire à des actions de vendetta ? »
Avant d’ajouter qu’il pourra impacter négativement les rapports de coopération entre le Burundi et les autres pays qui sont parfois imputés de jouer le rôle dans ces tragédies.
Nduwimana quant à lui se dit inquiet sur le fait que le gouvernement ne s’est pas encore exprimé. « Vous avez déjà qualifié de ’’génocide’’ contre les Hutus, les événements sanglants de 1972-1973 ; de crimes contre l’humanité pour les Tutsi et les Twa. Et qu’est-ce que vous en dites par rapport à la position du gouvernement burundais ? »
A tout cela, Clément Noé Ninziza a été clair : « Ne cédons pas à la précipitation. Il y a un pas déjà franchi et nous sommes sur la voie de la réconciliation ».
D’autres participants ont demandé que le rapport de la CVR soit écrit dans les trois langues : le Kirundi, le français et l’anglais.