Ce mardi 03 mars, le président de la CVR a tenu une conférence de presse sur la deuxième phase de l’opération d’exhumation de restes humains au bord de la Ruvubu. 7.348 restes de victimes de la tragédie de 1972 ont ainsi déjà été exhumés de huit fosses communes.
Accusé de privilégier la tragédie de 1972, le patron de la CVR, Pierre-Claver Ndayicariye, défend que la CVR s’est déjà penchée sur d’autres évènements sanglants du passé en citant l’exemple de l’ex-marché de Kamenge où des restes de victimes des massacres de 1993 et les années qui ont suivi ont été exhumés, Ndurumu dans la commune Marangara où des restes de victimes de tueries de 1994, 1995 et 1996 ont été excavés.
Toutefois, face aux accusations de partialité qui se multiplient, le président de la CVR se veut conciliant. « Quiconque dispose d’informations sur des fosses communes de 1993, 1969, 1972, 1988, … est prié de contacter la CVR ».
D’après Pierre-Claver Ndayicariye, la CVR compte travailler sur toutes ces périodes susmentionnées. Selon lui, cette commission a répertorié 80 mille témoins dans tout le pays.
Le président de la CVR affirme par la suite que le bilan des exhumations effectuées aux environs de la Ruvubu fait des vagues du fait du nombre trop élevé des restes humains excavés des fosses communes. « Dans Kamenge, près de deux cent restes humains ont été exhumés sans que trop de monde n’en parle. Ce fut aussi le cas à Rumonge, à Marangara (Ngozi) et à Rusaka (Mwaro). Au niveau de la Ruvubu, les excavations ont permis de dégager en tout 7.348 restes de victimes des massacres de 1972 et évidemment, cela a fait du buzz ! », analyse le président de la Commission Vérité et Réconciliation.
Répondant aux questionnements relatifs aux moyens que met en œuvre la CVR pour distinguer les restes des victimes de 1972 et ceux des victimes de 1993, Ndayicariye argue que les témoignages des survivants et témoins de ces périodes sont la clef de démêlage. « Nous interrogeons les témoins et rescapés pour établir des archives écrites et sonores pour l’histoire et les générations futures ».
Et de souligner que « les renseignements humains sont irremplaçables » avant de déclarer plus loin que les périodes sur lesquelles œuvre la CVR «nous sont proches dans le temps ».
Interrogé sur la nécessité de faire appel à des experts-archéologues dans les travaux de recherche historique de la CVR, Pierre-Claver Ndayicariye hausse le ton. « La commission n’est formée que d’experts désignés par les deux chambres du parlement. Parmi nous, avons-nous des historiens, des chimistes, des théologiens, des juristes, des doctorants en mémoire blessée, bref des gens de tous horizons qui permettent une diversité d’approches et de points de vue ».
Le président de la CVR rappelle en outre qu’elle a engagé des « agents pour la recherche documentaire qui ont rédigé des mémoires d’études sur les atrocités auxquelles le Burundi fut confronté dans le passé ».
Enfin, le président de la Commission Vérité et Réconciliation a révélé à l’issue de cette conférence de presse, que les travaux de la commission ont permis d’identifier plus de 4 mille fosses communes à travers tout le territoire national.
D’un autre côté, il annonce que les autorités burundaises pensent à mettre en place un mémorial au niveau de chaque province où seront notamment exposés les restes humains déjà exhumés.