Samedi 23 novembre 2024

Politique

Meurtre à la paroisse Rushubi : le curé auteur d’un crime sadique

Pascal Niyonkuru, le curé de la paroisse Rushubi, a été reconnu coupable de meurtre sur la personne de Claver Nduwimana. Il a été condamné, le 30 décembre 2013, à 20 ans de servitude pénale avec une amende de 100 mille Fbu par le tribunal de Grande Instance de Bujumbura rural. Sa défense a déjà introduit un recours.

Pascal Niyonkuru, le curé de la paroisse Rushubi condamné à 20 ans de prison ©Iwacu
Pascal Niyonkuru, le curé de la paroisse Rushubi condamné à 20 ans de prison ©Iwacu

Les faits remontent au samedi 21 décembre. P.M., affirmant avoir assisté à toute la scène, indique qu’il était 16 heures lorsque Claver Nduwimana a été amenée à la paroisse par deux surveillants du curé. Il était parti chercher du lait comme à l’accoutumée.

Arrivé sur les lieux, un travailleur de la paroisse lui a dit d’attendre car le lait n’était pas encore prêt. Tout d’un coup, il voit deux personnes transportant Claver Nduwimana. « Il portait une culotte, une chemise et avait des blessures partout. Ils l’ont fait asseoir sur un tas de bois de chauffage. »

Quelques instants après, affirme P.M., le curé arrive et demande à la victime si elle a déjà été sérieusement battue. La victime lui montre son bras droit déjà gonflé par des coups. « Le curé lui a donné un coup de pied sur le même bras, puis a demandé qu’on lui amène une corde et a ligoté en même temps un bras et une jambe de la victime et l’a tiré vers le sol, comme un chien. » D’après P.M., la victime s’est écroulée par terre à ce moment là, mais le prêtre a continué de le tirer par terre jusqu’à un arbre où il l’a ligoté.

« Le supplice a duré plus de deux heures »

Commence alors une longue séance de passage à tabac. Le curé demande qu’on lui amène son bâton et assène des coups à la victime. « Il l’a frappé partout, sur les jambes, les bras, à la tête. » Pendant qu’il le frappait, se rappelle P.M., la victime criait et demandait pardon, mais le curé donnait aussi des coups de pied en disant « Imbwa zarariye ikigongwe » (Les chiens ont mangé le pardon).

Pire encore, le curé a demandé, à plusieurs reprises, de l’eau dans des seaux qu’il jetait à la victime : « Le supplice a duré plus de deux heures », conclut P.M. Finalement on lui a remis le lait qu’il était venu chercher à la paroisse puis il est rentré chez lui.

Cet avis est partagé par plusieurs commerçants, propriétaires des stands au chef-lieu de Rushubi. Ils indiquent que lorsque le curé a vu Claver Nduwimana et le fils de sa patronne en train de couper de l’herbe le long de la propriété de la paroisse, lui et ses deux veilleurs Twa ont pris en chasse ce jeune et la victime : « Le curé a essayé d’attraper le fils mais il n’a pas pu car celui-ci courait plus vite que lui. »
C’est ainsi qu’il est allé, selon ces commerçants, prêter main forte aux deux veilleurs pour qu’ils attrapent Claver Nduwimana. « Après sa capture, ils l’ont conduit à la paroisse. »

Paroisse de Rushubi où Pascal Niyonkuru officiait ©Iwacu
Paroisse de Rushubi où Pascal Niyonkuru officiait ©Iwacu

« Nous l’avons ramassé au cimetière se trouvant en face de la paroisse »

Selon la patronne de la victime, son fils est revenu à la maison et l’a avertie que Claver venait d’être amené à la paroisse : « J’ai voulu m’y rendre mais les voisins m’en ont dissuadé car le curé avait la mauvaise réputation de tabasser tout le monde. » Finalement, ils se conviennent que le fils de la patronne aille s’enquérir de la situation à la paroisse. « Lorsque je suis arrivé, j’ai entendu Claver crier et demander pardon. Il suppliait le curé d’arrêter de le frapper, car sa patronne pouvait payer pour les herbes arrachées », confie le fils. N’y pouvant rien, il a rebroussé chemin, la mort dans l’âme.

Un des motards, qui était à la paroisse, confie que claver est mort vers 19 heures : « Nous l’avons ramassé au cimetière se trouvant en face de la paroisse où le curé l’avait jeté. » Celui-ci indique que le prêtre lui a donné 2000 Fbu pour qu’il amène la victime à l’hôpital. Voyant l’état dans lequel se trouvait Claver Nahimana, le motard a refusé. « Il était mal en point et je ne pouvais plus rien pour lui. » D’après lui, d’une voix à peine audible, Claver Nduwimana a lâché : « Si je meurs, c’est le curé qui en sera responsable. »

Après la découverte de Claver Nduwimana agonisant, la population en colère s’en est prise aux bâtiments de la paroisse. Le motard avoue que des gens, dont plusieurs motards, ont jeté des pierres sur le couvent. Plusieurs fenêtres seront cassées. Deux policiers, qui gardaient le curé, ont tiré en l’air pour disperser ces gens en colère et en ont profité pour exfiltrer le curé. Les motards ont ensuite décidé de veiller le corps sans vie de claver Nduwimana, toute la nuit.

Vers 4 heures du matin, quatre responsables de la province, dont le gouverneur, le chef de zone, le procureur et un officier de la police, sont arrivés sur place avec une quinzaine de policiers. « Ils ont ordonné que le corps soit transporté à la morgue de l’hôpital de Rushubi », indique la même source. La victime a été enterrée lundi 23 décembre 2013 au cimetière de Karunga à Rushubi à l’aide de l’administrateur communal d’Isare. « Il a versé à mon mari 50mille Fbu pour l’enterrement », confie la patronne du défunt. Le curé sera interpelé par la police, le 22 décembre 2013, accusé d’avoir battu à mort la victime.

Chef-lieu de Rushubi. C’est tout près de ce centre que Claver Nduwimana était en train de couper de l’herbe ©Iwacu
Chef-lieu de Rushubi. C’est tout près de ce centre que Claver Nduwimana était en train de couper de l’herbe ©Iwacu

« Le curé avait l’habitude de tabasser les gens »

Alfred Ndayishimiye, originaire de Mparamirundi en province Kayanza, travaille aussi pour la même patronne que Claver Nduwimana. Il avait aussi été frappé par le même curé, deux jours avant le drame. « C’était un jeudi et j’étais parti chercher de l’herbe quand un homme m’a attrapé et m’a amené auprès du curé. »

Arrivé sur place, le curé, confie Alfred, 13 ans, a pris deux bâtons et un bidon d’eau. « Il m’a frappé sur tout mon corps et surtout à la tête. J’ai demandé pardon, mais il a refusé. Il a continué de me frapper jusqu’à 18 heures puis m’a relâché. » Il a passé plus d’une semaine à l’hôpital de Rushubi. Ici aussi l’administrateur communal est intervenu en payant 25 mille Fbu pour les frais de soins de santé de cet adolescent.

Côté justice, l’affaire a été jugée. Marie-Goreth Nitunga, présidente du Tribunal de Grande Instance de Bujumbura rural, indique que la sentence a été prononcée le 30 décembre dernier. «Il a été condamné à 20 ans de servitude pénale avec une amende de 100 mille Fbu », précise-t-elle. Néanmoins, Marie-Goreth Nitunga précise que la défense du curé a déjà introduit un recours. «Jusqu’à présent, l’accusé doit rester en prison en attendant le jugement d’une juridiction supérieure.»

Des conséquences du meurtre de Claver Nduwimana

Iwacu a contacté Evariste Ngoyagoye, Archevêque de Bujumbura, sans succès. Cependant, des sources proches de l’archevêché font savoir que les avocats du curé de la paroisse Rushubi ont déjà entamé les procédures de recours. Selon ces informations, il n’y a pas eu des témoins à charge, sauf le ministère public : «On n’a pas pratiqué une autopsie pour identifier les vraies causes de cette mort », confie notre source.
Côté Eglise, les informations recueillies à l’archevêché de Bujumbura soulignent que c’est l’Archevêque qui prendra la décision en se basant sur le règlement de l’Eglise catholique : « Mais le moment n’est pas encore venu parce que la défense a introduit un recours », raconte notre source.

Après ce drame, précise Pontien Barutwanayo, administrateur de la commune Isare, des cas de vol dans les champs de la paroisse ont été signalés. «Ce comportement de la population s’observe jusque ce jeudi. » Il fait savoir que des réunions ont été tenues avec les forces de l’ordre pour maîtriser la situation. «Des sanctions sont déjà prévues pour celui qui sera attrapé », prévient l’administrateur Barutwanayo.

Forum des lecteurs d'Iwacu

21 réactions
  1. 100.000 FBU vraiment? Birateye isoni ariko ntituje kure abo bihebeye Imana bafise uruhara runini muri génocide y’Urwanda, naciribwe guherayo hamwe namande ashobora gutunga umuryango. Ntaho ataniye na Rwembe canke ararwaye mumutwe.

  2. lousa ncuti

    imana yibuke itabare uburundi mukuduha abatware bashira imbere amategeko nukuyubahiriza gutyo zina murundi agire ico yubaha

  3. Rheka Shah

    Aradutukishije, Arakabura ubuppatiri.

  4. Jacques

    Namamvuga yuko igihugu cafashwe mpiri na shetani none ubu kabaye mukubona aba patiri babaye imbonerakure

  5. Barekebavuge

    Ubwo ga yemwe uwo mupatiri atanga igiti gurtyo ntiwosana ari Imbonerakure? Erega zaragwiriye mu nzego zose, nomubihaye Imana. Canke umu dd nyene asanzwe.

  6. CEWUSI

    Rien d’etonnant dans cette histoire. S’il y a le milieu qui est aussi pouru , c.est bel est bien le milieu des religieux. Peut importe la religion. L’histoire nous apprends que beaucoup des guerres etait a la base des religions. Meme maintenant, on peut confirmer ce que l’histoire nous a enseigne. Ces clerges et tous ses semblables sont des gens la pluspart qui font semblant d’avoir de l’amour envers les autres; mais au fond de leurs coeurs je ne doute pas du contraire. N’amabingira yiyambika inshato z’intama. Que dieu acceuille ce pauvre victime.

  7. Mpitabavuma

    C’est quand même grave. Qui croire dans notre beau pays. Imana yonyene. 20 ans c’est peu c-à-d il peut sortir en moins de 5 ans s’il se comporte bien en prison. 100 fbu d’amande!!!!! Qui se moque de qui? Ubutungane ni bwikubite agashi. C’est la perpetuité et une amande disuasive. Pas moins de 100.000.000 de fbu. L’église a suffisamment de moyens. Est-ce que 100.000fbu peut faire vivre sa famille?

  8. Mugamba

    En toute impartialité, que la justice aille jusqu’au bout! Pas de pitié, pas d’affinités! S’il est coupable, qu’il écope sa peine et qu’il soit même renvoyé de l’état clérical! Autrement, que justice soit faite, point trait!

  9. Gerry

    Jewe nibaza ko bosubira bagatohoza neza kuko iyo nkuru ntitomoye neza. Batangura ngo yaraje gutora amata, abandi ngo yariko ariba ubwatsi. Nibatubwire neza. Ariko ndashimika mvuga nti: kirazira kwica, kandi kirazira kwihanira; nibaza ko (nimba ariko vyagenze) uyo mupatiri yari gutura ikibazo ababijejwe, kuko ibintu vyarahindutse. Hanyuma hariho abantu batabizi kuko na jewe aho mperereye barafashe umusuma baramukubita, iyo ntahashika ngo dababwire inkwirikizi bahava bamwica. Ariko rero jewe nibaza ko tworindira gatoya kuko umengo iyo nkuru ntitomoye neza. Nayo abaca batangura kwagiriza abihayimana bose, nibaza ko hari ikindi bagamiye, kandi ntawobabuza, ariko ukwubahana kurakenewe.

  10. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Le comportement de ce prêtre ne m’étonne pas…Ce ne sont pas des saints ces religieux-là…! Rappelez-vous de leur implication jusqu’à la moelle des os dans le génocide des Tutsis au Rwanda…! Quant a la violence que ce pretre a exercee sur ce jeune malheureux, il rentre dans le cadre général de l’impunite et du du non-respect de la loi au Burundi car ceux qui commettent les infractions y compris certainement ce curé, savent que notre justice gangrenée par la corruption comme les autres services administratifs, n’est plus tellement juste…! Mais quel triste pays sans vision ni perspective d’avenir pour sa jeunesse…????

  11. gakanya

    uwo si patiri ni patirisi nibamwice kuko yohava yica abandi

  12. Justice

    Abarundi en général et nos dirigeants en particulier, turakwiye guhindura ingendo mu bijanye no kubahiriza agateka ka zina muntu mu Gihugu, nta kindi mbona mfise nokongerako!…

  13. FULGENCE

    SINOVUGA YUKO YOANWA NTAGIHANO YORONKA ARIKO ARAKWIYE KUBANZA AGASENGERWA CANKE BAKARABA NEZA KWATOBA ADWAYE MUMUTWE UBUNDI BWOBWO SATANI YARAMWINJIRANYE IMANA IMUHARIRE ICO CAHA SICUMWUNGERE W’IMITIMA YACU NUKURI ARATANZE AKARORERO KABI MUMRYANGO WA Eclesia yacu yemwe

  14. nivyo

    je n’ai pas bien saisis ce que ce curée reprochait a la victime !

    je crois que écrire un article qui présente les grandes lignes en peux de mot des le début permet d’améliorer la qualité de compréhension de l’article.

  15. Kana

    Birababaje kubona uwujejwe kuragira intama ariwe ahinduka imfyisi izirya. Uwo mu Patiri nahanwe ntavyo gukikiriza. Ako ni akarorero kabi kandi arateje urubwa notre chère Eglise.

  16. karayenga

    Gosh, Mbega Imitima y’abantu? N’abapadiri nabo nyene babaye ba Rwembe!

    • moi

      Il y a une chose que tu ignores. Certains prêtres,sœurs, surtout africains,font parti des pires espèces,font parti des plus gros meurtriers. Je me souviens de cette soeur qui a volé 300 000’fbu à mon père. Je me souviens de ce prêtre qui a voulu faire tué mon père. Je me souviens de tous ces prêtres,curés,archevêques du Burundi qui au lieu de dénoncer les meurtres tuaient eux mêmes ou livraient les gens aux meurtriers….ngo abakorera Église Catholique? N’abantu nkabandi

      • Joannes

        C’est de n’importe quoi, tous ces gens qui commettent des fautes quel qu’ils soient, ils l’ont fait en leurs noms et non au nom de l’Eglise catholique

  17. kami

    Mais pourquoi les gens ne sont pas intervenus

  18. Tonton

    Nihamwe nyene Eglise Catholika itihuta mugufata ingingo, nayo ahandi uyo « mupadiri » atagira ikigongwe ngo imbwa zarakiriye ntakwiye kuba mw’ishengero ry’IMANA encore akaja mu bayiserukira!! Imana yoyo iracafise ikigongwe cinshi nawe nyene niyigaya izokimugirira mugabo ubutungane bwo ngaha kw’isi bwo nabanze ahonjeko!

    • Inès

      Mbega inkuru ibabaje! Yemwe nibakenyere abo basenyeri bakuremwo agakoko kanyegeye abo bitwa, abihebeye Imana. Ni ibara ku mutemere. Mbega yemwe archevêque Ngoyagoye azovuga ibiki ko amabingira yamwinjiranye muri kereziya?

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