Lundi 23 décembre 2024

Politique

Culpabilisation collective, attention à la manipulation !

10/10/2020 Commentaires fermés sur Culpabilisation collective, attention à la manipulation !
Culpabilisation collective, attention à la manipulation !
Raymond Blaise Habonimana propose la connaissance de la vérité pour établir les responsabilités.

Les périodes de tension et post-conflit suscitent des discours de culpabilisation collective aux conséquences potentiellement graves. Raymond Blaise Habonimana, expert en justice transitionnelle, propose le dialogue et la recherche de la vérité pour établir les responsabilités.

« La culpabilisation collective est une condamnation collective des gens. Elle responsabilise tout le monde sans condamner individuellement les vrais auteurs ou bourreaux. Des gens peuvent dire que tous les Hutu ou tous les Tutsi sont des bourreaux sans pouvoir déterminer les criminels à titre individuel ni les circonstances du crime. Il s’agit de discours de haine qui mène à des violences de masse de grande ampleur », indique Raymond Blaise Habonimana, expert en justice transitionnelle.

Pour lui, ces discours de culpabilisation collective ont une dimension psychologique. Il y a ceux qui promeuvent une seule mémoire et la manipule, ce qui peut engendrer d’autres victimes. Cette manipulation est le travail des leaders des communautés. « Ce sont eux qui manipulent nos chères parents qui ont leur manière de percevoir les choses. Les leaders maitrisent l’information et ont des intérêts à atteindre. Ils jouent un rôle important dans la construction de cette culpabilisation collective à des fins personnelles».

Raymond Blaise Habonimana fait savoir que ces discours sont monnaie courante en période post-conflit, comme aujourd’hui. « Ils peuvent être utilisés dans les périodes électorales en tant que ressources pour mobiliser l’électorat. « On commence à développer des discours qui vont délégitimer l’autre et amener les électeurs à voter pour soi ». De tels discours remontent aux grands massacres qu’a connus le monde, comme ceux de la 1ère et de la seconde guerre mondiale, notamment l’Holocauste et récemment avec le procès entre la Gambie et la Birmanie.

Cet expert en justice transitionnelle pense que la connaissance de la vérité sur le passé douloureux permet de couper court à cette globalisation. « Il faut promouvoir le dialogue entre générations. Il faut que les gens sachent ce qui s’est passé en termes de vérité pour éviter le pire. Une vérité sociale pour identifier les auteurs et établir des responsabilités ».

Il propose également la réparation symbolique des victimes du passé douloureux que le pays a connu. « D’une façon générale, l’Etat est le premier acteur dans ce processus. Que la vérité soit établie d’une façon constructive pour que nos communautés soient réconciliées pour une paix durable », conclut-il.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 2 837 users online