Mercredi 05 février 2025

Sécurité

Crise sécuritaire en RDC : accusations, démentis et implications du Burundi

Crise sécuritaire en RDC : accusations, démentis et implications du Burundi
Alain Mutabazi : « Je ne sais pas avec quelle ethnie notre armée collabore »

Face aux tensions croissantes entre le Burundi et le Rwanda, notamment en lien avec la situation à l’Est de la RDC, le ministre burundais de la Défense s’est exprimé sur la probabilité d’une attaque rwandaise, les accusations de collaboration entre l’armée burundaise et les génocidaires FDLR, ainsi que le sort des soldats burundais tombés en RDC. C’était lors d’un point de presse tenu ce mardi 4 février sur les réalisations de son ministère au cours des trois derniers mois.

Face aux interrogations sur une éventuelle attaque du Rwanda contre le Burundi, le ministre de la Défense Alain Mutabazi a tenu à rassurer la population. Selon lui, « le Burundi est un pays capable depuis la période royale de faire face à toutes les attaques et incursions, tous ceux qui ont essayé de le faire ont échoué ».

Selon lui, « l’armée burundaise travaille en étroite collaboration avec la population et les Burundais peuvent continuer à vaquer à leurs activités sans avoir peur, car l’armée burundaise est capable de les protéger contre n’importe quel ennemi ».

Dans une interview accordée à Al Jazeera ce lundi 3 février 2025, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a une fois de plus dénoncé l’existence d’une coalition militaire impliquant des soldats burundais, les miliciens Wazalendo, les génocidaires des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et l’armée congolaise. Selon lui, cette alliance est responsable du massacre de la population tutsi à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Il a cité notamment un exemple survenu en octobre 2023 dans le territoire de Masisi, où un village habité principalement par des Congolais tutsis, ainsi que quelques Hutu, a été attaqué. Les miliciens auraient demandé aux Hutu de quitter les lieux avant l’attaque, mais ceux-ci ont refusé par solidarité avec leurs voisins Tutsi.

Le chef de la diplomatie rwandaise a affirmé que 300 maisons ont été incendiées par ces miliciens, avec le soutien de l’armée congolaise. Il ajoute que l’armée burundaise était sur place : « Les miliciens ont demandé aux Hutu de quitter les lieux, mais ces derniers ont refusé par solidarité. Trois cents maisons ont été brûlées avec le soutien de l’armée congolaise, et l’armée burundaise était là, en train de regarder. Je n’ai jamais entendu la communauté internationale réagir ».

Face à ces accusations, le ministre burundais de la Défense a dénoncé des « mensonges » destinés à ternir l’image de l’armée burundaise. Il a rappelé que l’armée burundaise est composée de Hutu, de Tutsi et de Ganwa, soulignant ainsi l’absurdité des accusations portées contre elle : « Je ne sais pas avec quelle ethnie notre armée aurait collaboré. Ce ne sont que des mensonges visant à nuire à notre image, alors que la Communauté internationale et la RDC elle-même sont satisfaites du travail de l’armée burundaise en RDC ».

Il a également insisté sur le professionnalisme et la discipline des forces burundaises, affirmant que l’armée burundaise est respectée par la Communauté internationale partout où elle a été envoyée pour le maintien de la paix.

Les familles des soldats tombés au front sont-elles informées ?

Une autre question abordée concerne la communication de l’armée avec les familles des militaires burundais tombés sur le champ de bataille en RDC.

Certains affirment que les familles ne sont pas informées du décès de leurs proches, une allégation que le ministre burundais de la Défense a fermement réfutée : « Chaque fois, leurs familles sont informées du décès de leurs proches via les canaux appropriés ».

Il a également précisé que la procédure est bien encadrée : « Il y a des lois écrites qui montrent comment, une fois un militaire tombé, sa famille est informée des circonstances de son décès et des modalités de son enterrement. Chaque fois, les familles sont contactées selon la procédure officielle ».

Il a tenu à être clair : « Que ce soit pour des militaires tombés au combat ou pour d’autres raisons, telles que la maladie, un accident ou toute autre cause, à condition qu’ils soient en mission pour l’armée burundaise, ils sont systématiquement pris en charge. Ceux qui affirment que leurs familles ne sont pas contactées mentent ».

Un autre point soulevé concernait la prétendue différence de traitement entre les soldats burundais tombés en Somalie et ceux tombés en RDC.

Certains avancent que les militaires burundais tués en Somalie recevraient une indemnisation, alors que ceux tombés en RDC n’en bénéficieraient pas.

Sur ce sujet, le ministre Mutabazi a expliqué que « l’armée burundaise travaille en respectant la loi, et chaque fois qu’un soldat burundais rencontre un accident ou tombe au combat, il est indemnisé conformément aux dispositions légales ».

Il a tenu à rappeler que le respect des droits des militaires fait partie des priorités de son ministère et que toutes les procédures légales sont suivies pour garantir une prise en charge équitable des familles des soldats disparus.

RDC

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