A l’Uprona, un camp exige la tenue d’un congrès extraordinaire. Pour le président parti, ce sont des « insurgés ». Chaque camp reste sur sa position.
<doc2804|right>Le groupe dit des Bashingantahe de l’Uprona a lancé, le 12 janvier, un second appel au président de l’Uprona pour sortir de la crise interne du parti. Ces sages appellent à un dialogue et proposent leur médiation. Ils préconisent un congrès national comme cadre idéal de résolution du conflit, et qui serait préparé par des congrès provinciaux non manipulés. Le groupe recommande aux parties en conflit d’accepter formellement sa médiation. Il insiste sur la nécessité de faire preuve de leadership de la part du président. Les Bashingantahe parlent de « s’élever à la hauteur des défis difficiles auxquels l’Uprona fait face », afin de ramener le dialogue et l’unité dans le parti.
Cependant, à la veille de cet appel, le groupe dit « de réhabilitation du parti Uprona » a écrit au ministre de l’Intérieur lui demandant de convoquer un congrès national extraordinaire. Les auteurs de la lettre motivent leur requête par la violation systématique des textes régissant le parti et ses organes, ainsi que le mépris de Bonaventure Niyoyankana. Ce dernier a, aux yeux de ce groupe, choisi de plonger le parti dans le chaos, afin de terminer son mandat et s’assurer une succession contrôlée, en radiant plus de la moitié des membres du bureau exécutif et du comité central.
Une médiation partiale ?
Bonaventure Niyoyankana semble associer le groupe des Bashingantahe à celui qu’il qualifie d’insurgés. Il estime que les Bashingantahe imposent à la direction du parti la voie à suivre, en le médiatisant sans attendre la réaction de Kumugumya, siège du parti. Selon lui, les « insurgés » risquent de se sentir encouragés et continuer la collecte des signatures, à coup de tapage médiatique, pour le faire tomber. Car, d’après Niyoyankana, c’est la même méthodologie que ce groupe de Bashingantahe utilise. «Il est hors de question qu’un groupe de gens décident de se proclamer médiateurs, en imposant des solutions de sortie de crise qui ignorent le rôle des organes d’un parti politique comme l’Uprona. »
<doc2803|left>A la question de savoir si l’Uprona a réellement besoin d’être réhabilité aujourd’hui, M. Niyoyankana répond que, en définitive, ces sages n’amènent pas de solution, mais compliquent la situation : « Ces Bashingantahe font partie du problème et sont avec le groupe des insurgés. Ils ne sont pas du tout qualifiés pour trouver des solutions. Et ce qui est bizarre, ils ne voient pas qu’ils sont utilisés par le groupe des insurgés. »Ces derniers, martèle-t-il, ne sont pas contre l’individu Niyoyankana, mais contre le président du parti et les organes élus en 2009. Et d’ajouter que le congrès extraordinaire réclamé par les « insurgés » n’est pas justifié, puisque le parti n’a aucunement besoin d’être réhabilité.
Un congrès extraordinaire comme seule solution
Tout en soutenant le principe de la médiation, Tatien Sibomana, du « Groupe pour la réhabilitation du parti Uprona », affirme qu’ils n’ont jamais eu de réunion avec ces Bashingantahe. Mais « nous sommes au courant des positions et des mesures que Niyoyankana prend pour avoir leur propre jugement.». Pour M. Sibomana, les Bashingantahe ont essayé d’être le plus neutres possible, mais la direction du parti a toujours rejeté leur médiation.
Tatien Sibomana précise qu’ils ont opté pour la collecte de signatures face à l’entêtement de l’actuel président du parti à ne pas respecter les textes de l’Uprona. Il ajoute que les signatures ne visent pas à chasser le président du parti, mais à lui retirer la confiance, ce qui n’est que du ressort du congrès national extraordinaire. Aussi le groupe a-t-il encore recueilli des signatures de membres du comité central : 290 au total, presque 54% des membres, pour demander au ministère de l’Intérieur la tenue d’un congrès extraordinaire pour le 19 février courant. « Nous attendons la réponse du ministre, auquel il reviendra de nous expliquer les raison d’un refus, si tel était le cas. Sinon la crise ne serait pas interne à l’Uprona, mais serait téléguidée par le pouvoir par l’entremise de Niyoyankana », souligne Tatien Sibomana.