La BRB accuse les bureaux de change de ne pas respecter la réglementation qui conditionne leur existence.
Selon le gouverneur de la BRB, Jean Ciza, les taux pratiqués par les bureaux de change doivent être affichés et respectés. Bien plus, un bordereau doit être délivré à chaque client. Les responsables des bureaux de change sont aussi appelés à tenir un registre des opérations. « Ce registre doit être montré immédiatement aux superviseurs de la banque centrale en mission ». Et de taper du poing sur la table : Les maisons de change ne respectent pas le taux inscrit sur leurs tableaux d’affichage.
Accusation rejetée par les cambistes. Tous pointent du doigt les changeurs ambulants informels. « Ils nous piquent notre clientèle » lance un d’eux. « Comment concurrencer celui qui vend le dollar à 2700 Fbu quand la BRB t’oblige à le vendre à 1600 Fbu ? Impossible ! », renchérit un compère.
Conditions pour avoir un permis d’exploitation d’un bureau de change
• Avoir une personnalité juridique ayant pour unique objet l’exploitation d’un bureau de change ;
• Etre immatriculé au registre de commerce comme bureau de change ;
• Justifier d’un capital minimum déterminé par la Banque Centrale et intégralement libéré au moment de la demande ;
• Disposer de locaux et d’équipements appropriés à tous égards à l’exercice des activités d’un bureau de change ;
• Disposer d’un personnel qualifié et de bonne notoriété suivant les critères arrêtés par la Banque Centrale et précisés dans les normes d’application de la réglementation des changes.
Comme pour faire suite à ces lamentations, la BRB conduira depuis vendredi 22 juillet une vaste opération de balayage du marché parallèle pour tenter d’éradiquer la prolifération des cambistes ambulants non reconnus par la loi. Le gouverneur de la BRB dit vouloir éviter au pays « la triste expérience du Zimbabwe et de la RDC des années 90 où il fallait un sac de billets pour une miche de pain».
Une pilule dure à avaler
La décision de la BRB d’imposer un taux aux bureaux d’échanges a été mal accueillie et risquerait de faire plus de mal que de bien.
Les cambistes ont trouvé une autre voie pour la contourner, et la valeur des devises ne chute pas. Pourtant des policiers sillonnent les principales places ou se regroupent les cambistes pour vérifier que des opérations de change ne se font pas en cachette. Des civils sont placés dans les bureaux de change pour voir que les taux de la BRB sont respectés. Un bureau de change a été fermé et ses agents momentanément arrêtés sur dénonciation de ces agents en civil. « Nous ne pouvons pas travailler sous surveillance et sous pression. Cette décision de la BRB risque de rendre les devises encore plus rares », confie un responsable d’un bureau de change.
Depuis cette mesure, les cambistes se lamentent. « Nous échangeons entre 500 et 1000 dollars, contre 5000 et plus avant cette décision. » Selon d’autres responsables de bureaux de change, les « échangeurs » ambulants font de bonnes affaires en fixant leurs propres taux. « Les gens qui cherchent les devises ne fréquentent plus ces bureaux de change à cause du taux imposé par la BRB. Ils préfèrent téléphoner et fixer des rendez-vous dans des endroits isolés ou dans des véhicules pour les avoir à un bon prix. » Pour ne pas continuer de travailler à perte, les cambistes préfèrent garder les devises qui risquent de manquer de plus en plus.