Dès le début du mois de mars 2023, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) va entamer la phase des audiences publiques sur les violences commises en 1972-1973 dans tout le pays. « Ces audiences sont de trois types à savoir les audiences publiques, les audiences à huis clos et les audiences thématiques », indique Pierre Claver Ndayicariye, président de la CVR.
D’après cette institution, les audiences publiques permettront aux intervenants, à savoir les victimes, auteurs, présumes auteurs et le public, de contribuer à la découverte de la vérité et d’éclairer le passé douloureux que le Burundi a connu dans le but global d’une réconciliation effective entre tous les Burundais. « Ces audiences publiques constituent un cadre spécifique de guérison de la communauté, de responsabilisation des auteurs, de refus de la globalisation afin de redonner la dignité aux victimes et de déclencher le processus progressivement du pardon. »
La CVR rappelle que les éléments de preuve recueillis par la CVR ne peuvent pas être utilisés contre les victimes, les témoins, les présumés auteurs et les autres déposants.
La CVR fait savoir que l’audience pilote sera organisée dans la province de Ruyigi. « Selon les investigations qui ont été menées par la CVR, la province de Ruyigi compte un grand nombre de témoins qui ont convenu avec la CVR de partager leurs témoignages. » Selon la CVR, ces audiences publiques sont prévues par la loi régissant la CVR.
Au Burundi, tout le monde connaît les crimes et les coupables sauf la Justice, tout le monde connaît l’Histoire sauf les histo-rien, chacun connaît aussi ses victimes sauf leurs bourreaux qui par magie ignorent leurs crimes.
C’est bien de connaître cette histoire, mais cette histoire fait renaître la peur des communautés, surtout que les politiciens sans projet de société réel et/ou ayant échoué de sortir le Peuple de la pauvreté n’auront que cela à exploiter: la haine ethnique ou la peur de l’autre comme fonds de commerce auprès des populations encore hantées par ce passé ensanglanté. Tous les Barundi savent ce qu’il s’est passé dans ce Pays: des massacres interethniques à caractère génocidaire avec une certaine sévérité à certaines époques. Un génocide qu’on ne veut pas nommer en 1972 contre les Hutu par l’appareil étatique et des tentatives de génocide contre les Tutsi mais protégés par leur armée quasi mono-ethnique notamment après l’assassinat du Président Melchior Ndadaye en 1993. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas eu de Tutsi tués en 1972 ni de Hutu tués en 1993. Au contraire, souvent, ils ont d’ailleurs été les premiers: Tutsi en 1972, Hutu en 1993 le Président de la République lui-même Hutu parmi les premiers à être assassiné.
Je ne vois pas l’importance de faire perdurer le processus -bientôt déjà plus d’une décennie si pas déjà près de deux-, processus ressuscitant les rancœurs, les peurs et retardant ainsi la réconciliation. Si 1972 prend autant de temps, combien de temps faudra-t-il pour explorer les autres époques: coloniale, 1962-1971 et celles d’après 1972 aussi nombreuses et sanglantes aussi comme Ntega-Marangara et 1994-2008 et même après selon les camps ethniques? Et surtout, le pauvre Pays n’en a pas les budgets.
L’on devrait avancer vraiment et conclure ce processus et enfin parler de réconciliation, éduquer les nouvelles générations dans les valeurs humaines, civiques, patriotiques pour un développement durable.