Sur la chaussée du Prince Louis Rwagasore, entre l’ancien marché de Bujumbura et la Banque Commerciale du Burundi (Bancobu), la quasi-totalité des changeurs, communément appelés abavunjayi s’alignent et s’affairent. Le moment est difficile, ils sont presque en deuil …
Impossible de travailler en solo, des groupes de trois, quatre voire cinq ont été vite constitués. A condition bien sûr qu’ils soient représentés par un individu au niveau de la négociation : « Ubwanwa bwarapfutse umunwa » (littéralement la barbe a couvert toute la bouche), confie un changeur sous anonymat pour dire que les affaires sont au ralenti, que la situation leur échappe. Dans les bureaux de change de la place, ils peuvent passer 30 minutes voire une heure sans clients. Et pour éviter de s’ennuyer, certains changeurs vont à côté pour se distraire, d’autres visionnent des films pour « tuer le temps ».
Pourtant, la situation n’a pas toujours été comme ça, se désole Pierre Kamina, vieux de 30 ans dans le métier. A l’origine, déclare-t-il, c’était la décision de la Banque de la République du Burundi (BRB) d’arrêter de vendre les devises aux bureaux de change. « C’était au mois de janvier 2013. Nous pensions que la mesure n’allait pas durer longtemps », martèle-t-il. Finies les illusions, renchérissent certains changeurs, puisque jusqu’à maintenant, la BRB a maintenu sa décision.
« A la guerre comme à la guerre » lance Dionise Kameca, aussi changeur dans l’un des bureaux autour du défunt marché central de Bujumbura. Lui et ses compagnons ont bien essayé d’avoir recours aux institutions bancaires sur place notamment la Banque de Crédit de Bujumbura (BCB) et la Banque Commerciale du Burundi (Bancobu). « Mais, comme si la BRB courrait toujours derrière nous, révèle-t-il, elle a ordonné à ces institutions de cesser immédiatement ces opérations. »
Les devises des touristes et vacanciers insuffisantes
Dionise Kameca poursuit et explique que pour avoir des devises, il faut attendre les touristes, les vacanciers et certains Burundais qui rentrent des missions de travail à l’étranger. Toutefois, regrette-