La France s’est jointe, ce 19 décembre, aux Etats-Unis pour accuser le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, portant pour la première fois l’allégation en public sur Kigali, malgré le soutien récent aux offensives militaires du pays au Mozambique.
Selon The East African, ces accusations de la France surviennent deux semaines après que Paris ait rallié l’Union européenne pour débloquer 20 millions d’euros (environ 21,2 millions de dollars) afin de soutenir l’offensive militaire de Kigali dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique.
Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, a déclaré que Paris souhaite que les parties respectent les processus de paix de Luanda et de Nairobi, et la fin du soutien aux groupes rebelles comme première étape de la paix durable dans l’est de la RDC.
« Nous condamnons le soutien du Rwanda au groupe M23 et nous demandons que les processus de Luanda et de Nairobi soient pleinement mis en œuvre », a-t-elle déclaré dans un communiqué republié par l’ambassade de France à Kinshasa.
C’est la première fois que la France condamne ouvertement le Rwanda au sujet des rebelles du M23 depuis que leurs relations se soient dégelées il y a près de cinq ans, après des années de tensions liées au refus présumé de la France de contribuer à la répression des auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsis, écrit The East African.
L’ancien ambassadeur du Rwanda en RDC, Vincent Karega, fait savoir que la France est mieux placée pour savoir et comprendre que « le M23 est un problème purement congolais ».
« La France devrait jouer un rôle constructif en aidant la RDC à assumer ses responsabilités et la région à soutenir les processus qui s’attaquent de manière globale aux causes profondes de l’insécurité, des discours de haine et des crimes visant les Tutsis, et à rechercher des solutions durables pour la stabilité et la prospérité de l’Est de la RDC et de son voisinage ».
Pour lui, le fait de pointer du doigt le Rwanda dans des affaires intérieures de la RDC, d’ignorer les activités dévastatrices des FDLR sur les rwandophones et le Rwanda est un acte incendiaire et pas du tout une recherche de solutions.
Le Rwanda aussi pointé du doigt dans le rapport de l’ONU
Déjà sous pression de chancelleries occidentales, le Rwanda se retrouve accusé dans un nouveau rapport des Nations Unies d’avoir mené des opérations militaires dans l’est de la République démocratique du Congo, et d’avoir fourni « des armes, des munitions et des uniformes » à la rébellion du M23, écrit Actualité.Cd.
Dans ce document, des experts mandatés par l’Onu affirment avoir collecté des « preuves substantielles » démontrant « l’intervention directe des forces de défense rwandaises (RDF) sur le territoire de la RDC », entre novembre 2021 et octobre 2022.
Selon le groupe d’experts, l’armée rwandaise a lancé ces opérations militaires pour renforcer le M23 et contre les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un groupe armé majoritairement hutu, fondé par d’anciens responsables du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.
Selon Actulité.Cd, ce rapport détaille également comment, depuis mai 2022, des groupes armés du Nord-Kivu, dont les FDLR, ont collaboré sur les différents fronts avec l’armée congolaise et reçu également un soutien matériel de leur part : « Des chefs de groupes armés, des combattants et des ex-combattants ont confirmé aux experts de l’Onu avoir “combattu, seuls ou conjointement avec les FARDC, contre les troupes du M23 et/ou de l’armée rwandaise et avoir reçu à plusieurs reprises des armes et des munitions de la part de membres des FARDC ».
Kigali rejette encore une fois ces accusations
Selon The East African, le Rwanda a publié, ce 21 décembre, une déclaration rejetant, une nouvelle fois, les allégations selon lesquelles il soutiendrait les rebelles du M23 : « Accuser le Rwanda de soutenir le groupe armé congolais M23 est une erreur et détourne l’attention de la véritable cause du conflit qui se poursuit dans l’est de la RDC et de son impact sur la sécurité des Etats voisins, dont le Rwanda ».
Cette déclaration ajoute que blâmer le Rwanda sape les efforts déployés par les dirigeants régionaux pour trouver une paix durable, notamment par le biais des initiatives de Nairobi et de Luanda, auxquelles le Rwanda est pleinement attaché.
« C’est une erreur de confondre les mesures que le Rwanda a mises en place pour sécuriser ses frontières et le soutien à un groupe armé particulier en RDC ».
Kigali accuse le gouvernement congolais d’avoir fabriqué le massacre de Kishishe : « Une fabrication du gouvernement de la RDC qu’il a attribuée au M23 s’est rapidement répandu sans qu’aucune entité crédible n’ait enquêté sur les faits, malgré les indications selon lesquelles l’incident était une confrontation armée entre le M23 et des groupes armés illégaux alliés aux FARDC ».
Le Rwanda demande à la communauté internationale d’avoir la décence de se pencher sur la persécution d’un groupe de citoyens congolais, ainsi que sur la manière dont les réfugiés du même groupe peuvent exercer leur droit de retourner en toute sécurité dans leur pays au lieu de croupir en permanence dans des camps de réfugiés, confie The New Times.
Ituri : 32 morts et plus de 2000 maisons incendiées
Environ 32 personnes ont péri mardi 20 décembre et mercredi 21 décembre lors des affrontements entre les groupes armés CODECO et Zaïre dans les chefferies des Anyals et de Walendu Watsi, dans le territoire d’Ituri. Plus de deux mille maisons ont également été incendiées par les deux camps dans plusieurs villages avec comme conséquence le déplacement de plus de cinquante mille personnes, révèle la Radio Okapi.
Plus de vingt mille personnes habitant environ six villages ont été contraints d’abandonner leurs domiciles pour trouver refuge à Kambala et Katanga. Depuis le matin de ce 22 décembre, un calme relatif s’observe dans la zone grâce à l’intervention des FARDC.
Selon Okapi, 12 autres personnes avaient été tuées et 7 autres disparus ce 15 décembre par des hommes armés identifiés comme appartenant à la milice d’autodéfense Zaïre Mazembe au village Aleza à 190 kilomètres au nord de Bunia (Ituri).
Ouganda : Le FMI promet 870 milliards de shillings pour la relance économique
Le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement ougandais ont conclu un accord pour donner à l’Ouganda 240 millions de dollars (870,9 milliards de shillings) l’année prochaine afin d’aider le pays à relancer son économie après la pandémie de Covid-19.
Selon Daily Monitor, ce financement soutiendra la réponse à court terme à la crise de Covid-19 et aidera à soutenir une reprise économique inclusive et à mettre en place les réformes structurelles nécessaires au développement économique de l’Ouganda.
« Les réformes structurelles restent essentielles pour libérer le potentiel de croissance de l’Ouganda. Les priorités comprennent le renforcement du cadre de lutte contre la corruption et du régime de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, l’amélioration de la sécurité sociale, l’avancement du programme d’inclusion financière et l’adaptation au changement climatique », a déclaré Malhar Nabar, le chef de mission du FMI en Ouganda.
Concernant la croissance économique, il fait savoir qu’elle devrait s’établir à 5,3 % pour l’exercice budgétaire 2022/2023, soit 0,7 % de moins par rapport au mois de mars dernier, en raison de l’impact de la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt sur la demande intérieure.
Selon lui, l’inflation globale va atteindre 8,3 % en Ouganda en raison de la hausse des prix des produits de première nécessité et des coûts des intrants importés, l’intensification de l’épidémie d’Ebola et le changement climatique.
Tanzanie : Le refus du droit de vote aux détenus est anticonstitutionnel, a tranché la justice
La Haute Cour de la Tanzanie a jugé, ce 22 décembre, qu’il est anticonstitutionnel de restreindre le droit de vote aux détenus. L’arrêt a été rendu à la suite de la décision du juge Elinaza Luvanda dans le procès constitutionnel intenté par deux anciens détenus, écrit The Citizen.’
Tito Elias Magoti et John Boniface Tulla, ont porté plainte cette année auprès de la Haute Cour, affirmant que le droit de vote leur avait été refusé lors des élections générales de 2020. Ils ont intenté un procès contre le Service pénitentiaire de Tanzanie, la Commission des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, le procureur général de la République et la Commission électorale nationale.
D’après The Citizen, une partie de la loi électorale stipule que les personnes condamnées à mort et celles qui servent une peine de prison de plus de six mois ne peuvent pas voter lors des élections. La Haute Cour a invalidé cette partie, affirmant qu’elle est inconstitutionnelle : « Cette partie de la loi électorale contrevient à la constitution du pays. Par conséquent, elle est nulle et non avenue ».