Les évêques catholiques dressent un constat accablant de la situation sociopolitique et économique du pays dans un communiqué publié à l’occasion de l’ouverture de l’année jubilaire de 2025 ans de l’Eglise. Discrimination, favoritisme, pauvreté croissante et dégradation du système éducatif figurent parmi les défis dénoncés. Ce message a suscité des réactions variées, entre soutien et appels à des réformes pour redresser la nation.
Dans ce texte lu dans toutes les églises catholiques du pays ce dimanche 15 décembre, les évêques ont mis en évidence plusieurs problématiques majeures, notamment la discrimination, le favoritisme dans les recrutements, la mauvaise gouvernance et la corruption.
Ils ont dénoncé également la pauvreté croissante et la flambée des prix des produits de première nécessité, en particulier des produits vivriers. « Il se montre encore un esprit discriminatoire, le pouvoir non partagé, ainsi que des cas de spoliation du trésor public », ont-ils affirmé, ajoutant que « l’impunité et la justice qui n’est pas faite comme il faut », sont des défis persistants.
Les évêques ont pointé également le favoritisme qui privilégie les jeunes militants du parti au pouvoir dans l’accès à l’emploi. Ils déplorent que des pratiques de corruption soient souvent exigées, « du favoritisme dans les recrutements, tenant compte d’appartenance politique, notamment le courage de militer pour le parti au pouvoir, voire même la demande de corruption sans tenir compte des moyens du recruté ».
Par ailleurs, ils ont tiré la sonnette d’alarme sur les disparitions forcées non élucidées et les effets du chômage sur la jeunesse burundaise, notamment en provoquant des divorces dus à la pauvreté familiale.
Outre les problèmes économiques et sociétaux, la Conférence des évêques souligne également la dégradation du système éducatif burundais. Selon eux, cette situation entraîne des conséquences graves pour l’avenir du pays. Ils appellent à des réformes urgentes pour inverser cette tendance.
Face à cette situation, la Conférence des évêques catholiques plaide pour un renforcement de la confiance au sein de l’Église catholique, mais également dans la société en général et dans la diplomatie. Elle plaide également pour l’engagement de ses fidèles à défendre les droits de l’Homme.
Ces observations n’ont pas laissé la société civile indifférente. Hamza Venant Burikukiye, représentant du CAPES+, a réagi en affirmant que « simplement, tenant compte de leur influence sur leurs fidèles, le Burundi étant majoritairement croyant en Christ dans la religion catholique, ils sont bien placés pour prêcher l’amour, la paix et la fraternité afin d’instaurer un terrain sain et harmonieux au sein de la population ». Il a également souligné que « les leaders du Burundi au plus haut sommet sont parmi leurs fidèles ».
Du côté des partis politiques, Olivier Nkurunziza, président de l’UPRONA, a salué la pertinence du message des évêques. « Ce n’est pas la première fois que les évêques de l’Église catholique lancent un tel message. Ces messages s’adressent aux fidèles de tous les partis politiques, de toutes les ethnies », a-t-il déclaré.
Il reconnaît que « les problèmes de pauvreté dans le pays, le manque des produits de première nécessité, notamment le sucre et le carburant, sont des grands défis auxquels font face les gens ».
Concernant le favoritisme dans les recrutements, le président du parti Uprona a dénoncé une réalité qui divise la population. « Le problème de ne privilégier que les personnes appartenant au parti au pouvoir, ces dernières deviennent instrumentalisées, comme si ne pas appartenir au parti au pouvoir ne donnait pas droit à avoir du boulot. Normalement un test devrait être passé pour avoir du travail », a-t-il souligné. Selon lui, ces pratiques risquent d’affaiblir la cohésion sociale et de provoquer des répercussions négatives à long terme.
Le président de l’UPRONA a également abordé la question de la justice et de la sécurité. « Durant cette période où l’on s’achemine vers les élections, on doit se lever pour défendre la justice. C’est la justice qui fait que la population vit dans la tranquillité. Les gens disparaissent, meurent, le pouvoir étant là, c’est une triste réalité, il faut mettre un terme à cette situation, car notre pays doit avoir la paix », a-t-il regretté.
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