Bien que le gouvernement ait promis une réouverture sous peu des frontières terrestres et maritimes, les commerçants interrogés convergent à dire qu’il y a urgence pour prévenir des pertes énormes.
Mines renfrognées, à peine relevant la tête à l’affût du passage d’un client potentiel… Depuis la fermeture des frontières, dans les marchés à forte affluence, notamment chez Sion et à Ruvumera, les commerçants sont désemparés.
Mardi, il est 10h. A Ruvumera dans le « quartier » où se vendent les chaussures d’occasion, les commerçants préfèrent venir jouer aux cartes pour éviter de se morfondre chez eux. « Cela nous permet d’évacuer le stress et d’espérer qu’un ami qui a vendu quelques paires te prête 3000 BIF », lâche Lambert, un vendeur de ces chaussures. D’habitude bondé de monde au début du mois, « ce quartier » n’est que l’ombre de lui-même. « Une semaine peut passer sans écouler aucune paire de chaussures ».
D’après lui, cette situation risque de s’aggraver avec la hausse récemment annoncée du prix du test de la Covid-19. « Même si le gouvernement venait à rouvrir les frontières, je doute que les Tanzaniens, les Congolais constituant le gros de notre clientèle seront en mesure de payer les 100 dollars américains chaque fois qu’ils viendront».
Depuis la fermeture des frontières, le nombre d’articles invendus explose, entraînant des conséquences : ne plus être en mesure de subvenir aux besoins de sa famille, l’accumulation des dettes impayées des taxes à la mairie et à ses fournisseurs. Pour éviter de rentrer bredouille, confie-t-il, nous préférons vendre à perte.
« Siba kwiba wigurane », le modus operandi
Littéralement « ne sois pas tenté de voler, puise dans tes économies », à Ruvumera, l’expression est quotidienne.
Marthe avoue qu’elle y recourt, depuis un mois : « C’est malgré nous! Nos enfants doivent bien manger. » Vendeuses de chaussettes, elle confie que son business a volé en éclats avec l’apparition du nouveau coronavirus. « Outre la clientèle qui s’est réduite comme peau de chagrin, il est désormais impossible de s’approvisionner comme il faut. Les chaussettes importées de l’Europe arrivent rarement ». Elle s’est rabattue sur celles en provenance de la Chine. Une alternative qui ne satisfait pas ses clients pour cause de qualité inférieure. Depuis, elle confie qu’elle ne dégage quasiment pas de marge bénéficiaire : «Pour un ballot acheté à 360 mille BIF, j’arrive rarement à avoir 10 mille de bénéfice».
Face à cette situation, ces commerçants demandent à la mairie de leur venir en aide. « Qu’elle nous donne un coup de pouce, ne fût-ce que baisser momentanément les taxes en attendant la reprise de l’activité économique ».
Un avis partagé par Thierry Havyarimana, représentant légal de l’Association des commerçants transfrontaliers du Burundi. Tirant le diable par la queue, il ne cache pas que sous peu certains d’entre eux mettront la clé sous le paillasson, si le gouvernement ne décide pas cette réouverture dans les meilleurs délais. Pour rappel, l’aéroport international Melchior Ndadaye rouvrira dimanche 8 novembre.