Malgré les avancées positives de l’évaluation à mi-parcours de la campagne de dépistage massif, la rentrée scolaire a dépeint une autre réalité. Sur certains établissements, expressément, les élèves font fi du respect des gestes barrière.
Loin des bonnes habitudes de ne pas se serrer les mains, d’éternuer dans le creux du coude, ce sont des élèves peu enclins au respect des gestes barrière qui ont retrouvé le chemin des salles de classe, le lundi 7 septembre.
Embrassades, étreintes, câlins à tout va. De l’Ets Kamenge, à l’Ecofo Kibenga en passant par le Lycée du Lac Tanganyika, la joie de retrouver ses camarades de camarade a fait tomber les gestes barrière aux oubliettes. « Le corona est mort », ne cessent de crier les élèves du LLT. Même situation à l’Ets Kamenge. Malgré les mesures pour le lavage des mains, la négligence était au rendez-vous. Tout le monde se saluait par des accolades. De quoi inquiéter les parents présents.
Autour de 2000, l’effectif total des élèves de l’ETS Kamenge, un parent rencontré sur place estime que les autorités scolaires devraient être fermes par rapport au respect des gestes barrière. « Il ne suffit pas de rappeler. Il faut aussi des mesures claires voire des sanctions pour les contrevenants ». Face à cet égarement, insiste-t-il, les risques de contamination augmentent. « Et le prix à payer serait terrible ! ». Des mauvaises habitudes qui risquent de couper dans l’élan les efforts du gouvernement. La barre des 15.000 personnes dépistées ayant été atteinte plutôt que prévu, le ministère de la santé indique : « Dorénavant, l’objectif sera de dépister 30.000 personnes ».
Sensibilisation à tout prix
Bien que le ministre de la Santé se targue de la réduction des contaminations en interne, les experts en santé publique sont unanimes. Sans une sensibilisation-information de fond, le risque d’existence de foyers de contamination est élevé : « C’est un préalable important pour que la population s’imprègne de l’observation des gestes barrière », préviennent ces experts.
Et dans certaines provinces, les témoignages sont évocateurs. Depuis l’apparition de cas positifs, c’est une peur généralisée. Une stigmatisation qui, souvent, s’accompagne de harcèlement moral.
D’après ces témoignages, certains cas suspects refuseraient de se faire dépister. « Un non-sens. Parce que soignés, les malades recouvrent généralement leur santé ».
Pour les experts en santé publique, c’est une situation qui doit changer au plus vite. « Sinon, on pourrait assister à « une chasse aux sorcières » dans le Burundi profond ». A cet effet, ils appellent à l’implication des administratifs à la base. « Ils doivent rassurer, apaiser les esprits. Mais, pour cela, faudrait-il qu’ils soient également formés».
Pour rappel, depuis le début de la campagne de dépistage massif, plus de 24.600 personnes ont été dépistées, 445 ont été testées positives, dont 357 ont recouvré leur santé et 87 encore sous traitement.