Susceptibles de développer des formes graves de la Covid-19, des personnes souffrant de diabète ou de pathologies cardiovasculaires préfèrent renoncer à certains plaisirs par crainte d’être contaminées.
Ils se comptent par milliers voire des millions. Elles, ce sont les personnes vivant avec le diabète, les pathologies cardiovasculaires, sous dialyse chronique, l’asthme… A cause de la Covid-19, à l’instar d’Anne, elles ont dû faire une croix sur leurs activités récréatrices.
« A défaut de ne pas prendre part à la messe du dimanche, je branche mon poste radio et l’écoute à la maison », confie Anne non sans peine. Un rituel devenu quasi quotidien pour la catholique pratiquante. Retraitée de la Fonction publique depuis un an, la sexagénaire dit ne pas avoir pas d’autre choix : « Que faire d’autre que de rester chez soi quand on sait que l’on souffre du diabète et qu’il figure parmi les facteurs de risques de contamination ?»
A l’origine de ces précautions, la convalescence de l’une de ces amies. Souffrant du diabète de type 2, raconte Anne, elle a développé une forme grave de la Covid-19. Elle sera sauvée in extremis par l’association des tisanes avec le traitement thérapeutique. Et depuis, la retraitée indique éviter les lieux susceptibles de rassembler du monde. Pour elle, c’est une torture sans nom, parce qu’en plus de la messe, elle ne prend plus part aux fêtes familiales.
Même cas de figure pour Marc. Souffrant d’asthme chronique, cet employé au sein d’une agence de voyage a failli quitter son emploi. « Nous portons des masques, nous nous lavons les mains. Mais, le virus reste itinérant en plein air… »
Alité durant deux semaines des suites de la Covid-19, il s’en est sorti grâce à sa sobriété. « Le médecin m’a fait savoir que si je buvais de l’alcool, ma guérison serait compromise ». A la maison, en plus de la distanciation physique, aucune personne n’entre sans porter de masque. « C’est devenu une phobie qui s’installe peu à peu chez nous. Entre nous, il n’y a plus cette chaleur humaine. Quand bien même tu veux serrer un enfant dans tes bras, tu t’en passes».
Dimanche fait figure d’exception. De confession protestante, il indique prendre de précautions : « En plus de me mettre à l’écart, je dois impérativement porter un masque. »
Une peur diffuse
Outre cette catégorie de malades souffrant de comorbidités, certaines personnes vivent la peur au ventre d’être à tout moment contaminées. Au moindre contact, elles pensent avoir été infectées. Lionel, quadragénaire, a développé, un mois durant, une peur le contraignant à rester chez lui. « Je ne sentais plus mon corps, mes articulations lâchaient les unes après les autres », confie-t-il, avant d’ajouter : « Il a fallu que je me fasse dépister pour que j’en aie le cœur net. Et là aussi, bien que mes résultats fussent négatifs, je n’étais pas convaincu.» Et depuis ce jour- là, il s’abstient de fréquenter des endroits susceptibles de rassembler du monde.
« Un traumatisme, s’il est longuement entretenu peut causer une immunodépression », prévient A.M., médecin. Il faut prendre des précautions, mais il ne faut pas qu’elles soient prises sous l’effet de la peur ou du stress. « Sinon, quand bien même c’est une simple pathologie, des complications peuvent survenir parce que le corps est préoccupé par autre chose que de donner l’alerte à ces anticorps ».
Par rapport aux patients souffrant de comorbidités, il recommande de prendre des précautions qui doivent être accompagnées par un bon traitement. A ce niveau, il estime que le gouvernement doit faire feu de tout bois pour que les médicaments antidiabétiques (insuline), les antihypertenseurs et autres soient accessibles à tout le monde. « Ainsi, je suis sûr que même atteints de la Covid-19, ils pourront recouvrer leur santé ».