Ce mercredi 29 juillet 2020, le port du masque est devenu obligatoire pour les chauffeurs de bus, les rabatteurs et les aides-chauffeurs (convoyeurs). Au lendemain de la mesure, Iwacu s’est rendu sur certains parkings. Constat : Une mesure restée lettre morte.
Il est 11 heures au parking des bus desservant le nord de la ville de Bujumbura. Des files indiennes des bus convergent à ce grand parking au centre-ville. Comme à l’accoutumée, des dispositifs de lavage des mains sont disponibles. Les rabatteurs veillent à ce que les passagers respectent ce geste barrière.
Contrairement à la mesure prise par l’Association des transporteurs du Burundi (Atrabu), aucun chauffeur ou convoyeur ne porte un masque. Seul un des rabatteurs en porte. « C’est inadmissible nous obliger de port de masque alors que les 18 passagers n’en ont pas. Si c’est pour nous protéger contre la Covid-19, il fallait l’imposer à tout le monde», fait savoir un chauffeur au volant.
Même son de cloche chez P.G, un rabatteur sur place. Pour lui, pas d’importance dans la mesure où ils doivent accueillir des passagers qui n’en portent pas. Il affirme en avoir mais la porter ne l’intéresse en aucune manière. « C’est important quand il est obligatoire pour tout le monde »
Pour sa part M.N président de l’un des associations des chauffeurs sur ce parking, masque vert sur la bouche, dénonce une mesure spontanée. Pour lui, la mesure a été uniquement prise pour des raisons commerciales. « L’Atrabu a bénéficié d’un appui en masque mais veut en faire un business. Des ateliers de coutures ont été mis en place pour profiter de cette clientèle. Ce n’est pas tout. Même les dispositifs de lavage qui étaient un don nous a coûté d’argent ».
Quand l’incompréhension persiste
Une situation analogue au parking des bus desservant les quartiers du sud de la capitale économique. Il est 11h 40, un seul chauffeur au volant a un masque et le porte au menton. Deux des agents du comité mixte de sécurité de l’Atrabu sur ce parking les portent dans les conditions exigées. Le respect du geste barrière de lavage des mains avant de monter dans un bus est observé.
Pantalon jeans déchiré, K.D, un des chauffeurs explique d’un ton difficilement audible que le port de masque est étouffant. « Quand j’essayais de le porter, je n’arrivais pas à respirer. Il n’a pas d’importance que de tuer d’asphyxié. Même on me les donnait gratuitement, je ne les porterais pas. C’est sans effet».
A l’opposé, sa consœur, N.K chargée de la perception au compte de l’Atrabu, comprend l’importance du port de masque. Pour elle, il doit y avoir des mesures d’accompagnement notamment la distribution gratuite dans les parkings.
Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’Atrabu, rappelle qu’il est si important et urgent de se protéger et protéger les autres contre la pandémie de la Covid-19. Il menace de sanctions tous les recatrcitrants. « Toutes les parties prenantes ont été consultées. Nous n’allons pas reculer. L’Atrabu ne peut pas se substituer à l’Etat pour imposer le port de masque à tout le monde. Nous avons fait ce qui est à notre pouvoir».
Paradoxalement, dans la foulée du lancement du port obligatoire du masque, des chauffeurs, convoyeurs et rabatteurs avaient salué une mesure importante pour se protéger de la covid-19.