Aucune journée ne passe sans que plus de cinq patients avec des signes éloquents de la Covid-19 ne viennent consulter dans différents hôpitaux. Au service des Urgences, c’est l’alerte constante face aux moindres signes du virus chez un patient.
Du CHUK à l’Hôpital Kira en passant par la Clinique Prince Louis Rwagasore, chez le personnel soignant, règne un sentiment de peur diffuse. Les médecins sont constamment sur le qui-vive. L’accueil souvent chaleureux des infirmiers urgentistes cèdent peu à peu à des regards scrutateurs inquiets. « C’est comme si tout le monde souffrait de la maladie », confie un infirmier de la CPLR. Pour eux, ils se doivent d’être rigoureux. Et si l’on en croit les registres, le nombre de patients avec de tels symptômes ne cesse d’augmenter. Autour de 5 à 9 patients par jour, selon un médecin de l’Hôpital Kira.
La grande interrogation concerne leur diagnostic. « Un casse-tête sans nom d’autant plus que seul l’INSP est autorisé à effectuer le test ! ». Face à cette situation, il fait savoir que le scanner thoracique est leur seul recours. « Certes, l’examen ne met pas en relief toutes les zones d’ombre. Mais, dans plus de 80% des cas, nous avons une idée de quoi souffre le patient, à quel degré s’étendent les lésions pulmonaires », confie un médecin sous anonymat.
Suite aux risques de contagion, il indique qu’ils ont dû réaménager le service des Urgences : « Dans chaque hôpital, désormais, il y a des unités de transit pour les cas suspects.» Toutefois, compte tenu de l’afflux massif des patients, indique un infirmier de l’Hôpital militaire de Kamenge, ces unités sont au bord de la saturation.
Quid du 117 ?
Avec une moyenne d’âge compris entre 40 et plus de 70 ans, A.R, médecin à la CPLR, fait savoir que nombreux sont les patients qui refusent d’être référés de leur gré dans les centres de prise en charge mis en place par le ministère en charge de la Santé. « Carrément, ils refusent, arguant qu’ils n’y mettront pas les pieds sous prétexte que la prise en charge y laisse à désirer ». Selon ce médecin, un dilemme sans nom. « La plupart des fois, nous leur prescrivons des médicaments avant de les renvoyer chez eux ».Une décision avec des risques énormes malgré leur confinement à la maison. A ce stade, indique-t-il, le taux de reproduction (contamination) est assez élevé. Et aussitôt de déplorer : « Pire, c’est quand vient le moment d’alerter l’équipe d’intervention rapide du ministère de la Santé pour un cas suspect ! »
Tous les médecins rencontrés soutiennent qu’ « à aucun moment, le 117 n’a répondu à nos appels ». Un drame d’autant que les risques de complication et de contamination sont accrus.
Pour pallier de tels désagréments, les médecins contactés s’accordent sur une chose. Ils demandent que soient multipliés les centres de dépistage. Dans l’attente d’autres mesures accompagnatrices, dans presque tous les hôpitaux tant privés que publics, le port du masque tend à se généraliser pour le personnel soignant.