L’annonce du président de la République de réduire le coût du savon jusqu’à 50 % n’est pas encore mise en application. Iwacu a fait le tour ce 13 juillet sur quelques stands de savon en mairie de Bujumbura.
«Hé ! Le savon, c’est 200 BIF la pièce », s’écrie Jean Miburo, un des vendeurs détaillants du savon bleu dit ‘‘Bururu’’ de l’usine Savonor, rencontré devant son stand à l’ancien marché central de Bujumbura.
Même si le prix du savon a été officiellement fixé à 150 BIF, ce commerçant continue à le vendre à 200 BIF. Il avance qu’il l’achète chez les grossistes à un coût élevé. «J’achète le carton de 48 pièces à 8 500 BIF, j’ai décidé de le vendre à 200 BIF pour au moins gagner le ticket de retour à la maison».
B.N., un autre marchand, déplore en plus le manque de ce savon ‘‘Bururu’’ qui s’observe dans les dépôts du Savonor. «Où penses-tu que tu pourrais trouver ce savon même à 8 000 BIF?».
Ces commerçants trouvent difficile la mise en application de l’annonce du président. Ils soutiennent qu’ils seraient en train de travailler à perte. Ils demandent au gouvernement de se concerter avec le Savonor et ses grossistes afin de fixer un prix qui pourra avantager vendeurs et population. « Il est impossible d’acheter le carton à un prix avoisinant 10.000 BIF et le vendre à 100 BIF ».
Dominique Deshommes, chef du projet du savon bleu au sein de l’Unicef, indique que selon l’accord de partenariat signé avec le Savonor, l’usine doit fabriquer 10 millions de barres de 150 g de savon par mois. Il confie que l’Unicef est déjà au courant de cette spéculation. «Il y a un mécanisme de marché que nous ne contrôlons pas. Il y a plusieurs intermédiaires entre le producteur Savonor et les marchés».
L’Abuco demande un suivi de l’annonce
L’Association burundaise des consommateurs (Abuco) salue la mesure prise par le président de baisser le coût du savon pour lutter contre la covid-19. Elle demande néanmoins au gouvernement de faire un suivi afin de bannir la spéculation.
Tout commerçant opportuniste devrait être sanctionné. «Nous pensons que les instances habilitées doivent faire respecter la mesure surtout en ce moment où le coronavirus commence à menacer», avance Noël Nkurunziza, le porte-parole de l’Abuco.
L’annonce de réduire le prix du savon a été faite par le président de la République, lors de la prestation de serment de la nouvelle équipe gouvernementale. L’objectif est de combattre la propagation de la pandémie du coronavirus.
Le bilan officiel du ministère de la Santé fait état de 269 personnes testées positives au covid-19 depuis la déclaration de cette pandémie au Burundi.