Presque 0% de taux d’occupation dans les chambres, nette baisse du chiffre d’affaires, licenciement temporaire ou définitif et chômage technique du personnel, voilà le sombre tableau du secteur hôtelier et touristique en temps de pandémie de la Covid-19.
Situé sur la chaussée du Prince Louis Rwagasore, dans la zone Rohero en commune urbaine de Mukaza, Martha Hôtel est un hôtel 3 étoiles, selon la classification du visa unique de l’EAC 2019. « Depuis avril, pas un seul client dans les chambres », se lamente le chef du personnel. Ce manque de clients dans les chambres implique, dit-il, la restauration et le bar. La clientèle est essentiellement composée de voyageurs étrangers. Tout a basculé avec les restrictions des voyages internationaux et la fermeture des frontières.
Pour le moment, l’hôtel se contente de quelques ateliers, dont le nombre a fortement diminué car les finances des ONG n’ont pas été épargnées. « Nous avions l’espoir que la situation allait se normaliser, mais rien ne bouge. Nous ne sommes plus en mesure d’entretenir tout le personnel».
Désormais, les employés sont contraints à un chômage technique alternatif de 15 jours avec la moitié du salaire. Il n’exclut pas des chômages techniques proprement dits et licenciements. Tant que les vols internationaux ne sont pas encore autorisés et les frontières rouvertes, le secteur hôtelier et touristique restera en détresse.
Même son de cloche au City center Hôtel sis au centre-ville. Les chambres sont vides, depuis mars, selon un des réceptionnistes. La clientèle était principalement composée d’étrangers de la sous-région. Un hôtel qui accueillait des conférences. Tous les travailleurs journaliers ont été renvoyés. Sur 13 employés permanents, six ont été contraints au chômage technique. « Les pertes sont énormes et estimées à quelques centaines de millions ».
Denis Nshimirimana, secrétaire général de la chambre fédérale du commerce et d’industrie du Burundi (CFCIB) se dit très préoccupé. « Il n’y a plus de voyageurs, même ceux qui venaient dans le cadre des projets de la Banque mondiale, de la BAD, du système des Nations Unies et du PNUD ne viennent pas, car l’espace aérien est verrouillé.» M. Nshimirimana souligne que les conséquences sont catastrophiques. Des restaurants tournent au ralenti. Le personnel a été chassé. Beaucoup d’hôtels sont même incapables d’honorer la facture de l’eau et de l’électricité pour l’entretien des locaux.
Il rappelle que dans d’autres pays, à cause de la Covid-19, les gouvernements ont pris des mesures pour sauver les entreprises. Le secrétaire général de la CFCIB lance un appel au gouvernement pour sauver le secteur hôtelier et touristique en souffrance.
Il demande notamment la restructuration de la période de remboursement des crédits pour diminuer les mensualités. L’Etat devrait prendre en charge une partie des intérêts pour sauver et les emplois et les investisseurs. Enfin, il demande aux banques de ne pas imposer des intérêts de retard et de revoir fortement à la baisse le taux d’intérêt « exorbitant».