Pour les leaders syndicaux de la Coalition Spéciale des Syndicats des Enseignants pour la Solidarité Nationale(COSSESONA), la cotisation mensuelle de 500 BIF prélevée sur le salaire des enseignants est un esprit de solidarité nationale pour aider les plus nécessiteux. L’initiative divise.
A Gitega, devant les enseignants, les directeurs d’écoles, les directeurs communaux et provinciaux de l’éducation, les dirigeants de COSSESONA n’ont pas lésiné sur les moyens.
Durant deux jours successifs, ils ont tout expliqué. Passant des réalisations de la Fondation pour le Logement du personnel de l’Enseignement (FLE), de l’épargne des enseignants, ils ont fixé une cotisation mensuelle de 500 BIF par chaque enseignant dans le but d’être un exemple de citoyenneté. Ces responsables n’ont pas tari d’éloges pour la contribution du personnel enseignant qui d’après eux, sera bénéfique à tout le monde.
« Aujourd’hui, les syndicats des enseignants ont tout fait pour améliorer la vie socioprofessionnelle de nos membres. Nous avons aussi mis en place un cadre légal et réglementaire pour assister la population victime des aléas climatiques, l’assistance aux enseignants en situation critique, plus particulièrement ceux ayant besoin des soins de santé qui exigent le déplacement vers l’étranger», se félicite Victor Ndabaniwe, président de COSSESONA.
N’ignorant pas que tous les enseignants ne sont pas d’accord avec lui, Ndabaniwe prévient : « Nous mettons en garde ceux qui nous diabolisent, de ne pas saboter nos projets et nos réalisations. Personne n’est contraint de nous suivre, ils peuvent faire ce que le droit leur permet».
Serge Ngendakumana, président du Conseil National de Dialogue Social (CNDS) de renchérir : « Cette contribution est un signe de solidarité envers le public et envers l’enseignant lui-même. Avec cet argent, il y’aura un fond pour venir en aide à ceux qui sont hospitalisés et qui sont incapable de payer les frais mais aussi les victimes des aléas climatiques ! »
Dans cette réunion de Gitega, l’épargne de FLE était aussi à l’ordre du jour. « Elle épaule les enseignants à accéder à un logement décent sur base des crédits octroyés à des taux d’intérêts réduits. Elle n’est pas obligatoire comme les uns le prétendent. Ceux qui le veulent peuvent se retirer », assure ce président de COSSESONA.
« Touche pas à mon salaire ! »
Malgré ces bonnes intentions proclamées par ce consortium des syndicats, pas mal d’enseignants n’épousent pas les idées du COSSESONA et ses dirigeants. Pour les uns, c’est un programme louable, pour les autres, c’est du détournement des fonds. « Ma seule inquiétude, c’est la gestion de ces milliards sinon l’initiative était bonne », dira une enseignante de Mutaho.
Dans un autre camp, les propos sont plutôt virulents. « Si un groupe de personnes se donnent le pouvoir de gérer notre salaire, c’est du vol pur et simple », affirme un enseignant de Gitega.
Pour lui, le gouvernement se suffit lui-même avec le ministère de la Solidarité. Et ce n’est pas aux enseignants qui touchent un salaire de misère de supplanter les organes de l’Etat. « Nous contribuons aux élections, nous cotisons dans l’INSS et la Mutuelle de Fonction Publique, etc. Pas question alors de continuer de toucher encore une fois à mon salaire », ajoute un autre enseignant interrogé.
Tandis que certains ne veulent pas entendre parler de ces cotisations qu’ils considèrent comme obligatoires et injustifiées, les autres jugent le COSSESONA de rouler pour le gouvernement. « Au lieu de lutter pour les droits des enseignants qui sont les moins payés par rapport aux autres fonctionnaires, ils s’occupent de la politique et du clientélisme. C’est un groupe de gens qui se réclament syndicalistes alors qu’ils veulent s’enrichir sur notre dos », charge un autre invité à cette rencontre.
Et pour les crédits aux logements, beaucoup sont allés même loin en pointant du doigt l’opacité qui règnerait dans le choix des bénéficiaires. Parmi les perspectives d’avenir, ces leaders syndicaux envisagent de voir à la hausse dès janvier prochain, l’épargne qui est de 5.000 BIF par enseignant. «La FLE ne serait pas en mesure de servir tous les enseignants si l’épargne n’augmente pas ».