La Cour Suprême vient de décider de siéger dans l’affaire Juvénal Rududura, après près de deux ans de délibération. Entretemps, l’ancien syndicaliste, dans la galère, attend d’être réintégré dans son travail. Le ministre de la Justice vient de reconnaître la corruption qui sévit dans son ministère, comme l’avait déclaré le président du PARCEM. Et comme l’avait dit aussi Juvénal Rududura, ancien vice-président du Syndicat des Travailleurs Non Magistrats, qui avait pointé du doigt la corruption régnant dans le recrutement au sein de la magistrature. Comme Faustin Ndikumana, il est accusé de fausses déclarations contre le ministre de la Justice. Et, comme pour le président du PARCEM, le syndicaliste est arrêté à la Cour anti-corruption le 15 septembre 2008. Ecroué le même jour à Mpimba, Rududura y passe près de 10 mois en prévention préventive, avant d’être libéré provisoirement le 9 juillet 2009. Il ne paie pas de caution comme Faustin Ndikumana mais, tout comme lui, il lui est défendu d’aller au port de Bujumbura ou à l’aéroport, ou de dépasser les frontières de la mairie. Il s’ensuit une imbroglio judiciaire . En effet, la Cour anti-corruption s’étant déclarée incompétente pour analyser la plainte du ministère public, ce dernier fait alors appel à la Cour Suprême. Le 16 septembre 2009, celle-ci met l’affaire en délibéré, pour décider de la juridiction qui est compétente pour juger cette affaire. « Ce n’est que ce mercredi 22 février 2012, presque 2 ans après, que je viens d’apprendre que la Cour Suprême a décidé de siéger dans ce dossier », s’étonne Juvénal Rududura. Tolérance zéro … Dès sa sortie, Juvénal Rududura écrit plusieurs correspondances au ministre de la Justice pour être réintégré dans son travail, en vain. Il lui rappelle même la promesse faite par le Président de la République, lors d’une rencontre avec les leaders syndicalistes à Ngozi le 29 avril dernier, que le syndicaliste soit réintégré, mais sans résultat. Aujourd’hui, Juvénal Rududura vit dans la misère pour avoir osé dénoncer des malversations que même le premier vice-président de la République, ainsi que le garde des Sceaux, ont reconnues plus tard. Pour un gouvernement qui fait de la Tolérance zéro contre la corruption son fer de lance, il semble que Rududura soit celui qui n’ait pas été toléré, en tout cas plus que les autres. Il devrait aujourd’hui être réhabilité, en réintégrant son travail et en étant rémunéré pour tout ce temps resté au chômage, à cause de son engagement citoyen.