Lors du lancement de la semaine dédiée à la corruption, le numéro un burundais évoquait, sur [le dernier rapport de Transparency International->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4320], « l’interférence d’informations sans doute occultes et malveillantes » dans la rédaction du document. Pourquoi ? Le ministère à la présidence en charge de la Bonne gouvernance explique.
Pour faire simple, l’argumentation du gouvernement burundais tient en une phrase : les données utilisées par [Transparency International pour publier l’indice de corruption au Burundi->http://www.transparency.org/country#BDI_DataResearch] le 5 décembre 2012 ne sont pas à jour : « Certes le Burundi n’est pas encore le champion qu’il ambitionne d’être en la matière, mais il est inconcevable qu’il ait reculé cette année [pour être le 165ème sur 174] puisqu’il est affublé (sic!) du même score, à savoir 1.9/10 et 19/100, sur les deux classements successifs 2011 et 2012. »
Une note similaire alors que l’indice de perception de la corruption calculée par le même organisme plaçait le Burundi deuxième dans la sous-région … quatre mois avant !
<doc6508|left>Et pour montrer qu'{on ne perçoit seulement pas} la corruption au Burundi, mais qu'{on agit contre}, des chiffres sont livrés :
– 1462 dossiers traités par le Parquet Général Près la Cour Anti‐Corruption, avec un recouvrement de plus d’un milliard de Fbu
– 835 dossiers sur les 941 enregistrés jugés et clôturés par l Cour Anti‐Corruption, avec 597 millions de Fbu recouverts
– L’ancien Administrateur Directeur Général de la Sosumo ainsi que l’ex-Directeur de l’Otraco en prison, accusés de malversations économiques; un ancien Chef de mission diplomatique écroué pour des faits de détournement; 10 fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture licenciés pour [détournement de vaches destinées à la population->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1876]; deux administrateurs communaux qui ont subi le même sort ; plusieurs agents de l’OBR mutés, une vingtaine licenciés et 4 chefs de service emprisonnés pour corruption.
– Par ailleurs, note le ministère, « la mise en œuvre du Code des marchés publics promulgué en 2008 a permis la transparence dans l’attribution des marchés » (voir le tableau en encadré)
Enfin, les projections pour l’OBR sont de 500 milliards Fbu de recettes pour 2012 (à 486 milliards jusqu’en novembre), soit une hausse de plus de 50 % sur celles de 2010 : « Cette augmentation spectaculaire s’interprète comme le résultat des mesures de lutte contre la corruption et la fraude fiscale »
Et c’est « sur base de [ces données], que se pose la question des sources de données utilisées par Transparency International dans la détermination du classement publié le 5 décembre 2012 … », note le ministère.
| Pour rappel, commentant ce rapport de Transparency International, l’Observatoire de lutte contre les malversation économiques avait dénoncé "[de nombreux hauts dignitaires devenus des hommes d’affaires et qui s’attribuent des marchés avec des règles taillées sur mesure->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4341]", avant de préciser que "les dossiers de corruption cumulés et documentés tablent sur une somme avoisinant les 500 milliards de Fbu depuis 2002" |
Soulignant « apprécier le Rapport EA Bribery Index 2012 qui, lui, résulte d’une enquête physique sur terrain et donne des indications précises secteur par secteur, offrant ainsi au Gouvernement la possibilité de prendre des mesures appropriées de renforcement ou de correction, le cas échéant », le document gouvernemental signifie par contre « porter très peu de crédit au le contenu de ce rapport [de Transparency International 2012] qui, d’une part, donne un indice brut peu susceptible d’exploitation utile et, d’autre part, montre que les informateurs ou les statistiques consultés ont une vision figée du Burundi, plutôt rétrospective, qui ne peut que ternir son image et nuire à son économie en pleine phase de relèvement avec l’appui de la Communauté internationale » …
Enfin, tout en demandant aux partenaires techniques et financiers de « ne pas prendre en compte, ou tout au moins de relativiser, les informations publiées sur le Burundi dans ce rapport », le gouvernement burundais « souligne sa disponibilité à continuer, et même à renforcer la coopération qu’il a entamée avec TI dans le secteur de la lutte contre la corruption ».
Et d’inviter l’organisme à « un appui technique dans l’évaluation du Système National d’Intégrité prévue au premier trimestre 2013 ».
|Le site web de Transparency International donne quatre outils utilisés pour dresser l’indice de corruption dans différents pays :
– [Business Principles for Countering Bribery->http://www.transparency.org/whatwedo/tools/business_principles_for_countering_bribery/1/] : cet outil, qui se penche principalement sur le secteur privé, reflète les derniers pratiques de lutte anti-corruption et inclut des données du monde des affaires, des universitaires et de la société civile pays par pays
– [Integrity Pacts->http://www.transparency.org/whatwedo/tools/integrity_pacts/3/] : l’outil qui travaille sur le secteur public sert à prévenir la corruption dans les dépenses publiques (liées aux infrastructures principalement)
– [GATEway->http://www.transparency.org/whatwedo/tools/gateway_corruption_assessment_toolbox/0/] : un outil qui inclut principalement les recherches spécifiques sur la corruption
– [Corruption Fighters’ Toolkits->http://www.transparency.org/whatwedo/tools/corruption_fighters_toolkits_introduction/2/] : un outil qui utilise les données fournies par les activistes, éducateurs et autres membres de la société civile engagés dans la lutte contre la corruption|