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Économie

Coronavirus/ Désespoir des commerçants de produits importés

13/04/2020 Commentaires fermés sur Coronavirus/ Désespoir des commerçants de produits importés
Coronavirus/ Désespoir des commerçants de produits importés
Un stand des marchandises au marché Bujumbura City Market dit « Chez Siyoni ».

Avec le Covid19, les échanges internationaux ont fortement baissé et les stocks des produits importés se vident. Les prix montent. Les produits importés d’Europe ne trouvent plus d’acquéreurs.

Depuis l’annonce des cas testés positifs au covid19, la flambée des prix n’a pas seulement touché les produits de première nécessité, à l’instar du riz, du haricot, de la farine de manioc et de maïs. Les prix de certains produits importés ont également augmenté tels les thermos, les marmites, les assiettes, les casseroles, etc.

Mardi 7 avril, au marché Bujumbura City Market communément appelé chez Sion. Les commerçants de produits importés sont dans le désarroi. «  Suite à l’annonce n de cas testés positifs au virus, les importateurs ont augmenté les prix. C’est à prendre ou à laisser », se lamente le commerçant grossiste rencontré sur place, sous couvert d’anonymat.

Désespéré, ce commerçant fait savoir que les prix ont grimpé de plus de 6%. Ainsi, une douzaine de thermos d’une capacité de 2 litres, qui s’achetait à 195 mille BIF, revient actuellement à 210 mille BIF. Quatorze marmites qu’il achetait à 120 mille BIF sont passées à 125 mille BIF. Quatre douzaines de bassins importés du Kenya ont également augmenté. Elles sont passées de 215 mille BIF à 235 mille BIF.

Ce commerçant déplore qu’avec les prix qui augmentent, la clientèle elle diminue. « Ces dix derniers jours, je n’encaisse que 200 mille BIF alors qu’avant cette pandémie, je réalisais un chiffre d’affaires de plus de 2 millions de BIF. »

Bien que les importateurs aient fait grimper les prix, ce commerçant grossiste indique qu’il n’a pas changé les prix : « Si je monte le prix, je n’aurai pas de clients. Pour le moment, leur préoccupation n’est pas d’acheter des nouveaux ustensiles. Ils veulent plutôt faire des stocks des produits de première nécessité. »

Même son de cloche chez Keza, commerçante grossiste du sel. Dans ses stands, plusieurs dizaines de sacs. Selon elle, cette crise de coronavirus a fait s’envoler le prix du sel. A la veille de l’annonce de cas contaminés, un sac de 25 kg du sel coûtait 27 mille BIF. Le lendemain, il s’achetait à 30 mille BIF.

Elle déplore la baisse de son chiffre d’affaires : « En temps normal, j’écoule une demi-tonne dans une semaine. Mais, au cours des deux dernières semaines, je n’ai vendu que 25 kg. »

Inquiète, cette commerçante dit qu’elle n’est plus en mesure de payer le loyer. « Cette situation risque de perdurer alors que ce commerce est mon gagne-pain». Si son stock s’épuise, elle va fermer son magasin. Son fournisseur lui a signifié qu’il n’était plus en mesure de répondre à sa demande.

D’après un importateur sous couvert d’anonymat, la plupart des commerçants burundais s’approvisionnent en Chine et à Dubaï. La fermeture des frontières a diminué des échanges commerciaux entre le Burundi et d’autres pays. Elle a entraîné la baisse des importations avec pour effets directs la pénurie des produits d’une part et la hausse des prix d’autre part. Actuellement, cette chute paralyse l’activité commerciale.

Les stocks des accessoires des téléphones mobiles se vident

Il est 11h, mercredi 8 avril. Nous sommes au centre-ville de Bujumbura où la plupart des importateurs des accessoires des téléphones mobiles écoulent leur marchandise. Sous couvert d’anonymat, deux parmi eux acceptent de parler à Iwacu. Ces derniers indiquent qu’ils s’approvisionnent à Dubaï.

« Regardez les étalages. Ils sont vides », s’indigne Paul (pseudo). Il témoigne que son stock s’est vidé la semaine dernière. Pour le moment, il ne peut pas importer. Son business est presque à l’arrêt. En attendant que la situation se débloque, ce dernier se rabat sur le commerce de détail : « Je n’ai pas de choix. J’ai changé d’activité. Pour le moment, je vends certains accessoires qui restent dans le stock.»

Même situation pour Ismaïl, lui aussi importateur en gros des accessoires pour téléphones mobiles. Le stock risque de s’épuiser la semaine prochaine. « Je vends mon dernier lot. Les stocks se vident. Mon chiffre d’affaires a chuté ».

Ce dernier confie que les clients viennent à compte-goutte. Apparemment, constate-t-il, ils sont incertains. Ils n’achètent qu’une petite quantité de marchandises. «Dans ces 30 derniers jours, j’ai réalisé un chiffre d’affaires équivalent à celui d’une semaine avant la fermeture des frontières». Ce commerçant grossiste fait savoir que la majorité de sa clientèle vient de la République Démocratique du Congo (RDC).

Pour gérer la situation, ce commerçant a dû se séparer de trois employés : « Je les appréciais beaucoup. Ils étaient expérimentés. Ils étaient en bons termes avec mes clients. Mais je n’ai pas d’argent pour les payer.» D’après lui, ces employés ont été compréhensifs. Ils voyaient bien que le commerce tourne au ralenti.

Cet importateur se dit désespéré : « D’ici la semaine prochaine, je ne pourrai plus servir mes clients. Les stocks seront épuisés.» Pourtant, précise ce commerçant, ce commerce est sa seule source de survie. « Si la situation perdure, nos familles mourront avant que nous soyons confinés».

Les produits comestibles d’Europe manquent de clientèle

Les commerçants de produits comestibles importés de l’Europe ou aux USA comme la mayonnaise, le chocolat et les boissons, telles les vins et les liqueurs, manquent de clientèle.

James, commerçant tenant une alimentation en pleine ville de Bujumbura, confie que les produits comestibles importés sont invendus. « Mes principaux clients étaient des hôtels et des restaurants. A cause de cette pandémie, ils n’ont pas de clients ».

D’après lui, les hôtels travaillent au ralenti. Ils misent sur les touristes, les séminaires, les ateliers et les conférences organisés par les ONG nationales et internationales. Pour l’instant, ces dernières ont fortement diminué leurs activités.

Selon le commerçant, les clients locaux ont changé leurs habitudes de consommation. D’une part, les diners de mariage ont fortement diminué. D’autre part, les ménages achètent peu de produits comestibles importés. Et de conclure, avec désespoir : «  Certains clients fidèles ne viennent plus. »

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