Jeudi 07 novembre 2024

Société

COP 29 : Les jeunes burundais prennent les devants malgré le retard du côté des officiels

COP 29 : Les jeunes burundais prennent les devants malgré le retard du côté des officiels
« L'inaction n'est plus une option », disent-ils ces 150 jeunes.

Bien que le Burundi soit responsable de seulement 0,01 % des émissions mondiales, il figure parmi les vingt pays les plus vulnérables aux aléas climatiques. À la veille de la Conférence des Parties sur le changement climatique (COP29) à Bakou, en Azerbaïdjan, une mobilisation sans précédent de jeunes burundais pour le climat vise à alerter le monde sur l’urgence d’agir.

Au Burundi, les effets du changement climatique se font durement sentir. Selon une étude de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) réalisée en mai 2024, plus de 102 824 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, soit 21 979 ménages, dont 54 % sont des enfants de moins de 18 ans. Ces déplacements sont principalement dus aux inondations, à la montée des eaux du lac Tanganyika et aux sécheresses.

A Bujumbura, plus de 150 jeunes Burundais, se sont rassemblés, ce 2 novembre 2024, pour un atelier d’échanges organisé par Initiatives des Jeunes pour le climat et le développement (IJCD) et ISHAKA 2250, en partenariat avec l’OIM.

Cet atelier avait pour but de définir un message commun à adresser aux décideurs lors de la COP29, en appelant à une action climatique plus ambitieuse et solidaire envers les pays les moins responsables mais les plus affectés.

La rencontre a permis aux participants, venus de diverses localités de Bujumbura Mairie, d’exprimer leurs préoccupations et de formuler des recommandations aux dirigeants mondiaux. Les jeunes ont notamment réclamé une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre.
« L’inaction n’est plus une option », ont-ils affirmé, en rappelant la nécessité de « limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C », une mesure vue comme un impératif de justice climatique.

Les participants ont également insisté sur la nécessité d’inclure la jeunesse dans les processus de décision. Pour eux, leur voix doit être entendue afin de garantir que les politiques climatiques tiennent compte des défis spécifiques auxquels ils font face. « Nous réclamons notre place dans les instances de décision pour que les politiques prennent en compte notre avenir », ont-ils appelé.

De plus, les jeunes ont mis l’accent sur l’importance de solutions locales, en appelant les gouvernements à soutenir des initiatives comme l’agroécologie, la conservation des sols, et la reforestation. Ils ont souligné que ces méthodes, axées sur la résilience climatique, sont déjà pratiquées par de nombreux jeunes sur le terrain et pourraient offrir des réponses durables aux crises environnementales.

Les jeunes burundais ont lancé également un appel pour que des financements climatiques adaptés soient mis à disposition des pays les plus affectés et les moins responsables du changement climatique : « Engagez-vous pour des financements climatiques adaptés aux besoins des pays les plus affectés et les moins responsables du changement climatique. Ces financements doivent renforcer les capacités d’adaptation locales, en mettant l’accent sur les initiatives dirigées par les jeunes. Ils nous permettront de bâtir des infrastructures résilientes, de développer des technologies adaptées et de restaurer nos écosystèmes ».

Un appel urgent à l’action et au soutien des jeunes

Renildes Ndayishimiye, directrice de l’Environnement et des changements climatiques, souligne la gravité des défis climatiques auxquels fait face le Burundi. « C’est visible que depuis des années, il y a des catastrophes. Alors, pour nous, il faut agir d’abord en assurant la prévention, en mettant en œuvre les bonnes mesures », affirme-t-elle.

Elle explique que les stratégies sont en place, mais que leur mise en œuvre reste difficile, surtout au niveau local. Pour y parvenir, elle appelle les jeunes Burundais à s’impliquer activement et à exercer une pression positive : « C’est là où nous avons besoin de votre activisme au niveau local, politique, dans la mise en œuvre des stratégies et des politiques ».

Par ailleurs, Ndayishimiye insiste sur le fait que le Burundi subit de plein fouet les impacts des crises climatiques, malgré sa faible contribution aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, autour de 0,01 %. « Nous produisons très peu d’émissions […] et nous y subissons beaucoup de conséquences. Les jeunes peuvent nous aider à mobiliser des financements, et non sous forme de prêts, mais sous forme de subventions ».

Les pays limitrophes en avance pour décrocher les financements

Pendant que le Burundi reste limité par des contraintes dans la mise en œuvre de ses politiques, certains pays voisins avancent rapidement avec une préparation minutieuse pour tirer profit du « Fonds pour les pertes et dommages » mis en place lors de la COP28 à Dubaï en 2023.

Ce fonds, doté de 772 millions de dollars, vise à soutenir les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques, et ces pays ont déjà défini ses priorités pour la COP29 afin d’en bénéficier pleinement.

Malgré les promesses de 100 milliards de dollars faites par les pays développés, la somme reste insuffisante pour l’Afrique, qui réclame aujourd’hui des milliers de milliards de dollars de nouveaux engagements pour faire face aux défis climatiques croissants.

Face à l’engagement de leurs voisins, les jeunes Burundais ont exprimé des inquiétudes quant au contraste observé et à l’absence de stratégie claire du gouvernement burundais en matière de climat.

Lors de l’atelier, il y en a qui ont posé la question aux autorités présentes dans un panel organisé par ces jeunes de savoir si le Burundi allait présenter des demandes de financement spécifiques à la COP29.

Selon quelques jeunes qui ont pris part à ces échanges approchés, les réponses des responsables gouvernementaux sont restées vagues, ils ont assuré que le pays « se prépare », mais sans donner de détails concrets sur ce que le Burundi compte présenter.

OIM

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 2 549 users online