Elles sont passées de 50 millions de dollars pour les dons et 50 millions de dollars pour les prêts sans intérêt à 100 millions pour chacune de ces deux rubriques. Bien plus, ces aides ne sont pas conditionnées, selon Yu Xuzhong, l’ambassadeur de Chine au Burundi.
<doc5456|left>La Chine intervient dans plusieurs secteurs de la vie du Burundi, selon l’ambassadeur de Chine au Burundi. Sur le plan économique et social, il évoque la réhabilitation de certaines centrales hydroélectriques comme celles de Mugere (Bujumbura), Gikonge (Muramvya) et Ruvyironza (Gitega). À ces projets s’ajoutent la remise du premier avion MA60, la réalisation du projet d’éclairage photovoltaïque dans certains endroits de la capitale.
Dans le domaine sanitaire, il indique que son pays a beaucoup participé dans la construction de l’hôpital général de Mpanda. « Nous avons donné des équipements à cet hôpital et une équipe de médecins chinois est en permanence au service de la population », souligne-t-il.
Bien plus, l’ambassadeur évoque les visites réciproques de haut niveau déjà effectuées depuis son arrivée en 2010 : « Cela renforce la compréhension et la confiance politique.» Il est également fier des échanges culturels et personnels, existant entre les deux pays. C’est notamment l’ouverture au mois de juillet dernier de « l’Institut de Confucius » pour l’apprentissage du chinois à l’Université du Burundi, la venue de la 15ème mission médicale chinoise, plus de 200 fonctionnaires et techniciens burundais partis en Chine pour des séminaires et stages de formation en 2012.
Et l’ambassadeur rappelle le soutien de la Chine lors des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance du Burundi, en fourniture de drapeaux, d’uniformes, d’énergie solaire, etc.
De l’aide non conditionnée
Pour toutes ces aides accordées, la Chine n’exige rien en retour au gouvernement burundais. L’ambassadeur de Chine au Burundi confirme que les aides sont plutôt fraternelles : « Nous n’avons jamais posé aucune condition. Le Burundi et nous avons subi le même sort. Maintenant, nous sommes des pays indépendants et avons un objectif commun : la consolidation de cette indépendance. » Et d’après lui, la voie la plus sûre est de travailler beaucoup pour arriver au développement durable. « Sans le développement, on ne peut pas avoir l’indépendance économique et sans l’indépendance économique, l’indépendance politique n’est pas bien consolidée », insiste-t-il.
« Le gratuit n’existe pas »
Par rapport à cette question des aides sans conditions octroyées par la Chine, Cyriaque Nzirorera, professeur en économie à l’Université du Burundi, estime que les Chinois ont leurs visées. « La Chine est en train de concurrencer les bailleurs de fonds traditionnels. Elle a envie de rayonner et a également besoin de marchés », indique-t-il. Il rajoute, qu’économiquement, le gratuit n’existe pas : « Les Chinois voient donc leurs intérêts à moyen et long terme. En Afrique, tout comme au Burundi, nous avons des opportunités d’investissements. »
Toutefois, cet économiste ne nie pas l’importance de telles aides, surtout dans le court terme : « Dans un 1er temps, il faut prendre ces aides pour combler l’insuffisance des fonds. » Mais la gestion est une chose très importante, selon M. Nzirorera. « Il faut bien utiliser les aides reçues et inciter les gens à mettre fin aux comportements de prédation, car ça décourage les investisseurs ». Et de conclure : « Si, un jour, la Chine vient pour profiter de nos opportunités, il faudra voir si cela ne contrecarre pas les intérêts du pays. »
D’autres points développés par l’ambassadeur YU Xuzhong, lors de son entretien avec Iwacu
Face au problème démographique que connaît le Burundi, l’ambassadeur YU Xuzhong propose une approche graduelle : « D’abord, il faut que la population soit consciente de ce problème et accepte de faire des sacrifices afin de trouver une solution. Sinon, on ne peut pas le faire d’une manière imposée », souligne-t-il. Pour lui, la stabilité sociale est une condition sine qua non pour tout développement : « Sans stabilité sociale, pas de développement et sans réforme, on ne peut pas avoir un développement durable. »
Quant à la question de cherté de la vie évoquée ici et là dans le pays, M. Yu constate que c’est un problème de presque tous les pays. « Avec la mondialisation et l’ouverture des marchés suite à l’intégration dans l’EAC, la hausse des prix est difficile à gérer car elle relève de l’offre et de la demande », explique-t-il.
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Le 1er octobre 2012 correspondait au 63ème anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine. Au Burundi, la célébration de la fête a eu lieu jeudi le 27 septembre 2012, à l’ambassade de Chine située au quartier Kiriri. Les festivités avaient rassemblé beaucoup de monde dont plusieurs Chinois, différents membres du gouvernement, représentants de différentes ambassades résidant à Bujumbura.
Dans son discours, l’ambassadeur Yu Xuzhong a présenté le bilan des réalisations de son pays pour ces dernières années. Entre autres progrès réalisés par la Chine, l’ambassadeur cite l’économie chinoise qui s’est hissée du 6ème au 2ème rang mondial avec un PIB de 7000 milliards USD (soit une croissance de 150%), le commerce pour lequel la Chine se classe 1er exportateur et 2ème importateur depuis trois ans, le volume des investissements directs étrangers connaissant une croissance annuelle de 46%. Il n’a toutefois pas oublié de signaler que la Chine n’a pas été épargnée par la crise financière internationale.
Par ailleurs, il a évoqué son soutien au gouvernement du Burundi sur le plan politique, socio-économique, culturel. Selon l’ambassadeur, son pays continuera d’aider le Burundi, et plus particulièrement dans la prochaine conférence des partenaires au développement du Burundi. « Le représentant du gouvernement chinois sera présent et prêt à réitérer son soutien actif dans le cadre de la coopération bilatérale avec ses moyens possibles pour appuyer la mise en œuvre du CSLP II ».