Le Burundi et la République Populaire de Chine viennent de signer des accords dans le cadre de la onzième session mixte de coopération économique, technique et commerciale. Les deux parties parlent d’une coopération sud-sud…même si le Burundi n’a pas grand chose à donner en échange.
Les Chinois sont décidés! Un don de 50 millions de Yuans (plus de 7 millions de dollars US), un prêt sans intérêt de 100 millions de Yuans (plus de 15 millions de dollars US), stage de formation pour une trentaine d’infirmiers en techniques médicales et utilisation des équipements médicaux. Voici, entre autres, ce qui ressort de plusieurs accords qui devront meubler la coopération sino-burundaise dans les jours à venir.
Le Vice-ministre chinois du commerce et les ministres burundais ayant les finances et la coopération internationale dans leurs attributions les ont signés ce mardi 16 août, à l’hôtel Top Hill.
L’ambiance était calme au moment des discours des chefs de délégations : « Ces accords constituent des témoignages éloquents de nos bonnes relations […] et s’inscrivent dans le cadre de la coopération sud-sud […] », s’est réjoui Augustin Nsanze, ministre des Relations extérieures et de la Coopération internationale. Une joie partagée par ses interlocuteurs : « Malgré une longue distance géographique, nos deux pays maintiennent de bonnes relations diplomatiques pour réaliser une coopération partagée […] », souligne Gao Hucheng, Représentant aux négociations commerciales internationales et vice-ministre chinois du commerce
Il y avait un hic …
Cette sérénité va sembler mise en cause lorsque viendra le temps des discussions avant la signature des accords : « Que les journalistes disposent ! », demandera un membre du protocole burundais. Au bout d’une heure environ, le ministre Nsanze et l’ambassadeur du Burundi en Chine sortent de la salle et se retirent, suivis de quelques officiels burundais.
Quelques minutes après, le vice-ministre chinois sort, lui aussi, entouré de son compatriote ambassadeur et des membres de la délégation. Eux aussi, se mettent à l’écart et murmurent en aparté.
Une source proche de la partie burundaise parle « d’un aspect des accords que les experts des deux pays n’ont pas bien finalisé, notamment quelques modalités liées au don et prêt d’argent que le gouvernement de la Chine met à la disposition du Burundi. » Puis, rien d’autre ne filtre.
Quelques interrogations dans le cercle des journalistes présents : « Est-ce parce que cette générosité chinoise serait en désaccord avec les exigences de la Banque Mondiale et du FMI ? », se demande l’un d’entre eux.
A ce sujet, Prime Nyamoya, économiste et consultant signale que « le Burundi a signé des accords stipulant qu’il n’allait plus contracter de prêt sans des consultations préalables avec la Banque Mondiale et le FMI. » Mais au ministère burundais des Finances, aucune inquiétude : « Il n’y a pas de problème en ce qui concerne le don. Le prêt répond aux critères établis entre le Burundi et ces institutions de Bretton Woods », précise Joseph Ndayikeza, porte-parole de ce ministère.
De son côté, Donatien Bihute, ancien ministre de l’économie, ancien vice-gouverneur de la BAD et consultant, souligne la nécessité d’affecter cet argent aux projets dits productifs, qui relèvent le niveau de vie du citoyen. Et là, il interpelle justement les Burundais à suivre de près son utilisation.
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On ne parlait pas que d’argent
Ces accords, officialisés en présence d’une vingtaine d’opérateurs économiques et commerciales chinois, rappellent le traitement du tarif douanier zéro, depuis juillet 2011, pour 60% des produits burundais exportés dans le pays du Soleil levant. Ils projettent, sans plus de détails, la construction d’une école technique professionnelle, le séjour au Burundi d’experts agronomes chinois de haut niveau, la fourniture d’un lot d’équipements médicaux et d’antipaludiques.
Ils suscitent aussi la satisfaction des deux parties (Burundaise et chinoise) pour « les avancées enregistrées dans l’exécution de la 9ème phase de coopération technique au centre de formation artisanale de Kamenge et pour les centrales hydroélectriques sur les rivières Gikonge, Ruvyironza et Mugere.
Si les chinois semblent prêts pour financer la construction de la présidence du Burundi, leurs interlocuteurs continuent à traîner les pieds pour trouver où l’implanter : « […] La partie burundaise s’est engagée à résoudre, dans les meilleurs délais possible, le problème de rendre disponible le terrain pour bâtir », précisent ces accords.
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Achat de deux avions en Chine
C’est dans la partie des divers que l’accord mentionne le projet d’acquisition de deux avions de type MA60 par la compagnie burundaise Air Burundi. Ces bi-turbopropulseurs de transport commercial sont fabriqués en Chine : « Le gouvernement chinois fournira un avion dans le cadre de son aide et la partie burundaise négociera, avec la banque Export-Import de chine, l’achat d’un autre, dans le cadre de prêts préférentiels chinois », précise le document.