Elles sont éparpillées sur 3021 collines de recensement et dans les quartiers. Dans une interview accordée à Iwacu, un responsable de l’Agence nationale pour la promotion et la régulation des sociétés coopératives au Burundi indique que les coopératives dites Sangwe sont destinées à « lutter contre la pauvreté, la faim et surtout le chômage des jeunes en milieu rural ». Le gouvernement a octroyé un crédit de dix millions à chaque coopérative pour « que chaque bouche ait à manger et chaque poche ait de l’argent », a déclaré le président de la République.
L’initiative est bonne. Bien planifiées et bien gérées, les coopératives en milieu rural permettent d’améliorer la sécurité alimentaire au sein des familles et des communautés, de satisfaire la demande croissante en denrées alimentaires sur les marchés, de fournir des emplois aux travailleurs non qualifiés restés à la colline. Au Kenya, pays que je connais pour y avoir vécu plusieurs années et fait mes études, les avoirs des coopératives d’épargne et de crédit atteignent 2,7 milliards de dollars, soit 31 % de l’épargne nationale brute.
Au Burundi, plus d’une année après leur implantation, Iwacu a voulu savoir le bilan de ce beau projet. Mais force est de constater que même si le responsable de l’agence de régulation donne un bilan largement positif, la réalité sur terrain est plus contrastée.
Ainsi, pour avoir accès aux crédits, les projets n’émanent pas, pour la plupart des coopératives, des membres, « On les fait pour nous ». Certaines coopératives s’aventurent dans des activités sans tenir compte des besoins locaux. Ici je pense à Gandhi qui disait que « Ce que tu fais pour moi, sans moi, tu le fais contre moi ». Plus grave, certains actionnaires dénoncent « une gestion opaque. » Le manque d’encadrement et de suivi est aussi relevé comme obstacle. Et la politique s’y invite aussi.
Par ailleurs, comme un expert en économie m’a fait remarquer, une petite boutique ne peut pas survivre à côté d’un super marché qui vend les mêmes produits. Malheureusement, on assiste à cette situation pour certaines coopératives des quartiers.
« When you fail to plan, you plan to fail », disent les Anglophones. L’organe chargé de la promotion et la régulation de ces coopératives doit prendre à bras -le-corps les défis qui les minent. Notamment par une mobilisation des moniteurs agricoles, un encadrement permanent et des formations des actionnaires sur l’appropriation et la gestion des coopératives, l’accès aux ressources naturelles. Il faut que ces coopératives offrent un modèle d’entreprise solide, viable et adapté aux besoins des communautés. Sinon, les actionnaires seront dans l’impossibilité de rembourser ces montants à l’Etat. Ce qui serait un mauvais précédent pour d’autres bonnes initiatives qui viendraient du gouvernement.