Depuis l’année 2020, le gouvernement a voté un budget de plus de 87 millions de BIF alloué à l’appui des coopératives collinaires du Burundi dans le but de réduire la pauvreté des membres de ces coopératives. Après une année d’activité, certaines coopératives contactées indiquent qu’elles enregistrent des manques à gagner.
10 millions de BIF est le montant que le gouvernement du Burundi accorde aux coopératives collinaires pour appuyer leurs projets de développement. Cette enveloppe est remboursable à la fin de l’année. A l’arrivée de l’échéance, les membres de certaines coopératives indiquent que les projets dans lesquels ils ont investi n’ont généré aucune rentabilité.
Lundi 31 mai, il est 9h. Nous sommes en commune Mugina de la province Cibitoke. Bénéficiaire du montant destiné à appuyer les coopératives collinaires, E.B. indique que sa coopérative a investi dans l’agriculture. Au cours de la première saison culturale, la coopérative a exploité un champ de riz d’une superficie de 2.5 ha. Elle a utilisé un montant de 8.000.000 de BIF pour l’achat des semences et des engrais ainsi que le paiement des frais d’entretien. Après la récolte, les membres de la coopérative ont vendu toute la production pour un montant de 5 millions de BIF, soit une perte de trois millions de BIF. Pour le moment, la coopérative a semé la même culture de riz. E.B. dit espérer que la production sera bonne pour la deuxième saison. Pour le moment, il ne voit aucun moyen de rembourser ce financement. « Au démarrage des activités, la coopérative était composée de 350 membres mais aujourd’hui il ne compte que 200 personnes. Certains membres ont quitté la coopérative Sangwe de cette colline après avoir remarqué qu’ils travaillaient à perte », témoigne E.B., qui ajoute qu’un nouveau membre doit débourser 10.000 BIF comme frais d’adhésion.
Le climat désigné coupable des pertes enregistrées
Charles Kubwimana est secrétaire d’une coopérative Sangwe située dans la commune Rugombo. Ce responsable raconte que sa coopérative a investi dans les cultures de maïs, riz et soja. Après avoir vendu la récolte, la coopérative a pris l’initiative d’acheter des animaux domestiques composés de 52 porcins et 32 chèvres. Des 10 millions reçus, les membres de la coopérative ont mis 9 .400. 000 BIF dans l’agriculture. « Ce montant est utilisé pour préparer le terrain, acheter les semences et entretenir les champs. Le reste étant réservé à l’achat de l’engrais chimique », précise Charles.
D’après lui, la récolte de la première saison est mauvaise. La coopérative a obtenu une quantité de 5081 kg de Riz. Le secrétaire de la coopérative déclare que la production a été vendue pour un montant de 6.300.000 de BIF, soit un manque à gagner de 3.700.000 BIF. Il dit espérer qu’au cours de la seconde saison culturale, la récolte sera bonne.
Interrogées sur les raisons d’un tel manque à gagner, les responsables de ces coopératives évoquent les pluies diluviennes, la sècheresse et l’absence d’eau pour arroser les champs.
Une gestion calamiteuse
P.N. est employé de la commune de Rugombo et membre de la coopérative Sangwe de la colline Cibitoke. Selon lui, les membres de sa coopérative qui se sont attelés à la culture du riz, du maïs et du haricot, n’ont enregistré aucun gain. « Toute la production a été vendue par le responsable et le comité. Le montant de la vente de la production a été réparti par le président et ce comité ». L’employé de la commune demande au président de la République de ne pas continuer à financer les coopératives collinaires. D’après lui, financer les coopératives sert à enrichir le président et ce comité. Il critique également l’ingérence des hauts cadres du pays dans cette coopérative. Cet homme fait savoir que ceux qui dénoncent la mauvaise gestion de cette coopérative sont intimidés et torturés.
C. N. est membre de la coopérative Sangwe de la colline Nkasega zone Ndava Commune Buganda de la même province. Elle indique que sa coopérative est composée de 180 membres, a aussi investi dans des champs de riz, de haricot et de maïs. C.N. avance que la coopérative a réalisé un bénéfice de 13 millions qui a été partagé équitablement par les membres de la coopérative. Elle précise que le montant reçu lui a notamment permis de s’offrir trois chèvres qui donnent du fumier, ce qui est bénéfique pour elle. Elle appelle la population environnante à adhérer à cette coopérative « pour s’auto-développer ».
L’administrateur de la commune de Rugombo, Gilbert Manirakiza, salue le pas franchi par les coopératives dans le développement. Ce responsable communal fait savoir que les coopératives de la commune et même de la province ont rencontré des problèmes. Il indique qu’au cours de la première saison culturale, le taux de pluviométrie était bas. L’administratif se veut toutefois optimiste : « Compte tenu des rapports des coopératives, la production est très satisfaisante. Dans ce cas les coopératives vont réussir a remboursé le crédit.» Il ajoute avoir repéré des responsables de coopératives qui ont détourné le crédit octroyé et d’autres qui n’ont pas réalisé les projets qu’ils avaient présentés. Selon Gilbert Manirakiza, certains responsables des coopératives ont été remplacés tandis que d’autres sont actuellement poursuivis par la justice.
L’ANACOOP dresse un bilan positif
Evrard Ndayikeje, directeur général de l’agence de promotion et de régulation des coopératives (ANACOOP), indique que les coopératives ayant reçu le financement de l’Etat, demeurent fonctionnelles en dépit de multiples défis sur terrain. Selon lui, toutes les coopératives collinaires sont en train de réaliser des travaux de développement. D’après lui, les nouvelles coopératives ont un avantage majeur par rapport aux anciennes. « Les anciennes coopératives disposaient de membres peu nombreux et ne se trouvaient que dans quelques collines ou zones ». Et de défendre que certaines coopératives ont réalisé un bénéfice allant de 60 à 80 millions BIF. Le directeur de l’ANACOOP informe en outre qu’une évaluation et que des sanctions seront prises à l’encontre des coopératives qui n’ont pas respecté leurs engagements.
Manque d’accompagnement technique
Prosper Niyoboke économiste et professeur d’université indique que certaines coopératives n’ont pas réussi parce qu’elles n’ont pas réalisé des études de faisabilité. En plus, souligne l’économiste, elles n’ont ni plan d’affaires, ni d’actions directrices, en vue de montrer comment le projet est financé et à quel montant. « Avant d’entreprendre, ils devraient se poser la question de savoir si le capital investi est récupérable ou non et à partir de quelle date. Il fallait mener une analyse sur la faisabilité technique et financière de base par rapport aux projets respectifs que les membres de ces coopératives voulaient entreprendre », juge Prosper Niyoboke. Selon lui, les coopératives n’ont pas étudié les matrices qui montrent comment minimiser les risques. Et d’ajouter que les coopératives ont besoin d’un accompagnement technique. « Ce n’est pas l’argent qui compte. C’est d’abord l’investissement, c’est-à-dire ce vers quoi l’argent sera orienté », précise M. Niyoboke.
Le professeur d’université demande que le gouvernement soit associé au fonctionnement de ces projets. Pour lui, les coopératives n’ont pas d’expérience et pas assez d’instruments de gestion. Et d’interpeller ceux qui ont l’expérience de se mettre à l’œuvre pour organiser des formations de sensibilisation et d’échanges d’expérience. Les coopératives n’ont pas de cadrage c’est-à-dire les plans qui sont claires par rapport aux initiatives. Selon lui, les projets de ces coopératives s’inscrivent au niveau des politiques et de l’orientation stratégique. Il ajoute que le but ne doit pas être de rassembler les gens et de leur donner de l’argent, que c’est plutôt de mettre ensemble des personnes aux idées créatrices.
1.Vous écrivez: »10 millions de BIF est le montant que le gouvernement du Burundi accorde aux coopératives collinaires pour appuyer leurs projets de développement. Cette enveloppe est remboursable à la fin de l’année… »
2. Mon commentaire
Dans le commerce, une coopérative pourrait écouler disons tous les deux ou trois mois tout le contenu de son magasin. Elle pourrait rembourser les 10 millions en une année.
Par contre une coopérative qui a à peine deux récoltes par an ou qui doit attendre des années pour pouvoir vendre son petit ou gros bétail A BESOIN DE PLUS DE TEMPS (en échange de paiement d’intérêt pour au moins couvrir le taux d’inflation).
Supposons que la coopérative ait CINQ ANS pour rembourser la dette en cinq tranche.
Par exemple l’inflation au Burundi était de 5,53% en 2016, 1,58% en 2017, -3,98% en 2018, -0,71% en 2019 et 7,31% en 2020, soit une moyenne de 1,946% ou tout simplement 2%.
Si la coopérative avait eu les 10 millions Fbu au début de 2016, elle aurait pu rembourser 2.200.000 Fbu à la fin de 2016, 2.160.000 Fbu (2017), 2.120.000 Fbu (2018), 2.080.000 (2019) et enfin 2.040.000 Fbu à la fin de 2020.
L’Etat pourrait aussi prendre chaque année individuellement: si la coopérative devait 10 millions au début de 2020, à la fin de cette année, elle rembourserait 2 millions plus 731.000Fbu d’inflation (de 7,31%).
https://www.statista.com/statistics/451388/inflation-rate-in-burundi/
Je vais poser une question qui noue ma gorge depuis longtemps. J aimerais vraiement qu’un responsable me réponde, il y a des milliers de gens qui se posent cette meme question. Est ce que les engrais produits localement (FOMI imbura, FOMI tera , Urée ) et la chaux remplissent les normes. Maintenant nous ne pouvons acheter que les engrais produits localement. Nous engloutissont des sommes énormes dans l’achat des engras, et en fin de compte les rendements ne suivent pas. Nous travaillons à perte.
Duteye akamo abatwara Ministere de l’Agriculture.
Ntibishoboka ko ata cooperative nimwe yunguka muri agriculture. Les barundi sont d une resilience inouie mu kurima. Cherchez le probleme ailleurs.
Hanyuma le ministere de l agriculture et l elevage nibe ibafasha. Nico ibereyeho