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« Convaincre que le pays est stable et sûr, y compris en matière de sécurité juridique pour les investissements »

05/05/2013 Commentaires fermés sur « Convaincre que le pays est stable et sûr, y compris en matière de sécurité juridique pour les investissements »

A quelques semaines de la conférence de Genève, Stéphane De Loecker, Délégué de l’Union Européenne au Burundi a accordé une interview exclusive à Iwacu. Pour lui, le Burundi devra convaincre de nouveaux bailleurs et des investisseurs potentiels que le climat général est bon et favorable à l’investissement.

<doc5275|right>{Comment l’UE apprécie la situation politique du Burundi?}

Les Chefs de missions européennes ont exprimé, lors du dernier dialogue politique (art. 8 de l’Accord de Cotonou) tenu le 14 septembre avec le Gouvernement burundais leur soulagement de constater une certaine décrispation des relations entre partis politiques. En effet, certains leaders politiques sont de retour au pays ou semblent envisager ce retour, des consultations sur des projets de loi importants ont été organisées ou le seront prochainement, la décision sur la nomination de la nouvelle CENI n’a pas été poussée par la majorité parlementaire au vu du manque de consensus avec d’autres acteurs politiques, tous les partis politiques songent déjà aux échéances électorales de 2015 – tout cela sont des signes encourageants, qui seront certainement salués lors de la Conférence des partenaires.

{Le secteur de la justice est souvent très critiqué. Qu’en pense l’UE ?}

Nous souhaitons apporter toute l’assistance qui nous serait demandée. A cet égard, tout comme le BNUB, nous regrettons que le rapport de la Commission d’enquête sur les cas d’exécution extrajudiciaire et de torture, présenté par le Procureur général, remette en question la professionnalité du travail des Nations Unies ainsi que les résolutions du Conseils de sécurité des NU. L’UE appuie sans réserve la position exprimée part les Nations-Unies dans son Communiqué du 11 septembre dernier, et demande que des enquêtes soient diligentées sur les cas de d’exécutions extrajudiciaires ainsi que de torture, répertoriés par les experts des NU en 2011, au nombre de 61, et en premier semestre 2012, au nombre de 16. Il a été convenu que nous poursuivrons les échanges avec le gouvernement burundais à ce sujet, ainsi que sur d’autres questions d’intérêt commun.

{Du côté du gouvernement, on soutient qu’il faut du temps pour arriver à la stabilité …}

Oui, et nous comprenons que pour les pays qui, tel que le Burundi, émergent d’années de guerre et de traumatismes, la stabilité et la sécurité sont prioritaires, aux dépens parfois des questions liées à l’établissement d’un Etat de droit, du respect des droits de l’homme, de l’Etat de droit et d’un fonctionnement équitable de la justice. Nous constatons que des violations graves des droits de l’homme continuent, même si les chiffres sont moins alarmants que l’année dernière. Nous nous réjouissons par conséquent de la volonté affichée par S.E. le Président de la République d’en finir avec l’impunité, car la démocratie se construit, certes avant tout sur des élections libres et transparentes, mais aussi sur l’établissement d’un véritable Etat de droit dans lequel le citoyen peut avoir confiance.

{Monsieur l’Ambassadeur comment l’UE apprécie la lutte contre la corruption au Burundi ?}

Il y a la politique de "tolérance zéro" décrétée par S.E. le Président de la République à l’égard de la corruption. Certes, nous nous réjouissons de constater une régression de la petite corruption dans le pays, mais nous obtenons difficilement des informations sur les éventuelles suites de grands cas de corruption, ce qui amène à s’interroger sur l’égalité des tous les citoyens devant la loi, ce qui est le principe fondamental de la démocratie.

{A la veille de la conférence de Genève, où le Burundi devrait-il concentrer les efforts pour améliorer son image et ainsi convaincre les partenaires ?}

Cette question est particulièrement pertinente aujourd’hui, quelques semaines avant la Conférences de partenaires de Genève, où l’intérêt du Burundi devra convaincre de nouveaux bailleurs et des investisseurs potentiels que le pays est stable et sûr, y compris en matière de sécurité juridique pour les investissements, et où le climat général est favorable à l’investissement. Je pense que le Burundi devrait mettre en valeur ses "success stories", tels que les accomplissements en matière de sécurité, de réconciliation nationale, d’éducation, de "doing business", et rappeler avec force ses engagements en matière de lutte contre la corruption et l’impunité, notamment par un soutien à l’OBR, et réitérer la volonté politique de mener des réformes politiques, économiques et sociales profondes – en commençant par la justice, par la gestion des finances publiques et par la gouvernance en général. Je pense en effet que le langage de la vérité est toujours le meilleur: en exposant les réalisations de ces dernières années, en exposant clairement les défis auxquels le pays est confronté, à commencer par les besoins de base de la population en matière de santé et d’alimentation, et en exprimant cette volonté politique que je viens d’évoquer, les partenaires, à commencer par l’UE, seront convaincus. Mais n’oublions pas que la communauté internationale traverse une grave crise économique et financière, et que les attentes ne doivent pas être exagérés.

{Quel message de l’UE pour le gouvernement et l’opposition en vue des élections de 2015 ?}

Notre message est simple: nous nous réjouissons de la décrispation à laquelle nous assistons, et nous appelons de nos vœux l’éclosion d’un réel espace politique, nous incitons tous les acteurs politiques à élaborer des programmes politiques détaillés dans tous les secteurs de la société. Quant à la question du financement des partis politiques, en particulier en période électorale, nous souhaitons qu’une solution puisse être trouvée dans le cadre de la loi sur les partis politiques actuellement en discussion.

{Quid de la situation de la société civile burundaise ?}

Comme vous le savez, l’UE considère que la société civile est un élément essentiel de la vie d’un pays démocratique, même si elle se montre quelquefois très critique à l’égard des gouvernements, comme c’est le cas aujourd’hui dans nombre de nos Etats-membres. Au Burundi, la société civile a difficile à jouer son rôle, et nous le regrettons. Par ailleurs, nous ne pouvons que constater que ses relations avec le gouvernement restent crispées, ce qui contraste avec la décrispation observée sur le terrain politique déjà évoquée. Nous nous réjouissons bien entendu de la volonté politique affichée par le gouvernement de bâtir un partenariat avec la société civile, notamment dans la perspective de la Conférence de Genève.

{A vous entendre on dirait que tout va bien entre le gouvernement et la société civile …}

Certains développements récents contrastent avec ces déclarations, comme par exemple l’interdiction des colloques, ateliers, conférence de presse, ou les menaces vis-à-vis des représentants de la société civile, ou encore le nouveau projet de loi sur la presse. Tout en reconnaissant évidemment pleinement le rôle moteur de S.E. le Président de la République et gouvernement burundais lors de la Conférence de Genève, nous avons suggéré que la société civile puisse elle aussi, à cette occasion, exprimer ses perspectives sur l’avenir économique et politique du pays.

{Comment vivez-vous les attaques (sur certains sites) et même dans votre vie personnelle ?}

C’est lassant, bien entendu, mais cela fait partie des conséquences de la fonction que j’occupe. Respecter le principe absolu de liberté de la presse implique également d’être parfois choqué, voire blessé par celle-ci.

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