Lundi 23 décembre 2024

Politique

Contributions pour les élections 2020 : l’Eglise catholique dénonce un forcing

16/04/2018 Commentaires fermés sur Contributions pour les élections 2020 : l’Eglise catholique dénonce un forcing
Contributions pour les élections 2020 : l’Eglise catholique  dénonce un forcing
Les évêques catholiques : « La contribution ne peut être qu’au niveau du diocèse. »

La conférence épiscopale des évêques catholiques du Burundi(Cecab) se dit inquiet du forcing utilisé dans la collecte des contributions pour les élections de 2020. De son côté, le ministère de l’Intérieur tranquillise.

Selon les évêques catholiques du Burundi, la majorité des personnes à qui le gouvernement demande des contributions, sont également membres de la même famille des chrétiens catholiques.

Ils dénoncent par ailleurs la manière dont cette opération de collecte est menée : « il y a ceux qui sont malmenés et forcés de contribuer deux fois voire trois fois alors qu’ils n’ont pas de moyens »

Les évêques souhaitent aussi plus de transparence, ils estiment qu’au préalable l’enveloppe totale des élections devrait être connue. « De la sorte, on saurait la somme déjà collectée et le reste à mobiliser. Ainsi, chacun pourrait contribuer selon ses moyens et selon le pas déjà franchi ».

Enfin, ils insistent sur la contribution de l’église catholique comme famille, les évêques sont clairs : « Elle ne peut l’être qu’au niveau du diocèse ». Et de préciser que ce dernier est constitué de paroisses, des communautés religieuses, des œuvres caritatives comme les centres de santé, les écoles, les orphelinats et les hospices pour les personnes âgées ou handicapées.

Par Arnaud Igor Giriteka, Hervé Mugisha, Rénovat Ndabashinze

Le Ministère de l’Intérieur clarifie

« On n’a jamais envoyé qui que ce soit demander des contributions à la population », a déclaré mercredi 11 avril, Pascal Barandagiye, ministre de l’Intérieur. « Ce qui n’empêche pas qu’une Eglise, une association… puisse le faire en touchant dans son propre budget et non dans les poches de ses membres ou fidèles ». D’après lui, la déclaration des évêques est sortie juste après une audience à son bureau. A cette occasion, le ministre affirme que les évêques lui ont montré un bordereau de contribution pour 2020. Et d’ailleurs, il estime que l’ordonnance ministérielle commune est claire. Cette dernière établit trois catégories : les agri-éleveurs, les fonctionnaires ainsi que celle des confessions religieuses, les associations, les ONG, les commerçants, les sociétés, etc. Pour cette troisième catégorie, la contribution est déposée dans une banque proche, à la Poste ou Coopec. « Le bordereau est déposé au ministère de l’Intérieur ». Côté population, elle se fera en deux temps. « Le mois de juillet pendant la récolte et au mois de décembre, lors des préparatifs des fêtes de fin d’année ». Et c’est l’administration qui se chargera de la collecte. Il rappelle que la contribution sera volontaire et les collecteurs devront donner des récépissés pour preuve. « Quelles sont les preuves que vont alors présenter ces gens qui demandent des contributions à la population, aux Eglises, aux associations… ? » Pour éviter cette anarchie, M. Barandagiye demande avec insistance que ces pratiques « isolées» cessent. Et de mettre en garde : « Pour ceux qui vont être surpris, la loi sera appliquée et on va les considérer comme des voleurs. » Concernant le montant nécessaire pour les élections de 2020, il demande d’être patient. « Les techniciens sont à pied d’œuvre ». Il ajoute qu’une commission a été mise en place pour suivre l’état d’avancement des contributions et devra faire le bilan périodiquement. « Une fois le montant voulu atteint, les contributions vont s’arrêter ».

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Réactions

« Les inquiétudes de l’église sont fondées» « Normalement, toute collecte d’argent est du domaine de la loi », réagit Léonce Ngendakumana, vice-président du parti Sahwanya Frodebu. « Les inquiétudes de l’Eglise sont fondées ». Car, une rubrique élections 2020 existe déjà dans la loi budgétaire. Ainsi, il s’oppose à la création des comptes extrabudgétaires destinés à ce processus électoral. « Ils sont gérés par des individus et de façon opaque». Et de dénoncer une sorte de détournement. Jusqu’aujourd’hui, avance-t-il, on ne sait pas le montant destiné aux élections et le gestionnaire. Au lieu de forcer les gens à contribuer, cet opposant demande au pouvoir de créer d’abord un environnement propice aux élections crédibles transparentes, apaisées et démocratiques. « Dans ces conditions, il n’aura pas besoin de faire pression pour contribuer. Les gens le feront volontairement et aisément ». Pour M.Ngendakumana, exiger des contributions pour les élections de 2020 est une violation de la Constitution. « Le texte fondamental recommande seulement une contribution de solidarité en cas de calamités ou de catastrophes naturelles ». Et de s’interroger : « Elections 2020, est-ce une calamité ? »

« L’Eglise catholique ne doit pas se soustraire au devoir civique de contribution»

Kefa Nibizi, président de Frodebu Nyakuri Iragi Rya Ndadaye, estime que tel que recommandé par la parole de Dieu, l’Eglise catholique doit obéir à ceux qui gouvernent. «C’est la règle. Pourquoi se soustrairait-elle au devoir civique de contribution comme l’ont déjà fait les autres institutions? » Quant au montant jugé énorme, il trouve que seul les ménages les plus démunis ne sont pas en mesure de payer les 2000Fbu par an. « Ceux-là, ils peuvent être épargnés ».

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