« Agathon Rwasa et Réverien Ndikuriyo fustigent les messages de haine ». A première vue, ce titre de la rubrique « Chronique sur les messages de haine » de la synergie de certains médias de la presse écrite dont Iwacu, paraît exagéré, accrocheur juste pour susciter la curiosité des lecteurs.
Un président de la principale formation politique de l’opposition qui semble partager un même point de vue, une même logique avec le secrétaire général du parti au pouvoir !
Ce n’est pas très fréquent, c’est un cas rare, moins de deux ans avant les élections législatives. On est habitué à une rhétorique de nos politiciens essentiellement négative et souvent toxique, un discours accusatoire.
Des propos haineux, un langage stigmatisant, des appels à la violence et la division étaient parfois tenus, il n’y a pas longtemps, par des militants des partis politiques. « Ibipinga, abakeba, imihimbiri, … », des adversaires qui s’opposent à notre idéal, susceptibles de menacer nos intérêts. Ce qui, selon Jacques Sémelin dans Purifier et détruire, conduit à l’imaginaire de détruire le « eux » pour sauver le « nous ».
Vers une approche globale de la lutte contre les discours de haine ? Lors de la campagne d’explication du nouveau découpage administratif du Burundi par le parti CNL tenu à Gitega mi-avril, une chanson qui appelait les réfugiés à ne pas se rapatrier a défrayé la chronique, fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Le président du parti a immédiatement condamné les propos, recadré, sermonné les auteurs. « Nous demandons aux partisans et aux responsables du CNL d’éviter un langage divisionniste dans les sketchs, danses et chansons. On doit faire en sorte que l’unité des Burundais soit sauvegardée. » Lors de la « Nkurunziza Day », le 17 juin à Karusi , le secrétaire général du CNDD-FDD a rappelé aux Bagumyabanga que les discours de haine sont inadmissibles dans leurs propos.
« Nous devons éviter de tenir des discours de haine, des messages de stigmatisation, des mots insultants. On ne peut pas prier et insulter les gens, ce serait faire une chose et son contraire ».
Au cours de l’histoire, les discours de haine ont souvent précédé la violence et conduit à des crimes atroces cycliques dans notre pays. Des politiciens, des intellectuels va-t-en-guerre ont manipulé la jeunesse par un discours identitaire, des idéologies de peur et de haine qui ont conduit à des violences, à des meurtres à grande échelle.
La démarche de ces deux responsables politiques qui demandent à leurs membres et sympathisants de s’abstenir de tout discours de haine et condamnent officiellement les messages susceptibles d’inciter à la haine est à saluer et encourager.
À cet effet, les formateurs de l’opinion publique qui sont les leaders politiques, les défenseurs des droits de l’homme, les responsales religieux, les universitaires, les syndicalistes, les journalistes sont encouragés à leur emboîter le pas, sans être réduits au silence. Nul doute qu’avec une telle éthique de responsabilité, les législatives de 2025 se passent sans heurts entre les citoyens burundais.
Rwagasore a dit: vous nous jugerez sur nos actes. Wait and see , les actes prouveront demain le contraire de ce qu’ils ont dit .
C’est positif comme message qu’ils envoient collectivement à la population. Mais il ne faut pas être naïf. Les vraies courroies de transmission des messages de division ou de paix se passent par le bouche-à-oreille en famille, entre amis et entre connaissances. Les nouvelles technologies ont aussi quelque chose à y voir : réseaux sociaux, messages textes, courriels de propagande, etc.
Seul un travail constant de vigilance et de prévention, de la base au sommet, pourra parvenir à juguler le problème.
Huuum. Pourvu que ça dure!!!!