Officiellement, notre confrère Jean Bigirimana est porté « disparu ». Après le choc, la vie reprend, elle doit reprendre le dessus. Mais nous sommes conscients que rien ne sera plus jamais comme avant. Il y aura cette place vide dans la rédaction et ce portrait géant dans la cour pour nous rappeler qu’un de nous manque.
La reprise « normale » de nos activités ne signifie pas bien sûr que l’affaire est classée pour nous. Au contraire, nous entamons une nouvelle étape dans notre quête de la vérité. Une plainte contre « X » a été déposée. En effet, pendant un mois d’enquête, nous avons relevé et communiqué à la Justice quelques pistes intéressantes :
• Il ya ce témoin, cette femme qui a été la première à informer le Rédacteur en Chef du journal de l’enlèvement de Jean Bigirimana. Par après, elle a refusé de coopérer et précisé qu’elle ne veut pas être « mêlée à cette affaire. » Quand les journalistes du groupe de presse Iwacu ont essayé d’entrer encore une fois en contact avec cette femme, c’est une voix d’homme qui a pris et répondu à l’appel. Des enquêteurs motivés pourraient l’identifier facilement.
• Il y a ensuite cet Abel Ahishakiye qui serait un informateur des services de renseignements. Il a appelé Jean Bigirimana avant sa disparition. Contacté par Iwacu, il a reconnu qu’il avait été contact avec Jean et déclaré que « mourir est une chose simple, vivre ou ne pas vivre m’est égal, les murs ont des oreilles ». Le numéro que cet homme a utilisé a été transmis à la Justice . Et nous savons que l’on peut tracer tous les numéros, la police peut avoir tous les relevés téléphoniques d’un numéro auprès des opérateurs téléphoniques locaux.
• Enfin, Bugarama, le lieu de disparition est un petit centre et les gens du coin se connaissent. Dans leur tentative de retrouver la femme qui a informé le rédacteur en chef, en rappelant le numéro utilisé, les journalistes sont tombés sur une voix d’homme qui a prétendu être « vendeur » de cartes de crédit téléphoniques à Bugarama et qui se souvenait ’’d’une femme qui a utilisé son téléphone, qui a payé la communication et qui s’est volatilisée’’. Un autre témoin clé. Les journalistes ont essayé de le rencontrer, il a refusé, prétextant qu’il habite un endroit inaccessible. Inaccessible pour les journalistes, mais pas pour la police, certainement.
Il ya donc des pistes concrètes sur la disparition de notre collègue.
Nous voulons croire que la Justice burundaise, si elle s’y met, peut retrouver et interroger ces témoins importants dans la disparition du journaliste.
Sur le plan international, Iwacu via une organisation internationale spécialisée a saisi le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées. Le gouvernement burundais sera appelé à répondre de la disparition de Jean Bigirimana.
C’est donc un travail de fond et de longue haleine qui démarre et toutes les voies légales seront explorées pour faire la lumière sur cette disparition.
Les journalistes, de leur côté, poursuivront leur enquête. Nous sommes convaincus que la vérité sera découverte.
C’est aussi le moment de remercier tous ceux qui ont posé un geste de soutien pour la famille de notre collègue. Ils n’ont pas voulu être cités publiquement.
Merci aussi pour tous ces messages de sympathie venus du monde entier.
Votre soutien nous donne la force de continuer. Plus que jamais le Burundi a besoin d’une presse professionnelle, courageuse, indépendante.
Nous sortons de cette épreuve meurtris, mais mûris. Nous sommes blessés, mais toujours debout. Nous allons donc continuer, malgré tout !
Ukuri kurateba ariko kuratinda ku kamenyekana!!!!!Inkubisi yamazira ntoke irayakubita bwacha igasanga yayitarurikirijeko!!!Uno munsi harabaziko bariko barikurako abo bita abansi(Mukubicha,nukubatoteza)ariko ejo bazosanaga abo bita abansi aribo bakunzi babo.Hanyuma bakazo kwichuza igituma babatoteje.Ameen
Là c’est vraiment professionnel. Bravo pour l’édito.
Quand un homme est fauché par un état il est difficile de faire la lumière . On ne connaît pas ceux qui ont tué Ndadaye,Ngendandumwe, Ndayizeye, Rwagasore. Certains savent mais se taisent, il faudrait que les gens qui ont 70 ans puissent une fois avoir le courage de parler. Comme cela les nouvelles générations auront un exemple à suivre. Je espère que la vérité sera connue sur jean. Bon courage.
La vérité doit éclater, c’est un droit que au moins la famille a!
Je vous souhaite tout le courage nécessaire!
Un travail de fond pour mettre des noms aux criminels, car chacun devra un jour réponder de ses actes