La commune Buganda est en train de construire un stade moderne. Certaines sources affirment qu’une partie de matériaux de construction accordée par le Président de la République a été détournée. Le gouverneur dément. Le porte-parole de Nkurunziza promet de s’exprimer prochainement.
« Pourquoi débloquer six millions pour aider une autre commune?», s’interroge un administrateur de l’une des six communes de la province Cibitoke. D’après D.M, un habitant de Cibitoke, tout a commencé avec la construction du stade moderne en commune Buganda en février de cette année :« Le Président de la République a octroyé le ciment et d’autres matériaux de construction. »
Sans préciser la quantité, notre source affirme qu’une partie a été détournée par certains responsables du conseil communal de Buganda et le gouverneur de la province. H.N de cette commune indique que le Président de la République y a effectué deux visites surprises pour s’enquérir de la situation. Craignant des sanctions de la part de la présidence, poursuit H.N, Alexis Barekebavuge et Pierre Mupira, respectivement président et vice-président du conseil communal de Buganda ont alors introduit une demande d’aide au FONIC (Fond National d’Investissement Communal) pour poursuivre les travaux : « Ils ont convaincu les présidents des conseils communaux de signer une convention entre les six communes qui composent la province de Cibitoke afin d’avoir facilement cet argent. »
D’après nos informations, le FONIC a accordé 6 millions à chaque commune ; ce qui revient à 36 millions de nos francs. Cependant, Anselme Nsabimana, gouverneur de la province Cibitoke a exigé que cet argent soit transféré sur le compte de la commune Buganda pour la construction du stade. Des témoignages concordants précisent que l’inspecteur des finances communales a demandé aux différents administrateurs de tenir d’abord des réunions des conseils communaux respectifs pour arriver à un consensus.
Les recommandations de l’inspecteur financier ignorées…
Des sources affirment qu’avec l’aide du gouverneur, certains administrateurs communaux ont passé outre la recommandation de cet inspecteur et ont transféré l’argent sur le compte de la commune Buganda mais d’autres ont tenu ces réunions.
C’est le cas des communes Murwi et Mabayi. Rose Ndihoreye, administrateur communal de Murwi, indique que c’est au conseil communal de décider : « le conseil communal doit examiner la requête du gouverneur » Elle explique qu’elle s’est conformée à l’exigence de l’inspecteur des finances des communes de la province de Cibitoke.
Jean-Marie Hakizimana, administrateur communal de Mabayi indique qu’une réunion du conseil communal s’est tenue et qu’il a été décidé de retourner les six millions dans les caisses du FONIC : « On ne pouvait pas garder cet argent car il ne nous appartient pas. »
Faux, rétorquent des sources bien informées au FONIC : « Aucune commune n’a renvoyé les six millions. Nous avons des informations qui affirment que tous les administrateurs communaux de Cibitoke ont viré les 36 millions sur le compte de Buganda comme convenu. »
« Ce ne sont que des rumeurs »
Anselme Nsabimana, gouverneur de Cibitoke réfute les allégations de ceux qui parlent de détournement du matériel de construction qui a conduit à la demande des fonds au FONIC. « Les travaux de ce stade ont déjà coûté plus de 100 millions venus de l’aide de la population, des commerçants, des cadres de Buganda et même du Président de la République. Nous avons un comité de supervision des travaux. Par quelle voie, y’a-t-il eu ce détournement ?» En outre, explique-t-il, tous les travaux devront coûter 1,3 milliards de Fbu. Même la somme octroyée par le FONIC est insignifiante par rapport aux besoins. » Pour lui, ces rumeurs de détournement sont survenues avec la suspension des travaux due aux manques des moyens car ceux qui avaient promis de donner les moyens ne l’ont pas fait à temps.
Quant à la demande de l’inspecteur des finances des communes de tenir des réunions des conseils communaux dans toutes les communes avant de virer l’argent sur le compte du stade de Buganda, le gouverneur estime que cet inspecteur ne contrôle que les recettes et les dépenses par rapport aux prévisions budgétaires des communes : « Il n’a pas de mainmise sur des fonds octroyés par le FONIC dans un cadre bien spécifique. »
Interrogé, Alexis Barekebavuge, président du conseil communal de Buganda nous a renvoyés chez le gouverneur :« Adressez-vous au gouverneur de la province Cibitoke. » Nous n’avons pas pu joindre Pierre Mupira pour donner sa version des faits. Interrogé par Iwacu, Léonidas Hatungimana, porte-parole du Président de la République a promis de s’exprimer après avoir réunis tous les éléments de l’affaire.
Des zones d’ombre
Un cadre natif de Murwi ayant requis l’anonymat estime que l’initiative de demander des fonds au FONIC est douteuse : « Pourquoi a-t-elle été introduite juste après les deux visites du Président de la République ? Pourquoi n’ont-ils pas soumis ce projet dès le début de la construction du stade ? »
De plus, il s’interroge sur la démarche des présidents des conseils communaux qui selon lui, ont à eux seuls négocié les termes de la convention intercommunalité. « Les administrateurs communaux n’ont pas été associés. Ils ont été appelés au siège du FONIC le jour de la signature de la convention seulement. »
Pour d’autres observateurs, les 36 millions devaient être versés sur le compte de la commune Buganda, du moins selon les termes de la convention. Ils se demandent alors pourquoi cet argent a été transféré sur les comptes des communes.
Un membre du conseil communal de Murwi ne comprend pas pourquoi sa commune virerait cet argent alors qu’elle connaît elle même des problèmes où des collèges communaux comme Nyarubuye, Mahande, Rwesero, Ngoma, manquent de toitures.
Rose Ndihoreye, administrateur de la commune Murwi : « Nous attendons la décision du conseil communal »
Jean Marie Hakizimana, administrateur de la commune Mabayi : « Le conseil communal a décidé de retourner les 6 millions dans les caisses du FONIC »