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Construction des villages de paix : des habitants se plaignent

05/05/2013 Commentaires fermés sur Construction des villages de paix : des habitants se plaignent

Dans certains coins du pays, la population récuse le projet de construction des « villages de paix », le jugeant bénéfique seulement pour les riches.

<doc2478|left>Site Gikumba, à trois kilomètres du chef-lieu de la commune Rugombo, province de Cibitoke. 266 parcelles y ont été aménagées et distribuées. Les bénéficiaires n’ont pas tardé à y ériger leurs maisons, toutes en briques cuites. Certaines sont d’ailleurs terminées.

Tout commence en juin 2011, en commune Gishubi de la province Gitega. Le président de la République lance officiellement la politique nationale de villagisation. Il convie la population à construire des maisons décentes, précisant que quiconque construira avec des briques cuites recevra 50 tôles et une plaque solaire pour l’éclairage électrique. « Celui qui utilisera des briques adobes aura les 50 tôles seulement », prévient-il.
Le N°1 burundais précise aussi que les tôles destinées aux 22 « villages de paix » qui seront construits dans les 17 provinces au cours de 2011 sont disponibles en quantité suffisante grâce aux dons de la Chine et du Maroc.

Partout, les autorités administratives s’empressent de chercher de l’espace pour la construction de ces villages. C’est dans ce cadre que 400 familles vulnérables sont expulsées du site Gikumba, commune Rugombo, vers la colline Busesekara. Ils doivent libérer un espace pour l’érection du village. Aussitôt après, des lamentations commencent. Et plus grave, la plupart des bénéficiaires des parcelles dans ces villages sont soit dignitaires du parti au pouvoir, soit de riches commerçants.

« La plupart des bénéficiaires sont des personnes haut-placées…. »

C’est le cas de Rugombo, d’après des témoignages recueillis sur place. G.R ne mâche pas ses mots : « Plus de 90% de ceux qui vont habiter le village de paix de Gikumba sont des membres du CNDD-FDD et des commerçants qui y ont acheté des parcelles. » Or, précise-t-il, avant la distribution de ces parcelles, l’administration promettait que « les premiers à servir seront parmi les 400 familles vulnérables qui y habitaient. »
Le même scenario s’observe au « village de paix » de la commune Mutimbuzi, province de Bujumbura, près de l’aéroport international de Bujumbura. P.N, un habitant de la commune affirme avoir demandé une parcelle en vain. « La plupart des bénéficiaires sont des personnes haut placées. Certains dignitaires en ont même plus d’une. » Il ajoute que faute de moyens de construire ou par calcul, d’autres ont vendu ces parcelles alors que cela est interdit.

Pour cet homme habitant tout près du site, ceux qui y ont des parcelles, en ont déjà plusieurs ailleurs ou au chef-lieu de la commune. Ce qui, d’après lui, ne colle pas avec l’esprit du projet du Président de construire des villages modèles dans tous le pays. « Comment comprendre que les bienfaits du regroupement des populations dans ces villages pour le développement socio-économique profite aux forts ? » Car, pour lui, les bénéficiaires vivront dans un habitat décent et « leurs enfants auront accès aux écoles, aux centres de santé, à l’électrification, à l’adduction d’eau potable et à bien d’autres services.» Et de se demander si c’est par pour les nantis que ce projet est en train d’être exécuté.

Iwacu a contacté en vain les gouverneurs de Cibitoke et de Bujumbura pour qu’ils s’expriment au sujet de la grogne de certains habitants de leurs provinces respectives. Quant au porte-parole du président de la République, il a promis de réagir après la retraite du gouvernement qui était en cours au moment où nous mettions sous presse.
Selon Dr Bernard SINDAYIHEBURA qui a fait une étude sur l’impact du programme de villagisation pour le compte du Forum pour le renforcement de la société civile(FORSC), il a des effets positifs. Mais, souligne-t-il, il devra tenir compte des impacts démographiques sur le Burundi. M. Sindayihebura demande au gouvernement de faire en sorte que ce programme soit bénéfique à la population. Parmi les effets positifs, il parle notamment de la rationalisation des intrants agricoles expliquant que beaucoup de gens auront accès à la terre.

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