Mercredi 27 novembre 2024

Politique

Constitution : une révision qui divise

29/11/2016 10

Le Conseil des ministres du 16 novembre a approuvé une note explicative sur la nécessité de l’amendement de la Constitution. S’ensuit la polarisation de cet événement politique majeur.

Pascal Barandagiye, ministère de l’Intérieur et de la Formation Patriotique
Pascal Barandagiye, ministère de l’Intérieur et de la Formation Patriotique

« Certaines dispositions de la Constitution sont devenues caduques, anachroniques et désuètes et ne reflètent plus par conséquent les réalités du moment». C’est l’une des justifications de la note sur la mise en place de la Commission chargée d’étudier les amendements à la Constitution de la République du Burundi. Une note initiée par le ministère de l’Intérieur et de la Formation Patriotique.

La note revient sur les doléances de la population recueillies par la Commission Nationale du Dialogue Inter-Burundais (CNDI). Parmi les desiderata de la population figurent l’annulation de la limitation des mandats présidentiels ainsi que la primauté de la Constitution sur l’Accord d’Arusha.

D’après la note, la Constitution actuelle n’est pas en harmonie avec la législation de la Communauté est-africaine.
Selon toujours cette note, différentes propositions de changement de la Constitution ont été émises par les acteurs politiques. Elle rappelle que la Feuille de Route vers les élections de 2015 a été le fruit d’un consensus des politiciens sur la nécessité d’une révision.

Une autre explication table sur les compétences du président de la République. Les articles 297 et 298 de la Constitution précisent que l’initiative de la révision de la Constitution appartient au président de la République après concertation du gouvernement. Le président peut soumettre au référendum un projet d’amendement de la Constitution.

Aux dires de la note, certains rapports de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme et de la Commission Electorale Nationale Indépendante planchent aussi sur cette révision.

Après discussion, le Conseil des ministres a approuvé cette note. Il a, par la suite, demandé au chef d’Etat de mettre en place une commission qui serait chargée de préparer le projet de l’amendement de la Constitution. Le Conseil des ministres a également statué sur l’inventaire des articles nécessitant une modification par ladite Commission.


>>Réactions

domitien-ndayizeyeDomitien Ndayizeye : « Cela n’augure rien de bon »

L’ancien président Domitien Ndayizeye affirme n’avoir pas été surpris par cette décision de révision de la Constitution. « Cela n’augure rien de bon. » Il parle d’un Burundi qui s’enfonce dans une crise dont l’issue est incertaine.


abel-gashatsiAbel Gashatsi : « Nous ne voulons pas de président à vie»

Pour Abel Gashatsi, président du parti Uprona, modifier la Constitution est chose normale. Le plus important pour le Burundi, c’est que cet amendement soit guidé par un esprit de renforcement de la paix et la cohésion sociale. « Il faut que les partis politiques se mettent ensemble pour voir les articles qui causent problème. Nous ne voulons pas de président à vie. » La question des mandats, conclut-il, ne devrait pas être concernée par les amendements, les modifications à apporter.



tatien-sibomana-2Tatien Sibomana : « C’est une démarche solitaire et porteuse de tous les dangers ».

Pour lui, c’est une démarche solitaire et porteuse de tous les dangers. Il soutient que cette tentative obstinée de réviser la Constitution a essentiellement trois objectifs : « Le premier est d’enlever l’article 302 qui limite les mandats présidentiels à deux. Le deuxième est la remise en cause de l’Accord d’Arusha, notamment les équilibres ethniques. Et le troisième est la remise en cause du quorum de vote des lois à l’Assemblée et au Sénat. »



Me Jean -Marie Nduwimana:« Pour l’amendement de la Constitution »

Le président de la Plate-forme Intégrale de la Société Civile (PISC-Burundi), Me Jean-Marie Nduwimana, se dit favorable à l’amendement de la Constitution. Toutefois, il demande le respect intégral de la loi. « Nous nous opposons à toute procédure de révision qui peut être retenue si elle porte atteinte à l’unité nationale, à la réconciliation, à la cohésion du peuple burundais, comme l’article 299 de la Constitution le stipule. »



evariste-ndayishimiyeEvariste Ndayishimiye : « Evitons une fuite en avant »

Pour le Secrétaire Général du Parti Cndd-Fdd, la loi doit être flexible et évoluer avec la société. Evariste Ndayishimiye espère que la commission technique qui sera mise en place aura le temps de consulter tous les acteurs politiques et les citoyens en tenant compte des réalités du pays. « Evitons une fuite en avant en commençant à polémiquer. Attendons avec calme le travail de cette commission. »


Pascal Rwankara, constitutionaliste: «Ce n’est pas le moment d’une révision sereine de la Loi fondamentale»

 

Le professeur Pascal Rwankara
Le professeur Pascal Rwankara

« La mise en place de cette commission devrait tenir compte des critères des personnalités ayant la stature voulue. Il faut une large diffusion avant de mettre en place cette commission. »

Concernant la tentative de révision de la Constitution en 2014, il rappelle qu’n’y avait pas eu de débat. « C’est un problème majeur. »

Il suggère que cette commission soit érigée sur des critères objectifs, sinon il y a toujours des approximations et des démarches tout à fait hasardeuses.

Selon lui, la Constitution actuelle renferme au moins 27 dispositions qui méritent d’être réformées. « On ne doit pas se focaliser uniquement sur cette histoire de mandats. Il faut plutôt s’attacher sur d’autres questions fondamentales. »

Le Constitutionaliste déconseille un changement de la Loi fondamentale en ces temps de dialogue interne et externe : « Il faut faire très attention lorsqu’on touche sur des textes fondamentaux, il est intéressant que tout le monde s’y retrouve et que tout le monde comprenne la nécessité de retoucher la loi mère.» Et de conclure : « La signature de l’Accord d’Arusha a déjà été une grande étape. Tout cela doit être maintenu et organisé au regard de l’Accord d’Arusha pour éviter que chaque pouvoir en place soit amené à modifier la Constitution. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. burukani

    M. Rwankara,
    Je m’adresse à toi, Constitutionnaliste! J’ai l’impression que tu as la mémoire courte. Aujourd’hui tu oses en appeler au respect de l’Accord d’Arusha, alors que l’année passée sur les ondes de la RPA, tu as osé dire que l’Accord d’Arusha n’avait pas de statut supra constitutionnel, que c’est un texte qui a fait son époque, et auquel on ne devrait plus faire référence. Heureusement que tu ne lis pas les commentaires ou tu n’archives pas tes interventions.
    Burka

  2. Les politiciens sans assise politique ( le CNARED) et ou la Belgique et le Rwanda n’ont rien a contribuer sur la constitution Burundaise. Seules les Burundais ont interet a modifier la constitution Burundaise pour le bien fonde du Peuple Burundais et non le colonisateur.

    • Yves

      @HIMA : vous avez oublié de mentionner l’ONU, les Canadiens, les Français et les martiens dans votre plaidoyer…

      • mayugi

        Que viennent faire tous ces pays que vous (hime et ives) citez. Un hors sujet!

        • Yves

          @Mayugi : je me moquais bien entendu du « sans neurones » qui raconte toujours les mêmes histoires… je pensais pourtant que le mot « martien » indicait clairement l’ironie…

          • mayugi

            Pardon!

  3. Pablo

    Toi Bukuru Matias ces joueurs que tu considères en dehors du terrain ont été intimidés et menacés de mort par le pouvoir DD et tu vois où nous en sommes maintenant! Les DD peuvent reviser la constitution comme ils l’ entendent mais c’ est AJOUTER le Drame au Drame!

  4. Bukururu Matias

    Rappelez-vous que certains de ces dits « acteurs politiques » ne le sont pas car ils sont en dehor du jeu politiques au Burundi: les Domicien, les Ntiba, et toute la radical opposition dudit cenared.
    Avez-vous vu un joueur, en footbal ou basket qui joue de dehors du terrain? Il n’est simplement pas joueur! Meme au Burundi, que les acteurs politique soient les burundais au Burundi, et non lesdits burundais au senat belge! Une honte!

    • Kabingo Dora

      @Bukururu
      C’est quoi les limites du terrain pour vous? Et le hors jeu vient de qui ? Pffff du n’importe quoi .

    • Yves

      @Matias : comparer une classe politique à une équipe de football, c’est comme comparer des pommes et des ordinateurs : il n’y a rien en commun. Une simple démonstration suffira à invalider votre analogie : lorsque dans un sport d’équipes, des joueurs font une mauvaise prestation, ils sont remplacés. Lorsque la classe politique au pouvoir au Burundi fait du mauvais travail (ce que tous les indicateurs socioéconomiques confirment), elle par contre… reste en place, et ce à n’importe quel prix. Cqfd

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