Une réunion sur l’élimination de la violence basée sur le genre a été organisée par Uhai EASHRI (East African Sexual Health and Rights Initiative) et Mama Cash à l’hôtel La Mada à Nairobi du 27 au 29 Aout 2012.
<doc5145|right>Elles étaient 16 organisations rassemblant « des groupes qui sont marginalisés par leur communauté et les principaux mouvements sociaux » de l’Afrique et de l’Amérique Latine. Ces marginalisés sont notamment les femmes rurales, les personnes transgenres, les femmes sourdes, les mères célibataires, les femmes handicapées, les travailleuses de sexe, et les femmes vivant en extrême pauvreté et avec le VIH/Sida. Toutes sont bénéficiaires de subventions de Mama Cash, une organisation néerlandaise qui soutient financièrement des associations féminines.
D’après Azita Azargoshash, facilitatrice, ces groupes de femmes sont souvent exclus au niveau social, au sein des familles, par des mouvements sociaux et des institutions publiques : « Briser cet isolement est un premier pas pour les aider à non seulement reconnaître que leurs droits ont pu être enfreints, mais aussi à reconnaître leur capacité et contribution social, politique, et culturel. »
Lors des travaux en commission, les différentes organisations ont échangé sur leurs expériences personnelles en fonction du contexte de leur pays d’origine. Elles ont notamment déploré que leurs communautés les perçoivent exclusivement comme des victimes. Une des participantes a même ajouté que certaines activistes les approchent avec pitié au lieu de les traiter en tant qu’acteurs sociaux. « Nous sommes des agents sociaux capables d’apporter des changements dans nos propres vies et dans celles des autres », a-t-elle martelé.
Importance d’aller au-delà des capitales
Elles ont compris qu’elles subissent presque le même genre de violences et ont constaté que la culture et les pratiques traditionnelles restent plus fortes que la loi dans plusieurs pays africains. D’où l’importance de travailler avec les institutions en place à savoir le gouvernement, le parlement, etc.
Au deuxième jour de la réunion, les débats se sont poursuivis. Les représentantes de ces organisations ont insisté sur l’importance d’aller au-delà des capitales et autres centres urbains pour atteindre les zones rurales. Dans ces zones, les femmes, les filles, et les personnes transgenres sont réellement isolées. Elles survivent économiquement, combattent de multiples formes de violence, et elles ignorent souvent les lois nationales et les conventions internationales qui protègent leurs droits.
C’est dans la soirée du deuxième jour que la plupart des participantes ont su qu’étaient présentes deux transgenres dans la salle, après la diffusion d’un documentaire du témoignage de Vichy, un transgenre chilien. D’après lui, il est né dans un corps d’homme et grâce à la chirurgie plastique, il a pu devenir, à 41ans, une femme à part entière. Mais elle a raconté que dans son pays, le Chili, les personnes transgenres sont toujours discriminées.
Intégrer la communauté LGBT dans d’autres organisations
Par ailleurs, sur le programme du troisième jour, il était prévu que ces organisations échangent sur la manière d’intégrer la communauté LGBT (Lesbiennes, Gais, Bisexuels et Transgenres) dans leurs projets. Bien que les participantes aient souligné que leurs pays ne les acceptent pas ou ne veulent pas entendre parler de l’homosexualité. Même si le concept de transgenre n’est pas encore connu par les peuples africains, elles ont accepté de le faire. Elles ont aussi insisté sur l’importance de travailler en synergie.
Les participantes se sont quittées, après s’être convenues de continuer leur lutte contre les barrières sociales pour éradiquer les violences dont elles sont victimes et jouir pleinement de leur droit en tant qu’êtres humains.