Mardi 25 février 2025

Économie

Conflit à l’est du Congo : L’agriculture et le commerce transfrontalier en panne

Conflit à l’est du Congo : L’agriculture et le commerce transfrontalier en panne
La frontière Gatumba-Kavimvira

Depuis la guerre de l’est du Congo, les commerçants et cultivateurs de la zone Gatumba dans la commune Mutimbuzi, exerçant leurs métiers dans la République démocratique du Congo en passant par la frontière Gatumba-Kavimvira, se retrouvent sans emploi.

Il est 10 h dans le quartier Gaharawe de la zone Gatumba. Certains cultivateurs rencontrés témoignent du calvaire qu’ils vivent suite à la guerre de l’est du Congo.

Nadine Gahimbare, la cinquantaine, cultivatrice dans la région de Gahorohoro en RDC, indique qu’elle vient de passer un mois sans pouvoir se rendre dans son champ. « Je ne sais même pas ce que mes cultures sont devenues, car il y a presque un mois que je ne m’y rends pas. Avant la crise, on passait par la frontière Gatumba sans difficulté, mais ce n’est plus le cas. »

Lorsque j’y étais pour la dernière fois, raconte-t-elle, des malfaiteurs avaient commencé à récolter nos champs. « Ils ont cueilli des plants de maïs qui n’étaient pas prêts à être récoltés. Je ne sais pas ce que je vais devenir, car c’est le seul champ qui m’aidait à survivre. Et la vente était plus facile, car, après la récolte, je rentrais avec l’argent et un quart de ce que j’ai récolté pour ma famille. »

Rencontré dans le quartier Rugarika de cette même zone, Camile B., père de 6 enfants, est également cultivateur à Kiliba dans la RDC. Il témoigne qu’il a eu la chance de rentrer avec quelques récoltes de haricots lorsqu’il était dans son champ pour la dernière fois, mais qu’il ne peut pas y retourner à cause du terrorisme des Wazalendo.

« J’ai un champ de haricots à Kiliba, ce n’est même pas trop loin de la frontière Kavimvira, mais je ne peux pas y retourner avant la fin de cette crise politique. La dernière fois, il y a eu un groupe d’hommes qui est venu vers moi et ces derniers m’ont dit de rentrer chez moi et de ne pas revenir et de laisser la récolte là, car chez nous, il y a la paix et la nourriture », raconte Camile en ajoutant qu’il a ramassé ce qu’il pouvait et est rentré.

Des manques à gagner se comptabilisent

Certains commerçants de la zone Gatumba indiquent qu’avec la crise politique en RDC, le commerce transfrontalier est quasiment à l’arrêt. Le trafic des marchandises est devenu très difficile. Les commerçants évoquent un manque à gagner énorme.

« Transporter les marchandises vers le Congo n’est pas facile pour le moment. Personnellement, je vendais l’eau minérale dans la RDC, mais pour l’instant, je suis au chômage, car les frontières pour les commerçants semblent fermées. Nous ne sommes plus autorisés à entrer avec les marchandises au Congo », regrette un des commerçants rencontrés dans le centre de Gatumba.

Marie-Ange, une commerçante de la zone de Gatumba n’est pas loin du témoignage dessus. Pour elle, le commerce transfrontalier faisait vivre beaucoup de gens. « Avec la suspension de la mesure portant restriction des importations entre le Burundi et la RDC, un régime commercial simplifié avait été introduit pour nous, les petits commerçants. Cette crise politique est venue empirer les choses. Je ne peux plus aller faire le commerce aisément en RDC. »

De l’autre côté, les commerçants de la zone Gatumba indiquent qu’avant la crise politique de la RDC, ce sont les Congolais qui achetaient en grande les marchandises des commerçants burundais.
Les Congolais étaient de bons clients, comme l’explique un boucher dans cette même zone. « La guerre de l’est du Congo ne nous épargne pas aussi. Les Congolais étaient nos meilleurs clients. Un seul Congolais pouvait acheter 10 kg de viande d’un coup et il ne se plaignait pas du prix d’achat. Autrefois, j’abattais et vendais la viande de deux vaches, mais aujourd’hui, je n’écoule qu’une partie d’une vache. »

Sur la frontière Gatumba-Kavimvira, seul le mouvement des camions remplis de réfugiés et des pickups est visible…

RDC

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