En pleine pénurie de carburant, la ville de Bujumbura fait face à une situation de plus en plus tendue concernant l’utilisation des deux-roues. Malgré des autorisations en règle délivrées par la mairie, de nombreux citoyens voient leurs vélos et motos confisqués par les forces de l’ordre. Entre corruption, manque de coordination et incompréhension, cette situation met à nu en certains dysfonctionnements de l’administration de la mairie de Bujumbura.
Un exemple frappant de cette réalité s’est déroulé sur le pont Ntahangwa Nord. Ce mardi le 27 aout à 11 h, deux conducteurs de motos privés ont été arrêtés par la police. Malgré la présentation de leurs papiers d’autorisation, ils se voient refuser le droit de continuer leur route.
« Nous nous sommes munis des autorisations délivrées par la mairie de Bujumbura nous permettant de franchir les zones interdites. Aujourd’hui, les policiers nous arrêtent et confisquent nos motos. Ils nous disent que nous allons payer des amendes parce que c’est interdit de nouveau. Mais la mairie devait nous informer avant de donner des nouvelles instructions à la police », se lamente l’une des victimes rencontrées sur le pont Ntahangwa.
Jacques, un étudiant de l’université des Grands Lacs, partage une expérience similaire. Il raconte comment son vélo a été confisqué par la police malgré son autorisation.
« J’ai acheté un vélo pour me faciliter le déplacement vers l’université. Avec ces problèmes de déplacement, cela m’arrange d’arriver à temps et de suivre les cours. Mais la semaine dernière, je suis arrivé au niveau du pont Ntahangwa, les policiers m’ont arrêté et ils ont confisqué mon vélo. Comme je n’avais pas d’argent, j’ai dû partir à la police spéciale de roulage pour réclamer mon vélo ».
Pour Jacques, comme d’autres citoyens en possession d’une moto ou d’un vélo, ce moyen de déplacement représente une solution économique et pratique face aux défis actuels de transport dans un contexte de manque de carburant.
Un autre témoignage d’un résident de la zone Buyenzi, propriétaire d’une moto communément connu sous le nom de Jehokuki, explique comment il a dû verser un pot-de-vin pour récupérer sa moto confisquée par la police.
« J’ai acheté une moto pour faciliter mes courses avec mon boulot. Ça diminuait les frais que je consommais par jour. Avec cette période de pénurie de carburant, je m’arrange, mais ce n’est pas difficile comme les autres qui prennent des taxis tous les jours. Mais j’ai eu peur le jour où les policiers m’ont arrêté et m’ont dit que le papier d’autorisation n’est plus valable. J’ai dû payer une amende de 20 000 BIF. Il n’y a même pas eu de reçu ».
La mairie de Bujumbura avait initialement instauré ces papiers d’autorisation pour les déplacements privés à deux-roues en réponse à la décision d’interdiction de ces derniers dans certaines zones à partir du 21 mars 2022.
Toutefois, il est également important de noter que certains individus profitent de cette situation pour contourner la réglementation en utilisant des faux papiers.
Appel de la société civile et des politiques au respect de la loi
Face à ces abus, plusieurs associations de la société civile ont décidé de réagir, notamment l’Association de Lutte contre le Chômage et la Torture (ALCHOTO). Son coordinateur, Vianney Ndayisaba, a critiqué les arrestations arbitraires et abusives effectuées par la police.
« Certains individus circulent dans des zones interdites avec des autorisations légales délivrées par la mairie, mais sont malgré tout arrêtés par la police », a-t-il déclaré.
Il considère ces actions comme un abus de pouvoir, particulièrement lorsque des citoyens en règle sont ciblés. L’association a également dénoncé les pratiques de corruption au sein de la police.
« Certains policiers profitent de la situation pour demander des pots-de-vin », a-t-il ajouté, tout en réclamant le respect des documents légaux délivrés par les autorités municipales.
M. Ndayisaba plaide également pour que certaines catégories de personnes, notamment les élèves, bénéficient d’autorisations spéciales pour faciliter leurs déplacements, en particulier dans ce contexte de pénurie de carburant.
Anicet Niyonkuru, président du Parti CDP, s’est lui aussi exprimé sur le sujet. Il a sévèrement critiqué l’attitude de la police, qui, selon lui, ’’empêche les personnes qui possèdent des motos et des vélos et qui ont des permissions de circuler au centre-ville de Bujumbura pour exercer leurs activités’’.
Pour Niyonkuru, cette situation peut s’expliquer par « un manque d’informations, des informations claires sur les motos et les vélos qui possèdent des permissions de circuler ou bien par une question de corruption ».
Il a également dénoncé la corruption endémique au sein de la police burundaise, affirmant que les policiers « essaient de maximiser la réception de l’argent d’une manière illégale » dans de telles situations.
De son côté, Gaspard Kobako, membre de l’Alliance nationale pour la Démocratie (AND), a critiqué l’administration burundaise, qu’il considère comme désorganisée. « Les personnes qui se déplacent à moto et à vélo, dont les droits sont bafoués par la police, témoignent qu’il y a des problèmes d’administration dans ce pays », a-t-il déclaré.
M.Kobako a déploré le manque de coordination entre les structures étatiques, en particulier entre la police et la mairie. Selon lui, « la police et la mairie devraient travailler de concert et dans la complémentarité ».
Il a également appelé à une révision urgente des pratiques en cours, exhortant les autorités à collaborer pour résoudre rapidement ce problème. « Il faut que cette question soit rapidement réglée par les autorités de la mairie, en collaboration avec la police municipale », a-t-il ajouté.
Patrick Nkurunziza, président du parti Sahwanya FRODEBU, a également dénoncé les pratiques de corruption au sein de la police, affirmant que les forces de l’ordre cherchent à soutirer de l’argent à la population. Il a mis en garde contre les conséquences potentielles si l’État ne prend pas rapidement les mesures nécessaires pour remédier à la situation. « Si l’État ne prend pas les mesures nécessaires, la situation risque de s’aggraver », a-t-il averti.
Les autorités s’expliquent
Le lieutenant-colonel de police Étienne, commandant de la Police spéciale de roulage, a donné quelques éclaircissements : « Il s’agit d’une mesure de la Mairie de Bujumbura, mise en application par la police dans les différentes zones et communes de la Mairie.
Cette opération vise à vérifier l’authenticité des papiers d’autorisation pour les zones interdites. Certains conducteurs dépassent ces zones sans aucune autorisation », a-t-il fait savoir.
Après la saisie des motos et vélos, la mairie a décidé de les transférer à la police spéciale de roulage en attendant de trouver une solution. « Les propriétaires de véhicules ayant des autorisations valides devront obtenir une nouvelle autorisation, qui comportera une date limite et précisera les heures durant lesquelles ces motos et vélos pourront circuler. Cette mesure vise à prévenir les vols nocturnes », a-t-il rassuré.
Jimmy Ndayishimiye, conseiller de la mairie de Bujumbura chargé des questions de sécurité, a justifié ces opérations en affirmant qu’elles visaient à contrôler et actualiser les papiers d’autorisation.
« C’était une activité de la police de saisir les motocyclettes et bicyclettes afin de vérifier si les conducteurs de ces déplacements disposent de vrais papiers de permission qui ont été donnés par la mairie de Bujumbura, car on s’est rendu compte qu’il y a ceux qui ont des faux papiers », a-t-il déclaré.
Il a également précisé que désormais, aucun conducteur n’est autorisé à conduire une moto ou un vélo sans un nouveau papier de permission délivré par la mairie. Ces nouveaux documents incluront des informations précises sur les heures de circulation, afin de faciliter le travail des forces de l’ordre.
Alors que la population subit les conséquences de ces pratiques, des voix s’élèvent pour réclamer des réformes et une transparence accrue dans la gestion des autorisations de déplacement. Certains conducteurs se demandent pourquoi la mairie a instauré une mesure autorisant la confiscation de leurs moyens de transport, alors qu’ils possédaient des documents légaux leur permettant de circuler.
C est un désordre, caractéristique de la république bananière qu est devenu le Burundi.
Umve nawe dans l’article: vélo circulant avec faux papers, abapolisi baka ibiturire.
C est juste un pays lamentable.
Et on chabte la vision 2040.
Pathétique 🙃🙃🙃
Mu Kirundi baca umugani ngo uwarushe ntaruhuka.Abarundi mwese armez-vous de patience parce que les problèmes semblent se multiplier chaque jour.Il va falloir questionner les responsables qui nous rendent à tous la vie invivable.Il faut qu’ils rendent des comptes.