Samedi 23 novembre 2024

Société

Concours national : mention médiocre pour la province Gitega

27/12/2014 7

Depuis des années, la province Gitega ne cesse de dégringoler en matière d’éducation. 62% de taux de réussite pour l’édition 2014 et une piètre 16ème place sur 18 provinces que compte le Burundi.

Elias Njebarikanuye : «Ils y arrivent souvent en retard et c’est un handicap majeur pour produire un travail de qualité.» ©Iwacu
Elias Njebarikanuye : «Ils y arrivent souvent en retard et c’est un handicap majeur pour produire un travail de qualité.» ©Iwacu

«C’est une honte pour une province qui possède un deuxième vice-président de la République et plusieurs hauts cadres dans différentes institutions étatiques», s’exclame un parent de la ville de Gitega. «Nous n’en sommes pas fiers. Cette place n’honore pas notre province», renchérit une autre maman. C’est ce sentiment qui y règne après la publication du classement des provinces en ce qui concerne l’édition 2014 du concours national.

62% de taux de réussite l’édition 2014 et une 16ème place sur 18 provinces. Lamentable, s’indignent certains enseignants. Et pourtant, on tablait à 70%. Pour l’édition précédente, la province Gitega avait totalisé 53% avec la même 16ème place. Pour cette édition-là, la dernière province devait au moins avoir 60% selon les prévisions du ministère en charge de l’enseignement primaire. Et cela dure depuis quelques années.

Ils tentent des explications

Responsables de l’enseignement, enseignants et parents avancent moult raisons pour expliquer ces échecs répétitifs. Pour Elias Njebarikanuye, inspecteur régional de l’enseignement de base, cela est dû essentiellement aux enseignants redéployés qui vivent dans la ville de Gitega alors que leurs postes d’attache se trouvent dans des communes éloignées comme Makebuko, Itaba ou Giheta. «Ils y arrivent souvent en retard et c’est un handicap majeur pour produire un travail de qualité.» Les effectifs pléthoriques (70 écoliers par salle de classe) constituent aussi une des causes qui expliquent ces échecs, d’après lui.

Certains enseignants jettent le tort aux parents. «Les parents n’encadrent plus leurs enfants le soir à la maison», souligne une enseignante de l’E.P Mushasha I. En plus de cela, elle évoque un manque d’enseignants et le matériel didactique qui est insuffisant. «On enseigne dans l’abstrait alors qu’on devait être dans le concret.» Selon certains parents, la pauvreté et la faim qui gangrènent les familles contribuent à augmenter le taux d’échec. «Les enfants vont à l’école sans avoir rien mis sous la dent. Cela entraîne les échecs car un ventre affamé n’a point d’oreilles», expliquent-ils.

Militantisme au lieu de la méritocratie

Pour d’autres, la principale cause de cette descente aux enfers est que le secteur éducatif est politisé. On met en avant le militantisme au lieu de la méritocratie. Uziel Sindayigaya, représentant du syndicat STEB, ne mâche pas ses mots. «On est promu directeur d’école en considération de son appartenance politique alors que l’on devait voir la performance, la compétence et l’expérience pour promouvoir un enseignant.» Même son de cloche de la part de certains habitants de Gitega. «Le gros des directeurs sont du parti au pouvoir. Ils se préoccupent plus des problèmes du parti que de l’enseignement. De plus, ils ne fournissent pas beaucoup d’efforts.» Ce que réfute Elias Njebarikanuye.
Uziel Sindayigaya recommande qu’il y ait un dialogue entre tous ceux qui sont chargés de l’enseignement en province Gitega afin d’analyser efficacement tous les problèmes qui ruinent l’enseignement. «Il faut que les directeurs provinciaux et communaux sortent de leurs bureaux pour aller sur terrain. La présence d’une telle autorité poussent les enseignants à bien travailler», conseille Monseigneur Justin Baransananikiye, un des propriétaires d’une école à Gitega. Il propose en plus de faire un suivi régulier des enseignants et des directeurs. «Il faut promouvoir les directeurs performants et destituer ceux qui le sont moins.» Et certains parents de conclure: «Les directeurs doivent savoir qu’un poste de directeur n’est pas une propriété privée.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. SEMIGABO J.CLAUDE

    L’administration, les services publics doivent être dépolitisés sinon, on n’ira nulle part…! Seuls les enfants des « riches » pourront faire le privé et plus ou moins s’en sortir. Le reste de l’école publique restera à la traine et ce n’est pas bon pour l’avenir du Burundi….!!! C’est une honte ce qui se passe dans ce pays. Quand on sait que tous les pays qui s’en sont sortis économiquement (Asie, Amérique latine, Afrique du nord-Tunisie entre autre et certains pays africains emergents etc..) ont d’abord investi massivement pour améliorer leur système éducatif, on peut se poser des questions pour le Burundi et son Gouvernement du CNDD-FDD où les compétences par ailleurs ne courent pas les rues…!!!!

  2. Aaron

    Pourquoi les enseignants jettent le tort aux parents et aux directeurs alors qu’ils devraient se pointer du doigt les premiers. Les enseignants passent toutes la journee avec les enfants. Beaucoup de parents n’ont jamais ete a l’ecole et il leur sera difficile d’aider les enfants. Le Directeur est un superviseur, biensur il a un grand role a joue dans la reussite de l’education mais son role n’est pas d’enseigner les eleves, il peut le faire pour des lecons modeles ou pour remplacer un enseignant absent,mais il n’a pas de classe. Un bon enseignant sait ce qu’il fait,il ne doit pas attendre la supervision du directeur. L’enseignant c’est le plus grand acteur de l’education. Si vous parlez de la politisation ca peut etre une des facteurs puisque on peut promouvoir des gens incompetants, malheureusement on ne le fait pas a Gitega seulement. La pauvrete aussi dont vous parlez c’est la province de Gitega qui est la plus touchee par rapport aux autres provinces du Burundi ? Ne me dites pas non plus que la province de Gitega a moins de materiels didactiques que les autres provinces. Il ne faut inventorier des pretextes seukement, il faut aussi des excuses. Mais pour la bonne reussite de l’action pedagogique, il faut la participation active de tout les acteurs impliques. Un bon encadrement ferait la difference.

  3. Ndikumana Roger

    Tout le monde est coupable dans cette histoire.
    Et tous les avis recueillis sont d’une manière ou d’une autre vraie.
    Pourriez-vous nous donner la liste complète des performances de toutes les provinces?

    • Ndikumana Roger

      @Ndikumana Roger,…C’est l’éducation;…..c’est pas trop de la politique politicienne, personne ne s’y intéresse.
      Où est la liste complète des performances de toutes les provinces que j’ai demandé?
      Si c’était de la politique-politique,…certains m’auraient déjà donné des références pour aller vérifier la véracité de leurs arguments.

  4. Ndayiragije

    Pour trouver une solution durable, il faut dépolitiser complétement le système éducatif burundais; regadez ces directeurs qui distribuent des cartes d’identité aux mineurs. Quelle tricherie!! Comment voulez-vous que de tels éducateurs dispensent un enseignement de qualité. il faut des directeurs qui ont un minimum d’estime de soi. Avec un Directeur qui enseigne aux enfants de l’école primaire qu’on peut tricher, quel avenir pour notre pays?

  5. kimeneke

    Ntaciza caba dd nabo bategetsi mutubwira bahejeje biba ibibazo harya igihugu nigito

  6. KAGONGO Athanase

    Et si on parlait de mbonerakurisation parce que jeunes.

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