Entre compétences juridiques et talent oratoire… En lice, 20 étudiants finalistes en droit de dix universités dans un procès fictif. Le droit international humanitaire (DIH) à l’honneur.
Lundi 26 novembre. Dans les locaux de l’Université du Burundi, campus Mutanga, 60 étudiants issus de huit universités sont au rendez-vous du concours national de plaidoirie en DIH. Organisé par le Comité international de la croix rouge (CICR), du 26 au 30 novembre.
Le concours s’ouvre sur des séances de formation sur le DIH et l’action du CICR. Mais seuls 20 étudiants, deux par université, sont candidats au concours proprement dit.
Mardi 27 novembre, début des phases éliminatoires. Mise en situation, les étudiants doivent se pencher sur le cas fictif des confrontations armées entre les forces gouvernementales et un mouvement rebelle.
Durant la 1ère phase, les candidats jouent le rôle de délégués du CICR pour assister les victimes des conflits armés. L’épreuve consiste à pouvoir traverser la barricade érigée par les rebelles pour atteindre les victimes. La technique étant de négocier avec ces « combattants », à la fois membres du jury, l’accès aux victimes. L’évaluation porte sur la maîtrise de la mission et les principes du CICR. Les étudiants ont 30 minutes pour préparer l’épreuve.
Une mise en scène parfaite
9h 30, l’heure de l’épreuve. C’est l’équipe de l’Iscam qui passe en premier. Sur un terrain vaste gazonné du campus Mutanga, la mise en scène parfaite. Deux « rebelles » (un agent du CICR et un officier de police, de leurs vraies identités) contrôlent la zone. Deux « parfaits inconnus » (les étudiants ou délégués du CICR) débarquent. Ils tombent sur des combattants armés et nerveux. Ces derniers ignorent ce qu’est le CICR. Les « inconnus » doivent donc convaincre pour avoir accès aux victimes de la guerre.
Ces combattants ou le jury ne se montrent pas tendres. Tentative de confiscation de badges, soutirer de l’argent… des pièges auxquels les candidats ont du mal à échapper. Dans la peau d’une rebelle, une jeune femme agent du CICR joue très bien son rôle au point de faire perdre leurs moyens aux candidats.
Toutes les huit équipes seront soumises à la même épreuve avec des jurys différents. Après l’épreuve, tous les candidats sont unanimes : surprise totale, mais agréable expérience. Ils s’attendaient à la méthode simple de répondre aux questions du jury dans une salle.
La 2ème phase du concours consistera à amener les candidats, toujours dans la peau de délégués du CICR, à négocier l’accès aux victimes avec les différentes autorités, notamment les directeurs de prison.
La phase cruciale…
Mercredi 28 novembre. C’est le moment de la séance de plaidoirie, la phase primordiale du concours (80% de l’évaluation). Dans cet exercice qui requiert compétence juridique et talent oratoire, les étudiants s’affrontent dans un procès fictif pour accuser ou défendre le présumé auteur de crimes de guerre devant la cour.
8h30, toujours dans les locaux du campus Mutanga, les étudiants s’activent. La panique se lit sur leurs visages. Plusieurs groupes se forment par université. Ils préparent leurs chefs d’accusation ou moyens de défense. Chaque équipe connaît déjà son rôle grâce au tirage au sort.
9h30, le procès est ouvert. Université du Burundi (partie accusatrice) contre Université Espoir d’Afrique (partie défenderesse). Les « juges de la cour » constituent le jury. Cinq experts en magistrature et DIH : un magistrat à la Cour suprême, un ancien procureur au tribunal militaire, un officier militaire et de police experts en DIH et un délégué du CICR.
La situation semble compliquée pour les équipes de défense, « avocats du diable ».
Principaux critères d’évaluation : connaissances juridiques, la force de persuasion, la cohérence de l’argumentation et l’esprit d’équipe.
D’après le chef du département communication au CICR, Oumarou Daddy Gaoh, l’objectif du concours est non seulement de renforcer les connaissances des étudiants en DIH, mais aussi de les mettre en situation réelle pour les préparer à leur vocation. « Le souci est de voir des étudiants prêts à s’investir dans des causes liées aux victimes des conflits armés ».
12 de ces candidats issus de six universités vont participer au concours de plaidoirie Grands lacs à Kigali du 9 au 15 décembre prochain. Les trois meilleurs plaideurs de ce concours national représenteront le Burundi au concours régional africain à Yaoundé en 2019.
Résultats
Demi-finales :
-Université Lumière de Bujumbura, campus Kinindo (68,5/80)
-Institut Supérieur de Police (68/80)
-Université du Lac Tanganyika (61/80)
-Iscam (56/80)
Finale :
-Université Lumière, campus Kinindo
-Iscam
Meilleurs plaideurs :
-Bellarmée Uma (Université Lumière, Kinindo)
-Merveille Mugisha (Université du Lac Tanganyika)
-Corine Kaneza (Université Lumière Kinindo)
-Serges Niyongabo (Institut Supérieur de Police)