Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a rendu publique, mardi 2 octobre, sa décision sur le Burundi. Les avis de la classe politique burundaise quant aux différentes recommandations formulées sont partagés.
La lecture des conclusions de la 794ème réunion de l’Union Africaine (UA) est loin de faire l’unanimité chez les politiques burundais. Tenue le 19 septembre dernier, cette rencontre s’est soldée notamment par la «réaffirmation» du soutien de cette organisation à la médiation de la communauté Est-africaine dans le dialogue inter burundais. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA invite ainsi les «parties prenantes» à participer au 5ème round des pourparlers inter-burundais. La facilitation annonce le dialogue du 19 au 24 octobre.
Cet organe de l’Union Africaine dit «prendre note de la paix et la stabilité» prévalant au Burundi. Sur ce, il décide de réduire l’effectif d’observateurs des droits de l’Homme et des militaires. Et il appelle l’Union européenne à «lever les sanctions imposées au Burundi», en vue du redressement socio-économique.
Au sein du parti Sahwanya Frodebu, cette décision suscite l’indignation. Léonce Ngendakumana, vice-président de parti, appelle l’Union africaine à «reconnaître son échec» dans la crise burundaise. Pour lui, l’UA ne soutient pas le processus de dialogue inter-burundais. Si cela était le cas, dit-il, le processus aurait déjà réussi.
«Une façon de distraire»
Cet ancien président de l’Assemblée nationale explique que l’Union européenne n’a pas pris de sanctions contre le Burundi. Elle a suspendu son aide directe au gouvernement. «S’ils étaient de bonne foi, ils auraient exhorté Bujumbura à respecter les engagements pris dans les conventions de partenariat pour mériter l’appui de l’UE».
Pour M. Ngendakumana, la décision de ce conseil sur le Burundi ne pouvait être que celle-là. D’autant plus que, dit-il, les pouvoirs dans la majorité des pays membres de l’UA sont semblables à celui du Burundi. «Cette décision n’est qu’une façon de nous distraire pour que nous restions dans l’espoir».
Quant à la réduction des observateurs des droits de l’homme, Léonce Ngendakumana y va sans détours : «Qu’ils soient plutôt tous retirés car ils ne font pratiquement rien». Il s’en tient aux rapports des commissions d’observateurs de l’ONU : «Les choses vont de mal en pis mais ces observateurs de l’UA ne rapportent rien».
M. Ngendakumana affirme n’être au courant de ce 5ème rendez-vous du dialogue qu’à travers ce communiqué de l’UA. Son parti n’a pas encore été notifié quant à sa participation.
De son côté, Abel Gashatsi, président du parti Uprona se dit satisfait par la décision. Les conclusions du conseil correspondent à la situation prévalant au pays.
M. Gashatsi rappelle notamment que les sanctions prises à l’endroit du Burundi par l’UE n’avancent en rien les Burundais. «Ainsi, la requête de levée des sanctions formulées par le Conseil colle bien avec les préoccupations de l’Uprona»
D’après Abel Gashatsi, son parti a déjà reçu l’invitation pour le 5ème round des pourparlers. Cette session a été confirmée par Macocha Tembele, assistant du facilitateur dans le dialogue inter-burundais, via son compte Twitter.