Jadis théâtres d’affrontements entre les jeunes affiliés aux partis politiques, surtout ceux du Cnl et du Cndd-Fdd, ces communes recouvrent peu à peu l’accalmie, assurent certains leaders politiques. Mais pour le Cnl, la situation reste explosive.
« Aujourd’hui la situation est calme. Chacun vaque à ses activités quotidiennes dans la quiétude totale », se réjouit Ferdinand Simbananiye, administrateur de la commune Nyabiraba. Néanmoins, cette autorité communale se dit être étonné par l’attitude affichée par ses administrés après les élections.
« Après les élections, deux choses m’ont frappé. Une période d’un mois et demi s’est écoulée sans aucun citoyen n’entre dans le bureau communal pour exposer l’un ou l’autre problème, ou demander un document ». Et de se poser mille et une questions sur cette attitude. C’est la peur des uns et des autres qui les en ont empêchés, estime-t-il, suite aux injures que les membres des différents partis politiques s’étaient lancés pendant la période électorale. Il pense que les uns et les autres auraient été bouleversés par le verdict des urnes.
Les activités des partis politiques sont au ralenti
M. Simbananiye fustige le ralentissement des activités des formations politiques. D’après lui, certains partis politiques commencent à effacer leurs noms sur les permanences et en arrivent même à fermer ces dernières. Les activités des partis politiques sont quasi inexistantes. Les raisons seraient qu’ils louaient des maisons. Et vu que les activités politiques diminuent, ils remettent ces maisons. Et de donner l’exemple des partis Uprona, Fnl et même d’autres partis qui ont fermé leurs permanences et les ont remises à leurs propriétaires.
Même constat du côté du parti Uprona et celui de l’Aigle. Thédiane Hakizimana, présidente de l’Uprona dans la commune Nyabiraba, indique que son parti mène une bonne cohabitation avec d’autres formations politiques, notamment le parti au pouvoir. Interrogée sur les permanences fermées, elle explique que son propriétaire l’a réclamée pour y exercer d’autres activités. Elle écarte le problème de trésorerie. « Nous étions obligés de la lui remettre ».
Quant au ralentissement des activités du parti, elle indique que les militants s’attèlent, pour le moment, aux travaux communautaires et qu’après ils échangent sur la vie du parti.
Désiré Havyarimana, président du Cndd-Fdd, parle d’un climat apaisé. Comme en témoigne le climat d’entente et de débat contradictoire qui caractérise les débats entre le parti au pouvoir et le Cnl lors des réunions du conseil communal. Et de regretter que certains partis politiques ne font plus signes de vie : «Nous les invitons à reprendre leurs activités. La vie des partis ne se limite pas aux seules élections.»
Une accalmie mais…..
« On a observé une accalmie, après les élections », indique J.M., enseignant et membre du Cnl dans la commune Nyabiraba. Pour lui, ce calme reste éphémère vu les agissements des membres du parti au pouvoir. « Les choses commencent à changer. Le parti au pouvoir veut enrôler les membres du Cnl par force. Ils sont intimidés ». Il dénonce une discrimination qui commence à s’installer. « Nous, en tant qu’enseignants, nous ne pouvons pas bénéficier d’un séminaire de formation, encore moins d’aucun autre avantage. Ils disent qu’ils vont nous priver de tout afin que nous finissions par nous rendre ».
Une autre chose inquiétante, ajoute cet enseignant, est en rapport avec les Imbonerakure qui ont repris les rondes nocturnes. « Ces jeunes en profitent pour malmener et rançonner les gens. La situation reste explosive, car il y a risque de résurgence d’un mauvais climat».
Un clin d’œil
L’administrateur de la commune Nyabiraba appelle les différents membres des formations politiques à la retenue : « Nous lançons un appel aux responsables des partis politiques à faire un examen de conscience, à voir d’où vient le Burundi avec les crises qu’il a traversées et voir où nous en sommes ». Il invite leurs militants à ne pas tomber dans la spirale de la violence qui a endeuillé le pays. Pour lui, les militants doivent comprendre qu’il y a toujours un perdant et un gagnant dans toute compétition.
Pour lui, les élections auront toujours lieu. Il promet de renforcer la cohabitation pacifique. Il interpelle les jeunes affiliés aux partis politiques de ne pas prêter l’oreille à ceux qui veulent les manipuler, mais de s’atteler aux travaux de développement. « Ce ne sont pas les partis politiques qui vont les faire vivre. Qu’ils mettent en avant l’intérêt du pays et non celui de leurs partis ».
Quid de la commune Kanyosha ?
Ladislas Baziruwiha, conseiller technique chargé de l’administration et des affaires sociales dans la commune Kanyosha, affirme que la situation est calme : « Même si on n’a pas encore tenu une réunion avec les responsables des partis politiques pour évaluer la situation post-électorale, les informations qui nous parviennent font état d’un climat apaisé ». Selon lui, la population s’attèle aux travaux champêtres. Les partis politiques observent un silence. La cohabitation est une réalité.
« Notre commune est un modèle à suivre. C’est la seule commune où quatre partis politiques siègent au conseil communal à savoir le Cndd-Fdd, le Cnl, Sahwanya Frodebu et le Fnl ».
Il indique qu’il n’y a pas d’affrontements entre les jeunes et invite les responsables des partis politiques à les encadrer, tout en martelant « la paix n’a pas de prix ».
«Le voisinage est bon entre les partis politiques », se réjouit D.B., un des responsables du parti Cnl dans la commune Kanyosha. Il parle d’un climat apaisé après les élections. « L’histoire récente nous a montré que le climat électrique s’observe, chaque fois, avant et pendant les élections ». Il interpelle ses militants d’éviter toute provocation. Il invite l’administration à faire preuve de vigilance tout en évitant le « deux poids, deux mesures ».