L’administration communale demande aux habitants de la sous colline Kayange à Mutambara d’aller s’installer à Makombe conformément à l’accord conclut avec le bureau de l’ombudsman. Ceux-ci refusent de s’exécuter et dénoncent des menaces à leur encontre.
<doc6528|left>Avec colère, P.M., un habitant la localité de Kayange, à 3 kilomètres du chef-lieu de la commune Rumonge, confie : « Nous ne quitterons jamais nos parcelles car nous les avons acheté en bonne et du forme. »
Selon lui, depuis qu’ils ont porté plainte à la Cour Administrative, le 3 août dernier, contre l’administrateur communal pour destruction des biens, aucun jour ne se passe sans qu’il les menace d’expulsion.
La dernière menace en date, se souvient ce père de famille, est survenue la semaine passée quand leur chef de quartier, un certain Kashindi, est venu leur dire que malgré leur plainte, ils doivent quitter les lieux dans les meilleurs délais : « Il nous a signifié que nous devons avoir quitté les lieux, avant la fin de l’année, de gré ou de force, sur ordre de l’administrateur communal. »
Plus encore grave, selon P.M, l’administrateur communal propage des mensonges selon lesquels les habitants de Kayange ont perdu devant la justice, alors qu’il n’y a pas encore eu de procès.
|L’administrateur communal a aménagé 150 parcelles dans la localité de Makombe au mois de septembre pour [les habitants de Kayange dont les maisons ont été détruites en 2011->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article961]. Sur 50 familles, les plus vulnérables, qui ont accepté de s’y rendre, 43 y vivent déjà. Le reste des habitants dénonce un plan pour les exproprier afin de vendre leurs parcelles aux particuliers.|
« L’administrateur communal a peur du procès »
Pour Hassan Ntibahezwa, un des représentants de ces habitants, cela démontre que l’administrateur communal ne veut pas que l’affaire aille jusqu’au procès car ils l’ont accusé d’avoir détruit leurs biens et demandé d’être indemnisés. « Son souhait est de nous voir partir avant le procès pour que la justice ne fasse pas son travail », souligne-t-il.
D’après toujours Hassan Ntibahezwa, l’administrateur communal est en colère car ces habitants ont refusé de se rendre dans la localité de Makombe où des parcelles ont été aménagées pour les familles vulnérables de Kayange. L’administrateur communal veut faire un amalgame car, selon lui, les 26 familles, qui ont accepté d’aller vivre à Makombe, n’avaient pas le droit de rester à Kayange car elles occupaient des parcelles d’autrui. « Après les destructions de 2011, les vrais propriétaires sont venus reconstruire leurs maisons et les ont occupées », signale-t-il.
Ce qui est désolant, déplore-t-il, c’est que même après le départ de ces familles, il y a un mois, l’administration ne leur a pas encore donné des tôles comme promis.
Et de conclure que pour les habitants de Kayange dont les maisons ont été brûlées par des policiers sur ordre de l’administration, il est hors de question de quitter leurs parcelles parce qu’ils ont des papiers qui attestent qu’elles leur appartiennent.
« Toutes ces allégations sont fausses »
Gérard Ndikumana, administrateur communal de Rumonge, réfute ces allégations qu’il qualifie de mensongères : « Je n’ai aucune envie ou la possibilité de freiner l’action de la justice. »
Gérard Ndikumana confie s’être expliqué devant la Cour Administrative. Selon lui, il trouve déplacé la plainte contre lui, car l’ordre de brûler leurs maisons en mai 2011 est venu de Gloriose Nimenya, gouverneur de Bururi, comme l’atteste la lettre qu’elle a adressée au commissaire provincial de police 14 avril 2011.
Quant à leur refus de s’installer à Makombe, le numéro un de Rumonge indique qu’il y va de leur intérêt : « Ils ont le droit de refuser notre offre, mais le problème c’est que dans deux semaines, nous donnerons ces parcelles à d’autres personnes. Et ce sera fini pour eux. »
|Pour le bureau de l’ombudsman et l’administration de Rumonge, Makombe est une solution alternative, urgente et humanitaire pour secourir les sans abris de Kayange en attendant la résolution définitive du conflit foncier opposant les citoyens du site Kayange à l’Administration provinciale de Bururi. Quant la question de savoir qui, des citoyens ou de l’Administration, a le droit de propriété à Kayange, elle a été déferrée devant les cours et tribunaux par les représentants des citoyens de Mutambara.|