Un enfant de la communauté batwa est mort après avoir mangé de la pate dans un ménage au retour de l’école. Ses parents évoquent un probable empoisonnement par l’épouse d’un certain Mani. La tension est vive entre cette communauté et le reste de la population.
L’histoire remonte au lundi 25 novembre. Rugonumugabo et Kwizerimana, deux écoliers de la communauté batwa, rentrent de l’école comme à l’accoutumée. En cours de route, ils passent chez un certain Mani qui leur demande de lui chercher du bois de chauffage en échange de 1500Fbu. Les deux écoliers acceptent l’offre.
A la fin, la rémunération est tout autre. La pâte de manioc les attendait. Pas de choix pour les deux gamins. Leur maman est hospitalisée et à la maison il n y a pas mieux comme repas. Ils se lavent les mains et terminent la petite assiette en un temps record. L’histoire des 1500fbu est vite oubliée.
Mardi matin. Kwizerimana se réveille avec beaucoup de douleurs abdominales. Il vomit. Quelques minutes après, il rend son âme. Rugonumugabo est vite acheminé au centre de santé pour l’épargner du même sort. Vite, la famille du défunt et la population batwa avoisinante se solidarisent et se précipitent pour aller traquer Mani. Mais pour eux, c’est sa femme qui vient de commettre l’irréparable. C’est elle qui a servi le « fatal » repas à aux enfants, accusent-ils.
Malheureusement, ils ne trouvent personne chez Mani. Toutefois, ils alertent la police, qui se met ensuite à la recherche du présumé meurtrier. Plus tard dans la journée, les hommes en uniformes parviennent à mettre la main sur Mani. La communauté batwa apprend la nouvelle et exigent l’arrestation aussi de l’épouse « sorcière ». « Kubwimana, la femme de Mani, doit être également appréhendée. C’est elle la vrai coupable », réclame-t-elle devant les policiers. Ceux-ci commencent à considérer ces batwa non plus comme ceux qui viennent demander secours, mais plutôt des fauteurs de trouble. La police leur intime l’ordre de regagner leurs domiciles, mais en vain. Le bras de fer s’engage. Dans la foulée, quinze hommes batwa sont arrêtés.
Réactions et revendications
Pour le commissaire provincial de police, la situation doit redevenir normale, dans les brefs délais. « Nous sommes en train de voir comment rétablir des relations normales entre la communauté batwa et le reste de la population », précise-t-il. Entretemps, poursuit le commissaire, des enquêtes sont en cours pour établir les responsabilités.
Précisons que, jusqu’à présent, Kwizerimana n’est pas encore enterré. Son corps est toujours gardé au centre de santé alors qu’il n’a pas de chambre froide. Les batwa réclament une autopsie avant l’enterrement et la libération immédiate des leurs qui sont détenus au poste de police, sous peine de boycotter toute tentative de médiation.