Torture morale et psychologique, extrême pauvreté, non accès à la propriété. Quelques maux qu’endure Mme Léocadie Bampendubwenge au quotidien. Elle dénonce l’inaction de l’administration communale qui n’applique pas les décisions judiciaires et administratives prises en sa faveur.
« Je n’ai plus accès à mes propriétés. Quand je cultive, la concubine m’en empêche. Je n’ai pas droit au soleil. Je suis fatiguée et dépassée par les événements », se lamente Léocadie Bampendubwenge. Son calvaire n’en finit pas malgré toutes les décisions judiciaires et administratives qui la rétablissent dans ses droits conjugaux.
« Les décisions prises par les autorités judiciaires et administratives restent lettre morte », s’indigne-t-elle.
Elle dit être toujours menacée par la rivale tout en dénonçant l’inaction de l’administration collinaire et communale : « Je veux la paix et la liberté. Je me suis confiée à l’administration communale et collinaire mais jusqu’à présent ses autorités font la sourde oreille. »
« SOS pour maman »
Evangéline Nshimirimana, fille et unique enfant de Léocadie Bampendubwenge, épingle aussi l’inaction des autorités communales et collinaires : « Les enfants de la seconde femme se sont accaparés des biens familiaux. Nous avons sollicité l’intervention du chef collinaire, en vain ». Elle ne comprend pas pourquoi la rivale continue à cohabiter avec sa maman alors que l’autorité judiciaire et provinciale avaient ordonné que cette seconde femme quitte le toit conjugal.
« Nous demandons que ma mère soit rétablie dans ses droits conjugaux et que la seconde femme soit chassée », plaide-t-elle, tout en s’interrogeant : « L’administrateur a toutes les prérogatives. Pourquoi n’intervient-il pas ? »
Par ailleurs, elle demande que sa mère recouvre ses droits matrimoniaux et qu’elle soit encore une fois enregistrée dans les registres de l’état civil.
Elle fait savoir, qu’elle et sa maman, se sont rendues à la commune Kanyosha où a été enregistré le mariage. Objectif, tient-elle à préciser, s’enquérir des modalités et des procédures pour le réenregistrement de sa maman dans le registre d’actes de mariage. « Les agents de l’état civil n’ont pas daigné nous recevoir », se désole-elle.
Et de faire remarquer : « Du moment que mon père a avoué la faute d’avoir déclaré ma mère morte devant l’autorité judiciaire et provinciale alors qu’elle est encore en vie, qu’est-ce qui empêcherait qu’elle soit réenregistrée ? »
Pour elle, il y va de la protection de sa mère pour éviter d’autres ennuis dans l’avenir. « Nous demandons à ce que, témoins présents, ma mère soit encore enregistrée dans les registres d’actes de mariage ».
L’autorité communale est au courant
« Nous sommes au courant du dossier de cette femme. Son mari, Barthélemy Bangirinama, a contracté deux mariages légaux quand la colline Kinyami était dans la commune Kanyosha, et ceci en violation de la loi », fait-savoir Michel Mpitabakana, administrateur de la commune Nyabiraba. Et de préciser qu’il a appris que la seconde femme cohabite avec la première. Il reconnaît que Léocadie Bampendubwenge est sous la torture morale et psychologique par le fait de cohabiter avec sa rivale.
« J’ai ordonné au chef de colline de dire à M. Bangirinama d’aller établir la seconde femme ailleurs et c’est ce que réclame la première femme », informe-t-il.
Cette autorité fait savoir qu’il ignore si le chef collinaire a déjà mis en application son instruction.
« Je n’ai pas encore fait une descente sur cette colline. Mais qu’à cela ne tienne, si M. Bangirinama ne s’est pas encore exécuté, je vais user de mes prérogatives. Et si la force s’avère nécessaire, je vais l’appliquer », promet-il.
Iwacu a essayé de contacter Acapite Ngendahonankwa, chef de colline Kinyami, pour savoir pourquoi il n’a pas encore exécuté la mesure prise par l’autorité communale, en vain.
Pour rappel, le Tribunal de Grande Instance de Bujumbura, siégeant à Kabezi en matière civile et en audience publique en date du 26/01/2017, a ordonné que Léocadie Bampendubwenge regagne le toit conjugal. Il a exigé à Barthélemy Bangirinama de chercher où établir sa seconde femme Angèle Ndibwanabo.
Par ailleurs, saisi par le procureur de la République de Bujumbura, le tribunal de résidence de Nyabiraba, siégeant en matière pénale et en audience publique en date du 17 mai 2018, a déclaré sieur Barthélemy Bangirinama coupable d’avoir contracté un mariage illégal avec Angèle Ndibwanabo et il lui a infligé une amende de 100.000 BIF.
En date du 7 février 2018, le tribunal de résidence de Nyabiraba, procédant à l’exécution du jugement, a décidé l’expulsion de Mme Angèle Ndibwanabo, seconde épouse illégale de Barthélemy Bangirinama.
En outre, saisi par Mme Bampendubwenge, Désiré Nsengiyumva, gouverneur de Bujumbura, a pris la décision N°531.02/58 du 3 mai 2022 d’annuler le second mariage illégal ayant eu lieu entre Barthélemy et Angèle Ndibwanabo.